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11·09·18

Personnages « infréquentables » au sein de la police: le cruel dilemme de Jan Jambon

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

CC2.0 mangopulp2008 via Flickr

 

 

Ludovic Pierard
Traducteur⸱trice Ludovic Pierard

« C’est tellement gros qu’on ne peut y croire », a déclaré samedi Jan Jambon (N-VA), ministre des Affaires étrangères. C’est pourquoi nous avons décidé de publier des extraits de lettres d’admission à la formation de base de la police, qui mentionnent aussi les antécédents des candidats. Conduite sous l’influence de la cocaïne, de speed et d’ecstasy, vandalisme, coups et blessures, proches de combattants en Syrie, comportement mensonger. Pourtant, sous peu, ces femmes et ces hommes termineront leur formation, puis ils pourront porter des armes et user de contrainte dans l’exercice de la puissance publique. Nous devrons alors compter sur leur intégrité et leur sens de la justice. Bien entendu, tout le monde a droit à une deuxième chance. Mais de préférence comme boulanger, pas comme agent.

Jan Jambon est face à un dilemme cruel. Quelle est la plus grande menace pour la sécurité : une pénurie d’effectifs ou un excès d’incompétents ? La police fédérale et les corps locaux souffrent d’un manque criant d’agents, estimé à 3700 unités, qui met en péril la fonction la plus essentielle de l’État. Si un attentat est perpétré, les militaires doivent se déployer en rue pour aider à sécuriser l’espace public. Si des transmigrants se dispersent, la police doit renoncer à les poursuivre pour les arrêter. Certaines nuits, une seule patrouille surveille les autoroutes pour des provinces entières. Cette pénurie n’est pas neuve, elle est l’héritage d’une décennie d’économies sur les engagements. Mais les attentats de 2016 nous ont obligés à sortir la grand-voile. Le gouvernement a communiqué abondamment sur sa nouvelle priorité : la sécurité. 600 millions d’euros ont été dégagés et 30 mesures ont été prises. Tout devait être résolu.

Cette pression politique insoutenable retombe sur les épaules des recruteurs. On dénombre actuellement un tiers de candidats en moins qu’il y a quatre ans. Pourtant, le pourcentage de réussite a doublé. Et ce n’est pas parce que les aspirants qui se présentent aujourd’hui seraient subitement devenus brillants et loyaux. Nombreux sont ceux parmi les recruteurs et les corps de police qui se plaignent que, désormais, les personnes qui rejoignent leurs rangs ne sont pas assez réfléchies, motivées et fidèles à l’État pour remplir cette fonction.

C’est un coup dur porté à l’image de la police. Mais c’est surtout un exemple flagrant de la crise de confiance qui mine les autorités. Regardez l’armée, qui rencontre tant de difficultés à recruter. Ou l’enseignement. Nos classes devraient pourtant être confiées aux personnes les plus compétentes et les plus motivées.

De nos jours, les fonctions d’autorité ne font plus rêver. Qui veut encore en assumer ? Mais cette crise est surtout le résultat de décennies d’association persistante de la notion d’autorité avec celles de « superflue », « à réduire de toute urgence » et « impuissance ». Et c’est ainsi que, finalement, des personnages « infréquentables » se faufilent jusqu’au rang de fonctionnaire autorisé à porter une arme.

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