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Mesdames, et si à votre tour vous pinciez les fesses des hommes ?
19·11·21

Mesdames, et si à votre tour vous pinciez les fesses des hommes ?

Sarah Meuleman est autrice et journaliste. Cette semaine, elle rédige « De mening » (l’opinion) dans DS Avond.

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

Photo by Isaiah Rustad on Unsplash

Auteure
Laurence Hamels
Traductrice Laurence Hamels

Elles sont tenaillées par la peur, mais cela ne les empêche pas de faire la fête. Ce soir, comme souvent, le quartier gantois Overpoort fourmille d’étudiants en guindaille. Tous sont au fait du récent scandale des attentats à la pudeur. Une fille coiffée avec une queue de cheval raconte à la reportrice qu’il est courant de se faire apostropher par des inconnus : « Dans ce cas, on feint d’être sur notre téléphone », avance-t-elle en guise de solution. Un peu plus tard, c’est la reportrice qui se fait pincer les fesses. « Il est arrivé qu’on verse une substance bizarre dans mon verre », rapporte une autre fille. « En fait, je trouve ça inacceptable. »

En fait. Deux petits mots qui en disent long. Bien trop souvent, un « en fait » vient se glisser dans les conversations à propos de l’égalité des sexes. En fait, les filles ne devraient pas être harcelées en rue. En fait, elles devraient pouvoir se rendre, en toute tranquillité et sécurité, dans les bars, comme les garçons. L’expression « en fait » a quelque chose de confus. Elle donne l’impression que nous partageons tous le même avis. Alors, pourquoi est-il si difficile de transformer – enfin – ce « en fait » un en « de fait » ?

Cinquante ans après les légendaires brûlages de soutifs, force est de constater que la position de la femme-objet a très peu progressé. Ce ne sont pas les patrouilles d’agents qui feront bouger les choses de manière significative, car leur seul effet est de combattre les symptômes. C’est dans notre culture que réside le vrai problème. Un discours tel que « l’homme est un prédateur » est un scénario populaire et presque indéracinable qui tourne en boucle dans tous les médias. Il serait vain de tenter d’y toucher.

Et puis, nous aussi, les femmes, nous réagissons selon un « script ». Il est peut-être temps de revoir la tactique, de manière à ce que, si un homme nous interpelle, nous ne nous mettions pas toutes à regarder notre téléphone pour éviter l’escalade. Nous pourrions ainsi héler cet homme en retour. Ou encore, répondre à un geste déplacé par un pincement de fesses, tout simplement. Nous les femmes, ne faisons-nous pas preuve de trop de réserve dans nos réactions au quotidien en nous montrant blessées et non offensées, touchées et non courroucées ? Peut-être sommes-nous impuissantes dans des situations extrêmes, mais c’est loin d’être toujours le cas. Si nous réagissions plus clairement et plus vivement, de manière collective, aux petites transgressions, nous pourrions au moins changer le ton du scénario suranné qui prévaut depuis des années. Probablement.

L’étudiante à la queue de cheval est dubitative : « Je ne crois pas que les choses changeront un jour. J’espère seulement que ça ne m’arrivera jamais. » Attitude passive s’il en est. Hélons-les ! Sifflons-les ! Pinçons-les ! Parce que, en fait, pour l’heure, nous nous mésestimons.

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