Pourquoi s’indigner des soudaines révélations de Gwendolyn Rutten, ancienne présidente de l’Open VLD ?
Rappel des faits : dans l’émission de la VRT « De afspraak », Mme Rutten a dévoilé que la N-VA avait proposé à son parti d’être largement récompensé s’il était prêt à entrer dans une coalition avec le Vlaams Belang. S’imaginait-on que les semaines de négociations entre la N-VA et le Vlaams Belang n’étaient que de la comédie ? Une pièce de théâtre anversoise ? Pensait-on que Bart De Wever mentait quand il affirmait que le problème, c’était que les libéraux et les démocrates-chrétiens refusaient toute coalition avec le Vlaams Belang ? Si tel était le cas, plutôt que de s’indigner du fait que Mme Rutten dévoile les coulisses, ne faudrait-il pas s’indigner de ce qu’elle ne l’eût pas fait plus tôt ? En effet, nul ne doute de la véracité de l’anecdote, car pendant que le président De Wever tondait le gazon, d’autres pontes du parti, en l’occurrence Lorin Parys et Theo Francken, ont bel et bien confirmé que leur parti envisageait sérieusement une coalition avec le VB.
Ceci étant posé, il convient de formuler plusieurs constats. Le premier, c’est que même au sein de la N-VA, et d’ailleurs même au sein du Vlaams Belang, certains pensaient que les négociations entre les deux partis servaient uniquement à amuser la galerie. Une confusion bien pardonnable, quand on sait que Bart De Wever lui-même s’employait à expliquer que la N-VA était le meilleur rempart face à l’extrême droite. Depuis la victoire électorale du VB, certains ont changé leur fusil d’épaule et croient désormais que le parti devrait participer au pouvoir pour démontrer l’étendue de son incompétence. Bien entendu, ce raisonnement doit encore faire ses preuves, mais s’il était mis en application, nous ne pourrions plus prétendre qu’une voix pour le VB est une voix perdue. Cela bénéficierait-il à la N-VA ? Il est permis d’en douter.
Deuxième constat : on peut arrêter de radoter à propos du cordon sanitaire. Cela fait d’ailleurs plusieurs décennies qu’il n’existait plus, car l’accord entre les partis était déjà rompu. Le refus de former une coalition avec le Vlaams Belang n’était plus un accord, mais bien le point de vue de partis individuels. Que la N-VA opte pour une autre ligne de conduite a au moins le mérite de la clarté.
Troisième constat : au sein de l’Open Vld, les nerfs sont à vif. Le nouveau président Egbert Lachaert et Vincent Van Quickenborne auraient pu laisser passer les révélations de Gwendolyn Rutten, mais ils ont préféré susciter la polémique, M. Van Quickenborne reprochant à son ancienne « présidente miracle » de faire usage de sa pourtant très libérale liberté d’expression.
Dernier constat : après quatre cents jours sans gouvernement, le bon sens se fait de plus en plus rare. Quelqu’un croit-il réellement en un gouvernement où le cdH et le sp.a viendraient dépanner la coalition suédoise et où les socialistes flamands condamneraient leurs homologues wallons à l’opposition ? Ou bien les trois jeunes présidents de parti profitent-ils d’un instant de récréation pour montrer leur tête dans les médias ? Non, cette idée va s’autodétruire, pas besoin de Gwendolyn Rutten pour s’en apercevoir.