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Le débat sur l’avortement n’est pas un marchandage de tapis
20·04·23

Le débat sur l’avortement n’est pas un marchandage de tapis

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Photo de Alexander Grey sur Unsplash

Auteur⸱e
Maxime Kinique
Traducteur Maxime Kinique

On continue de s’étonner en voyant comment, bien souvent, les débats sur le thème de l’avortement se concentrent en priorité sur la viabilité du fœtus, et seulement dans une moindre mesure sur la qualité de vie de la personne qui le porte dans son ventre et de son ou sa partenaire, le cas échéant. Autrement dit, les personnes qui ont déjà une vie et déclarent que celle-ci deviendrait impossible si cette grossesse non désirée devait aller à son terme, avec toutes les conséquences qui en découleraient pour le bébé qui viendrait à naître dans ces conditions, ne constituent pas le point focal des discussions.

C’est précisément pour cette raison que les mouvements féministes et les centres d’avortement plaident pour un allongement du délai d’avortement. Il faut savoir, en effet, que l’actuel délai de douze semaines pénalise surtout les groupes les plus vulnérables, qui n’ont pas les moyens de se rendre aux Pays-Bas, où le délai d’IVG est de dix-huit à vingt semaines et où ils pourraient bénéficier des soins médicaux dont ils ont besoin.

On a certes tapé tant et plus sur ce clou dans les rainures des bancs en bois du Parlement, mais écrivons-le une nouvelle fois : un allongement du délai prévu par la loi sur l’avortement ne conduira pas nécessairement à davantage d’avortements, mais à davantage d’interruptions volontaires de grossesse pratiquées dans de bonnes conditions de sécurité.

Loi IVG : être contre l’avortement est dans l’air du temps

Bien entendu, un cadre réglementaire est nécessaire, et ce même si nous sommes loin de partager la grande préoccupation du Vlaams Belang, qui semble craindre que nombre de femmes qui désiraient une fille mais sont enceintes d’un garçon voient dans l’avortement une « solution facile à leur problème ». Mais ce débat touche au cœur de ce qui constitue peut-être la question la plus fondamentale à laquelle il nous faut répondre en tant que société : comment garantir le bien-être et la sécurité de tout un chacun, qu’il soit déjà né ou encore à l’état fœtal ?

Dans le cas qui nous occupe, cette question se déclinera dans les termes suivants : comment faire en sorte que les personnes qui choisissent de devenir parents, qui souhaitent envoyer leur enfant à la crèche et à l’école et lui offrir ensuite les meilleures opportunités possibles bénéficient d’un soutien suffisant ? Et quid des personnes qui décident de ne pas devenir parents (maintenant) et veulent interrompre une grossesse non désirée ?

« Depuis quelques années, ce débat se résume de plus en plus à un chiffre : jusqu’à combien de semaines une grossesse peut-elle être interrompue ? »

Depuis quelques années, ce débat se résume de plus en plus à un chiffre : jusqu’à combien de semaines une grossesse peut-elle être interrompue ? Avant-hier encore au Parlement, les discussions ont pris cette tournure-là. Ce ne sont pas les personnes derrière cette problématique qui monopolisent l’attention, mais bien l’âge du fœtus. Les experts considèrent que le délai d’avortement peut être porté à dix-huit, voire vingt semaines.

Doit-on pour autant suivre aveuglément ces experts ? Non, bien entendu. Ce n’est pas parce qu’une chose est scientifiquement possible qu’elle est également souhaitable. Les opposants à un allongement du délai d’IVG ont des arguments à faire valoir. Le dossier est beaucoup trop important pour « accoucher » d’une décision qui ne reposerait pas sur un large soutien sociétal. Mais avec des oukases tels que les « quatorze semaines, à prendre ou à laisser » du CD&V, les réactions immédiates et tout aussi radicales de Groen ou de Vooruit ou la volonté de l’Open Vld de coupler ce dossier à un autre, l’euthanasie en l’occurrence, on risque de réduire ce débat à un vulgaire commerce de tapis, ce qui est à proscrire à tout prix.

Notre confiance en la politique n’est pas écornée au point que nous craignions que des parlementaires veuillent en arriver là. À eux de ne pas nous donner tort !

En 1960, l’avortement était déjà possible en Belgique… si le père était africain

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