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10·10·19

Mort dans l’indifférence des passants: à qui la faute?

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

(cc) Terekhova

Ce mardi, le parquet de Courtrai a annoncé qu’il recherchait les huit passants de la Grand-Place de Courtrai qui ont passé leur chemin devant un homme de 45 ans à l’agonie, la veille vers minuit. La victime, prise d’un malaise, a titubé quelques instants avant de s’effondrer sur un banc, où elle est décédée. Les images des caméras de surveillance montrent les passants regarder dans sa direction sans lui venir en aide. Le parquet a décidé de dresser un procès-verbal pour négligence coupable et évoque des peines de prison allant de huit jours à un an. Ce faisant, la justice semble partir du principe que les passants en question étaient nourris de mauvaises intentions. Alors qu’il est tout autant probable qu’ils aient tout simplement mal évalué la situation. Lorsque l’on croise un individu en train de vaciller dans un quartier animé à une heure tardive, on ne le croit pas nécessairement en danger de mort. Est-ce de la négligence coupable que de ne pas s’en assurer ?

Les experts estiment néanmoins que les poursuites n’aboutiront vraisemblablement pas. Il semblerait que le parquet veuille envoyer un signal : ne devenons pas une société de spectateurs. Où personne n’intervient en cas d’urgence. Mais cette image est-elle correcte ? Jusqu’il y a peu, non seulement le parquet, mais également l’opinion publique – et la science populaire – avaient pour théorie que les gens étaient par nature peu enclins à fournir leur aide dans de telles situations. Un phénomène nommé « effet du témoin » : tout le monde pense que quelqu’un d’autre apportera son secours et, en fin de compte, personne ne bouge. Ce n’est que cette année qu’une étude danoise est venue bousculer cette idée. Les chercheurs ont analysé des dizaines d’heures de vidéos de caméras de surveillance dans plusieurs villes à travers le monde, observant de réels incidents et non pas des expériences psychologiques. Le résultat est pour le moins étonnant. Il s’avère que dans l’immense majorité des cas – neuf fois sur dix – un passant intervient face à une situation d’urgence. Et plus la foule est nombreuse, plus il y aura de chances qu’au moins une personne offre son aide. Coup de tonnerre : l’être humain est bien moins mauvais qu’il n’y paraît.

Bien entendu, il est dramatique que l’aide ne soit pas venue dans ce cas précis – quelle qu’en soit la raison. Mais tandis que d’aucuns invoquent la « négligence coupable », peu semblent se demander ce que faisait la police au moment du drame, elle qui se trouvait aussi face aux images. Toutes les caméras sont surveillées par les services de secours. Mardi, la police indiquait ne pas avoir relevé l’incident nocturne. Ce qui est aisément compréhensible au vu des dizaines d’images de surveillance passées au crible. Or n’est-il pas bizarre de témoigner toute notre compréhension à l’égard des professionnels en charge de notre sécurité d’un côté, et de clouer au pilori des passants lambda de l’autre ?

  

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