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Mort d’un bébé dans une crèche : pourquoi le ministre en charge se doit de démissionner
15·03·22

Mort d’un bébé dans une crèche : pourquoi le ministre en charge se doit de démissionner

En février dernier, une petite fille de six mois qui avait été grièvement blessée alors qu’elle se trouvait dans une crèche de Mariakerke, une commune de Gand, a succombé à ses blessures. L’autopsie du corps de l’enfant a révélé que la victime a succombé au syndrome du bébé secoué. Depuis, le parquet de Flandre orientale et la police ont procédé à une perquisition au siège de Kind en Gezin (équivalent de l’ONE en Flandre). Le père de la gérante de la crèche a été arrêté et maintenu en détention. De son côté, le ministre flamand du Bien-être Wouter Beke (CD&V) a dû faire face à un vent de critiques lors d’un débat consacré à l’accueil de la Petite enfance au Parlement flamand. Il est par ailleurs apparu que lors des semaines précédant le drame, plusieurs parents avaient appelé Kind en Gezin, l’équivalent de l’ONE en Flandre, pour se plaindre.

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

(cc) Pixabay

Noel Slangen
Auteur
Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

En 1998, ce n’était pas Louis Tobback qui avait asphyxié Semira Adamu dans un coussin lors d’une expulsion forcée. La même année, ce n’étaient pas Stefaan De Clerck ni Johan Vande Lanotte qui avaient oublié de fermer une porte lors de l’évasion de Marc Dutroux pendant son transport à la prison. Tous les trois, jugeant, en leur qualité de ministres, qu’ils devaient assumer la responsabilité politique de l’échec de l’administration qu’ils représentaient, n’ont pourtant pas hésité un seul instant à présenter leur démission. Un petit quart de siècle plus tard, le ministre flamand du Bien-être, Wouter Beke (CD&V), démontre que la prise de responsabilité, en politique, c’est du passé.

Bien entendu, on peut estimer que le ministre joue de malchance, mais n’en était-il pas de même pour les hommes politiques qui l’ont précédé, en 1998, alors que c’est leur administration qui était en tort ? La notion de responsabilité politique n’est en rien une question d’erreur personnelle du ministre, quoi qu’en dise monsieur Beke pour se dédouaner. La responsabilité politique, c’est ce qu’il se passe lorsque des responsables politiques – les hommes d’État, pas Wouter Beke – consentent à se sacrifier personnellement pour des faits qu’une autorité reconnaît comme alarmants.

« La notion de responsabilité politique n’est en rien une question d’erreur personnelle du ministre, quoi qu’en dise monsieur Beke pour se dédouaner ».

Quant à l’excuse bon marché de l’homme politique responsable qui ne fuit pas les problèmes mais les affronte, ce n’est rien d’autre que du vent. Quel cynisme, que de prétendre qu’un problème ne peut être résolu que par une personne qui se trouvait déjà au sommet de la pyramide au moment où les faits se sont produits. Soyons réalistes : nul ne devient ministre parce qu’il est compétent au point d’être irremplaçable. Pour faire un ministre, il faut de nombreux ingrédients, notamment des équilibres et des rapports de force, assaisonnés de potentiel électoral et de répartition régionale. Il est bien plus difficile de remplacer une bonne administration ou un cabinet digne de ce nom qu’un ministre. Quand on refuse d’assumer sa responsabilité politique, c’est généralement parce qu’on n’entrevoit aucune possibilité de faire marche arrière et qu’on est politiquement engoncé dans une voie à sens unique.

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Lorsqu’un politique démissionne, de nos jours, c’est parce que son parti ou ses partenaires de coalition l’exigent. Un peu comme dans le cas d’Annemie Turtelboom, ministre flamande libérale qui a vu son nom accolé à une taxe malheureuse, et de Johan Sauwens, que son ministre-président Patrick Dewael a poussé à la démission pour avoir participé à une petite fête louche organisée par l’extrême droite.

Aux Pays-Bas, la responsabilité politique a encore de beaux jours devant elle, tandis que dans notre pays, elle est dans le coma depuis longtemps. Avant 1998, déjà, le principe n’était guère populaire, comme l’illustre cet exemple de 1991. Le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Mark Eyskens, avait survécu de justesse à un vote de confiance alors qu’il devait endosser la responsabilité politique de l’arrivée dans le pays d’un terroriste. Il avait alors déclaré au journal néerlandais De Volkskrant : « Aurais-je siégé dans le gouvernement britannique que j’aurais naturellement démissionné depuis longtemps. Mais ici, nous sommes en Belgique. Ici, la politique, c’est un poulailler. […] Dans n’importe quel autre pays, je démissionnerais, mais quand même pas dans un pays de singes comme la Belgique.* » 

*(cette dernière phrase a été ajoutée par la rédaction pour compléter la citation de Mark Eyskens). 

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