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Obligeons nos politiciens à déclarer sous serment leurs liens avec des régimes autocratiques
12·04·22

Obligeons nos politiciens à déclarer sous serment leurs liens avec des régimes autocratiques

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

Image by Gerd Altmann from Pixabay

Dominique Jonkers
Traducteur Dominique Jonkers

Et si on obligeait nos mandataires à déclarer — sous serment — les liens qu’ils entretiennent avec des régimes autocratiques ?

Marine Le Pen, candidate à l’élection présidentielle française, a donc gagné son ticket pour le second tour, où elle affrontera le président Emmanuel Macron. Il y a peu encore, en campagne, la candidate faisait étalage de ses liens d’amitié avec le président russe Vladimir Poutine — aujourd’hui accusé de crimes de guerre en Ukraine. C’est d’ailleurs par l’entremise de celui-ci que le Rassemblement National avait obtenu d’une banque russe des crédits d’un montant total estimé à 9 millions d’euros.

Accepter un prêt de quelqu’un, c’est se faire son obligé. Les Français veulent-ils demain, à l’Élysée, un(e) élu(e) qui préfère le modèle autocratique du Kremlin aux modèles démocratiques de l’UE et de l’OTAN ? C’est une question qu’Emmanuel Macron et les autres candidats à cette élection n’ont pas assez posée. C’est même une question qui semble préoccuper bien moins certains électeurs français que le prix de la baguette ou du carburant. Cette constatation devrait nous inquiéter, nous aussi.

Quand le régime de Poutine soutient l’extrême droite en Europe

Aujourd’hui, la guerre en Ukraine empêche encore l’électeur belge de dormir. Mais sera-ce toujours le cas en 2024 ? L’érosion du pouvoir d’achat risque-t-elle de devenir, comme en France aujourd’hui, une raison d’élire des partis radicaux, en dépit de leurs liens idéologiques ou financiers avec Vladimir Poutine ?

Le Parlement européen a mis en place une Commission spéciale sur l’ingérence étrangère. Après enquête, celle-ci a sévèrement critiqué certains mandataires politiques qui tirent profit de régimes autocratiques. Il est grand temps que notre parlement fédéral et nos parlements régionaux créent des commissions similaires, afin que l’électeur sache exactement qui s’est laissé influencer par qui — ou non.

« On n’a pas encore tout dit sur les relations qui lient le Vlaams Belang au gouvernement Poutine. »

En particulier, on n’a pas encore tout dit sur les relations qui lient le Vlaams Belang au gouvernement Poutine. Aujourd’hui, le président Tom Van Grieken prend ouvertement ses distances à l’égard du conseiller communal malinois Frank Creyelman, dont les liens avec le Kremlin remontent à plusieurs années. Mais c’est là une prise de conscience bien tardive.

Depuis huit ans, en effet, une guerre sanglante fait rage dans le Donbass, où de nombreux Ukrainiens sont morts dans les tranchées, tués par des balles russes. En 2015 (donc après l’annexion de la Crimée et après le crash du vol MH17), Filip Dewinter, haut dignitaire du parti rencontrait à Moscou, un large sourire aux lèvres, Sergueï Narychkine, qui était à l’époque le président de la Douma.

À peine un an plus tard, M. Narychkine prenait la tête du SVR, le Service des renseignements extérieurs de la Fédération de Russie. Le SVR travaille en étroite collaboration avec la Direction générale des renseignements (GRU) de l’État-Major des Forces armées, qui est largement considéré comme responsable de l’empoisonnement d’Alexandre Litvinenko, de Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia, et d’Alexeï Navalny.

Une Europe unifiée de Vladivostok à la mer du Nord: le rêve brisé du Vlaams Belang

Bien entendu, les autres partis seraient tenus eux aussi, devant une Commission sur les ingérences étrangères, aux mêmes obligations de transparence sur leurs liens avec des régimes autocratiques — et pas seulement avec la Russie ou la Chine. Chacun devrait déclarer, sous la foi du serment, les relations qu’il entretient avec des régimes autocratiques, pour que l’électeur puisse effectuer en 2024 un choix informé.

Heureusement, il nous reste deux ans pour mener ce débat et alimenter notre mémoire historique. En France, il ne reste que deux semaines.

 

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