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Logements sociaux : la politique flamande du « eigen volk eerst »
14·09·21

Logements sociaux : la politique flamande du « eigen volk eerst »

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

(cc) Pixabay

Bart Eeckhout
Auteur
Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

Au premier abord, le gouvernement flamand semble avoir trouvé une solution aussi efficace qu’expéditive au problème des longues listes d’attente pour les logements sociaux, dans la mesure où dorénavant, le candidat locataire devra prouver qu’il réside depuis au moins cinq ans sans interruption dans la commune dans laquelle il souhaite bénéficier d’un logement social. Les règles actuelles ont donc été rendues plus strictes, ce qui permet de rayer des listes en un tour de main tout un groupe cible qui entrait en considération dans l’attribution des logements sociaux. En effet, une personne résidant depuis cinq ans dans une commune a moins de chances d’avoir besoin d’un logement social.

Si cette approche n’était pas aussi cynique, nous n’aurions aucun mal à la qualifier de géniale : lorsque la liste d’attente devient trop longue, on change les règles du jeu. Seulement, ce sont les plus vulnérables, ceux qui ont le plus besoin d’un logement fixe et convenable, qui sont exclus d’emblée, c’est-à-dire ceux qui, pendant tout un temps, n’ont pas eu de toit au-dessus de la tête (et donc pas de lieu de résidence officiel, ce qui est désormais indispensable), les primo-arrivants ou les réfugiés.

« Notre peuple d’abord »

Le gouvernement met donc sur pied une politique qui exclut d’avance une partie de ceux qui pourraient le plus en bénéficier, à l’heure où les rapports sur la pauvreté confirment l’un après l’autre que la sécurité de logement constitue l’une des manières les plus efficaces de combattre la misère.

Cette mesure représente donc bien plus qu’une petite astuce administrative visant à faire disparaître un problème de gestion d’un coup de baguette magique. À l’arrière-plan, l’enjeu est tout autre : il s’agit surtout de réserver le plus de logements sociaux possible pour notre eigen volk, notre « propre peuple ». Et non, nous ne parlons pas seulement des Flamands blancs, mais de celles et ceux que nous pouvons identifier comme « les gens d’ici ».

Une politique efficace mais cynique

Les choix politiques du gouvernement flamand n’ont rien d’innocent. Ils sont guidés par de vieilles obsessions à propos d’« étrangers » (au sens de « personnes inconnues », NDT) qui viennent « profiter » et voler les emplois, les logements ou les aides sociales des « gens de chez nous ». Et après cela, on prétendra encore que des semaines de négociations avec l’extrême droite en vue de former un gouvernement n’auront été que de la poudre aux yeux et qu’elles n’auront pas eu la moindre répercussion sur les choix politiques finaux.

Il va de soi que les politiques sociales doivent être guidées par l’équité et la justice. Que les projets de logements sociaux doivent tenir compte de la mixité sociale. C’est évident. Et pourtant, c’est là que le bât blesse pour le gouvernement flamand. Imaginez une mère de famille qui fuit les violences domestiques avec son enfant. En raison des nouvelles règles en vigueur, pour prendre un nouveau départ, elle ne pourra trouver de logement sûr et abordable que si elle réside dans la même commune que son agresseur. Un manque de pot, sans doute ?

Avions-nous déjà dit que cette politique, aussi efficace soit-elle, se révèle légèrement cynique ?

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