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18·03·20

Nous, citoyens, héros d’un jour ou de tous les jours

Temps de lecture : 4 minutes Crédit photo :

Photo by Gabriel Bassino on Unsplash

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Infatigables et dévoués, tous donnent le meilleur d’eux-mêmes, avec professionnalisme et sens du devoir. Ils nous réchauffent le cœur. Mais le pire reste à venir. La capacité de résistance de notre pays, dans son ensemble et par la somme de ses individualités, sera mise à rude épreuve dans les prochains jours.

Même en imaginant les réduire à leurs initiales, tous ne tiendraient pas sur une double page de journal. Littéralement innombrables, ces petits et grands héros de notre quotidien, tantôt dans la lumière, le plus souvent dans l’ombre. Les grands, qui soignent les malades et préservent les autres de la contamination. Les petits, qui permettent au pays de continuer à fonctionner, nous guidant avec précaution à travers les premières turbulences, avant que nous n’ayons – demain – à traverser un potentiel ouragan.

Rendons-leur hommage. Applaudissons-les, depuis notre balcon

Du baume au cœur. Voilà ce qu’ils nous mettent, ces citoyens, infatigables et dévoués, qui donnent le meilleur d’eux-mêmes, avec professionnalisme et sens du devoir. Qu’ils reçoivent notre reconnaissance. Rendons-leur hommage. Applaudissons-les, depuis notre balcon, comme d’autres le font en Italie. Sans oublier de nous autocongratuler, nous, leurs semblables, êtres pensants responsables. Car il n’a jamais été aussi facile de faire preuve d’héroïsme. Il nous suffit de rester cloîtrés à la maison, seule marque de civisme dont nous devons faire preuve pour faire pencher la balance entre la vie et la mort.

Même s’il était possible de dresser la liste complète de tous les professions qui apportent aujourd’hui une contribution utile à la société, nous manquerions de place. Littéralement innombrables, ces métiers à travers lesquels toutes et tous apportent leurs contributions. Petites, certes, mais grande lorsqu’elles sont mises bout à bout. Tenter de les énumérer serait risquer d’en oublier. À commencer par la première ligne, les soldats du front. Médecins, infirmiers et infirmières, aides-soignants, dans les hôpitaux et les maisons de repos, à domicile, au chevet des malade, dans leur cabinet, derrière une vitre, au bout d’un téléphone. Y compris tous ces retraités et retraitées, de soixante, septante ans parfois, qui ont repris du service, par vocation. Virologues, pneumologues, cardiologues, psychologues. Enseignantes en ligne. Réassortisseurs de rayons. Caissiers. Emballeurs. Livreurs à domicile. Pharmaciens et pharmaciennes. Aide-ménagères. Eboueurs. Services d’urgence. Centres de crise. Agitation. Panique à bord. Au bord du gouffre. Mais avec le cœur.

N’oublions pas non plus les coulisses. Les salles de réunion où on garde la tête froide

Voilà pour le devant de la scène. N’oublions pas non plus les coulisses. Les salles de réunion où on garde la tête froide, avec bon sens et empathie. Managers et cheffes d’équipe, qui font tout pour limiter la casse, pour sauver leur entreprise et la vie de famille de leurs employés. Des délégués syndicaux qui font passer l’humain avant le gain.

Et les politiques, aussi, même si certains, englués dans leurs idéologies, emberlificotés dans leurs stratagèmes, sont montrés du doigt. Le scepticisme est en effet permis, mais le gouvernement de Sophie Wilmès mérite, lui, au moins le bénéfice du doute. Tandis que les grands penseurs de la politique restent muets, Wilmès redonne confiance à tout un pays, y compris en Flandre. Elle est aussi bien entourée. Geens, De Croo, De Crem, De Block : les coyotes et les cyniques pourront ricaner, mais en matière de QI et de QE, de savoir-faire et de bon sens politiques, je pourrais vous en citer, d’autres quatuors qui ne leur arrivent pas à la cheville. Aujourd’hui, le pays est fermé à double tour. En lockdown. On nous impose de lui faire confiance, aveuglément. Bonne chance, madame Wilmès. Courage.

Bonne chance, madame Wilmès. Courage.

Mais ne nous berçons pas d’illusions : le pire reste à venir. Jusqu’ici, notre solidarité a quelque chose d’idyllique. Ce midi, alors que le soleil dardera ses premiers rayons printaniers, nous déboucherons une bouteille de rosé, achetée à la hâte hier au supermarché. Et en reposant le troisième verre, nous en conclurons que, tout compte fait, cette crise du coronavirus n’est pas si difficile à vivre. Ne nous trompons pas. Le déluge s’annonce. Le virus n’atteindra sa pleine intensité que la semaine prochaine. Aujourd’hui, tout le monde est encore zen, mais l’engrenage connaîtra de plus en plus de ratés. Çà et là, les plombs se mettront à sauter, les uns après les autres. La fatigue va s’intensifier, l’irritabilité aussi. Des enfants qui geignent, des seniors désemparés. Des chômeurs économiques, des factures qui s’accumulent. La solidarité fait plaisir à voir, mais la capacité de résistance de notre pays, dans son ensemble et par la somme de ses individualités, sera mise à rude épreuve dans les prochains jours.

Le pire reste à venir.

Il y a trois semaines, ce coronavirus était encore inconnu de tous. Aujourd’hui, chacun compte dans son entourage un, deux, cinq, parfois dix malades. Demain, ils seront vingt. Après-demain, cinquante. À la fin de la semaine prochaine, nous connaitrons tous au moins une personne entre la vie et la mort aux soins intensifs. Et d’ici début avril, au jour où le départ du Ronde van Vlaanderen aurait dû être donné, « La plus belle des Flandres », chacun d’entre nous connaîtra au moins une personne tuée par le Covid-19. Virus imprévisible, à l’exception de la mort qu’il sème. Virus auquel nous ne pouvons plus échapper.

David Bowie chantait en 1977 « We can be heroes, just for one day ». L’héroïsme d’un jour est à la portée de tous. Insufflons-nous du courage. Faisons tout ce qui est en notre pouvoir. Chaque jour, depuis notre pré carré.

 

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