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20·03·18

Merci, monsieur De Wever, d’avoir fait tomber le masque

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

Flickr (CC 2.0)

Bart Eeckhout
Auteur
Ludovic Pierard
Traducteur⸱trice Ludovic Pierard

Il y a deux mois à peine, le bourgmestre d’Anvers, Bart De Wever (N-VA), dénonçait l’apartheid de fait en Flandre, où des groupes de personnes vivent l’un à côté de l’autre sans se fréquenter. L’apartheid. Un terme qu’il convient d’employer avec une certaine prudence. Cette critique de la société super-diversifiée était toutefois susceptible d’évoquer quelque chose en nous, car il est vrai que les occasions ainsi manquées sont trop nombreuses.

Pourtant, aujourd’hui, ce même Bart De Wever soutient justement que l’apartheid serait une sorte de société idéale. Les musulmans, affirme-t-il dans De Zondag, devraient prendre exemple sur les juifs orthodoxes, qui attachent énormément d’importance à leur foi, mais qui en acceptent les conséquences. Ils refusent donc de s’asseoir derrière un guichet, dit-il. En effet, ils préfèrent se cloîtrer dans leur coin et s’imposer une forme de ségrégation.

Manifestement, monsieur De Wever estime que les musulmans qui peuplent sa ville devraient s’en inspirer. Une femme qui porte le foulard souhaite travailler dans l’administration ? Son but n’est probablement pas de s’intégrer, mais bien de provoquer la société en affichant ses croyances. Comment ose-t-elle ?

Pour un dirigeant politique, bourgmestre de surcroît, cette conception de la vie en société est plutôt extrême. Préfèrerait-il donc que les musulmans, comme les juifs orthodoxes, propagent leurs idées sur l’inégalité des femmes ou les homosexuels, ou sur la foi et la science, dans un réseau d’écoles privées ? Est-ce à dire que cette inégalité supposée ou réelle cesserait soudain d’être problématique dès lors qu’elle est cachée ?

Remercions monsieur De Wever pour sa franchise. Les masques tombent enfin. Finies les entorses historiques sur les Romains. Finies les coquetteries du nationalisme inclusif.

La société rêvée selon Bart De Wever, c’est s’adapter ou débarrasser le plancher. Ce n’est pas la première fois que des politiciens anversois tapageurs propagent cet idéal. Heureusement, la démocratie flamande, vivace, avait alors eu le courage et la force de s’opposer à cette attaque contre les valeurs universelles d’égalité et de liberté. Y compris les membres du parti de monsieur De Wever.

Il est probable que ses nombreux supporters aient le sourire, car cette énième provocation a une fois de plus atteint son but. C’est ainsi. Il est de ces moments où les fondamentaux de la société libérale sont remis en cause. Nous vivons un de ces moments.

De la même manière que dans un article d’opinion précédent, osons dire que la droite doit aujourd’hui choisir. Soit elle reste attachée à cette démocratie libérale supérieure, assurant des droits égaux pour tous les citoyens, soit elle suit la voie du nationalisme exclusif et de la discrimination implicite.

Cette question, nous la posons avec humilité à tous les nationalistes démocrates, à tous les conservateurs et à tous les libéraux de droite. Quel. Sera. Votre. Choix ?

Dans l’intervalle, c’est à monsieur Bart De Wever que nous avons affaire. Il doit être épouvanté à l’idée de diriger quotidiennement la plus grande ville, et la plus diversifiée, de la Région flamande et d’avoir l’ambition de continuer à porter cette croix pendant six nouvelles et longues années. On en viendrait presque à espérer qu’il se trouvera un nombre suffisant d’électeurs pour lui épargner cette souffrance, à lui et à sa ville orgueilleuse.

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