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19·12·18

Michel perd son gouvernement, la N-VA son âme

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

(c) Guillaume Deneufbourg

Charles Michel se sera donc acharné sur son chemin de croix avec une obstination qui dépasse l’entendement. Il aura tenté un dernier coup d’héroïsme politique en proposant, ce mardi au Parlement, une collaboration aussi insolite qu’intrépide. Laissons-lui les honneurs de cet ultime va-tout : mieux vaut périr sur scène à la manière d’un funambule qui manque sa dernière voltige qu’être abattu par la N-VA tel un canard boiteux en période de Noël.

Mais la tentative n’en était pas moins celle d’un kamikaze. Après quatre ans et demi de politique gouvernementale de droite, un Premier ministre ne s’improvise pas au débotté le porteur par intérim des projets de la gauche. Du jour au lendemain, sa politique de droite, dure mais légitime, n’était plus si indispensable. Ainsi sera donc tombé Charles Michel, sans gloire. Humilié par la N-VA, dépouillé de sa crédibilité aux yeux de l’opposition. Il était grand temps de mettre un point final à cette histoire absurde, dont la fin avait déjà été écrite il y a neuf jours. La balle est à présent dans le camp du Parlement, sur lequel le gouvernement en affaires courantes devra désormais s’appuyer. À y réfléchir, rien de bien différent avec la formule proposée par Charles Michel.

Si ce n’est que sur le plan électoral, cette démission ne sera pas sans conséquence. Pas à cause du fameux valet puant, passé par toutes les couleurs de l’hémicycle, jusqu’à ce que tous en perdent le Nord. Ce mardi, nous avons assisté à une première bataille sur l’enjeu qui dominera la campagne. S’il avait pu maintenir son gouvernement en place, Michel aurait pu peser davantage sur cet aspect. Il n’aura finalement prononcé que trois phrases sur Marrakech dans son discours d’adieu. 

Dans le contexte actuel, Michel n’a eu d’autre choix que de se rabattre sur la réalité politico-économique. L’emploi, le pouvoir d’achat, les retraites, core business de la coalition suédoise. Sans compter le climat. De son côté, la N-VA a décidé de tout sacrifier sur l’autel de la migration. Le budget qu’elle avait aidé à ficeler, l’assainissement des finances publiques, la croissance économique, l’aide à apporter aux entreprises dans le contexte du Brexit. Marrakech a justifié tous les sacrifices. Avec délectation, le parti a immolé par le feu de la migration ses convictions et ses liens avec son électorat de chefs d’entreprises.

On notera qu’il en va, bien sûr, de même pour Charles Michel. Son intransigeance totale sur la question migratoire ne rapportera rien sur le plan socio-économique. Au contraire, elle allait même l’obliger à dépenser des centaines de millions en mesures sociales. 

Et c’est ainsi que cette crise ubuesque, que personne n’avait vue venir, a fait éclater au grand jour la nouvelle déchirure de la politique belge : la vague identitaire qui déferle partout en Europe a gagné la rue de la Loi. Un raz-de-marée qui fait perdre à nos politiques leur sang-froid, qui les rend impulsifs, émotifs, inutilement blessants, et qui précipite le gouvernement dans l’abîme de la disgrâce. 

Mais avant que la N-VA ne crie victoire et ne se lance dans une nouvelle offensive, qu’elle observe bien son reflet dans le miroir et qu’elle se demande, les yeux dans les yeux, si elle n’est pas en train de perdre son âme.

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