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Non, Bruxelles n’a pas oublié le néerlandais
03·05·21

Non, Bruxelles n’a pas oublié le néerlandais

Sven Gatz est Ministre bruxellois des Finances, du Budget, de la Fonction publique et de la Promotion du multilinguisme (Open VLD). Il répond à Luckas Vander Taelen, suite à son opinion de la semaine dernière sur l’emploi des langues à Bruxelles.

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Crédit photo: PixelAnarchy via Pixabay

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Sven Gatz s’engage en faveur du multilinguisme à Bruxelles, mais cela ne signifie pas qu’il n’investit plus dans le néerlandais.

Dans sa tribune, Luckas Van der Taelen me range comme un flamand de Bruxelles, qui considérerait la législation sur l’emploi des langues sans importance (DS 27 avril). Il le fait sur la base de quelques tweets sortis de leur contexte et d’un procès d’intention, soit. En tant qu’homme politique en région bruxelloise, vous devez avoir le dos large. C’est comme ça, apparemment.

Je ne suis pas entré en politique pour faire du statu quo. Une très grande partie de mon parcours au sein des institutions au cours du dernier quart de siècle a porté sur la langue à Bruxelles. Et le néerlandais en particulier. Tant mes amis que mes ennemis le savent.

Lorsque, dans les années 1990, Vic Anciaux et moi-même avons constaté qu’il était très difficile de respecter la législation sur l’emploi des langues dans la capitale, nous avons cherché des solutions. Le problème ne résidait et ne réside toujours pas dans les services régionaux, où le bilinguisme est assuré par un cadre linguistique de fonctionnaires francophones et néerlandophones, où le service dans son ensemble fournit un service bilingue, et non les fonctionnaires eux-mêmes. Pendant des décennies, le nœud du problème est lié aux pouvoirs locaux : les communes (y compris la police) et les CPAS où la législation sur l’emploi des langues stipule que non pas le service mais le fonctionnaire lui-même doit être bilingue. Un meilleur point de départ, certes, mais plus difficile à atteindre dans un pays qui, malgré l’enseignement de l’autre langue nationale dès l’école primaire, ne produit pas de citoyens suffisamment bilingues. Nous avons donc mis au point l’accord de courtoisie linguistique : s’il n’y avait pas de preuve suffisante de bilinguisme au moment du recrutement, un fonctionnaire pouvait passer le test linguistique même après un an de service. Les ministres francophones du gouvernement bruxellois l’ont accepté à l’époque, mais la circulaire officialisant l’exigence linguistique a été cassée au Conseil d’État. A l’initiative du … Mouvement populaire flamand, bien sûr.

Et maintenant, nous entrons dans le vif du sujet. La loi fédérale sur la législation de l’emploi des langues datant de 1966 n’est pas à l’épreuve du temps. La différence entre le personnel statutaire et le personnel contractuel n’est pas claire non plus et n’est pas pleinement appliquée. Dans n’importe quel autre pays, on aurait eu la perspicacité et la volonté de moderniser, de polir et d’améliorer cette loi, avec pour objectif : comment fournir un meilleur service bilingue au citoyen ? Ce n’est pas le cas dans notre pays. De nombreux Flamands trouvent plus confortable de continuer à répéter le mantra « la loi est la loi », en sachant que l’application d’une loi imparfaite à Bruxelles est laissée entièrement à un groupe beaucoup plus petit de Flamands à Bruxelles.
Je voudrais dissiper un éventuel malentendu : en tant que Bruxellois néerlandophones, nous souhaitons être et rester des partenaires de la Communauté flamande, mais nous ne sommes pas votre ligne d’attaque. Si l’on trouve que la législation sur l’emploi des langues à Bruxelles ne fonctionne pas assez bien, il faut faire quelque chose au niveau où les Flamands ont un pouvoir réel et où la loi a été et est faite : à la Chambre des représentants. Et intégrer, par exemple, l’accord de courtoisie linguistique dans cette loi. L’imagination et le courage sont toujours une bonne combinaison politique.

Et n’oubliez pas que depuis longtemps, Bruxelles n’est pas bilingue mais multilingue. Le français, le néerlandais et l’anglais sont de loin les langues les plus parlées, selon le Taalbarometer ( baromètre scientifique des langues) de la VUB. En tant que ministre bruxellois du multilinguisme, je m’y engage pleinement. Sans oublier le néerlandais, bien au contraire : jamais dans l’histoire autant d’enfants bruxellois n’ont été scolarisés dans l’enseignement néerlandophone, jamais autant d’adultes en Région de Bruxelles-Capitale n’ont été formés par la Huis van het Nederlands. Il s’agit d’investir dans le néerlandais et dans le multilinguisme. Ces années d’efforts soutenus de Hugo Weckx, Rufin Grijp, Guy Vanhengel, Jean-Luc Vanraes et de votre serviteur font au moins autant de différence que la législation sur l’emploi des langues.

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