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L’Ardenne, cet endroit où les Flamands sont chez eux
20·04·21

L’Ardenne, cet endroit où les Flamands sont chez eux

Bert Kruismans, pseudonyme de Bert Hilda Van der Cruyssen, est un humoriste flamand, repris dans la liste des bekende Vlamingen (célébrités en Flandre).

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(cc) 12019 via Pixabay

Auteur⸱e
Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

« L’aigle s’est envolé ». Vous vous souvenez de ce film génial avec Michael Caine et, dans le rôle du vilain méchant, Donald Sutherland ? Un film de guerre de 1976, dans lequel même le JR de Dallas a joué ! Bien sûr que vous le saviez. Quand on lit De Tijd, on sait ce genre de banalités. Michael Caine incarne le commandant d’un groupe de parachutistes en Angleterre. L’acteur à l’accent le plus britannique de tous les temps, rendez-vous compte ! En 1976, c’était encore possible. Cette invasion des Polonais n’amuse pas vraiment les locaux. Un fermier du coin grogne même quelque chose comme « foreigners ». Il faut le comprendre, c’était la guerre. Mais… un quart d’heure plus tard, il s’est avéré que les Polonais étaient en fait des Allemands, et les Allemands, c’étaient les méchants pendant la Deuxième Guerre mondiale, pas vrai ? Lorsque leur vraie nature allemande surgit, notre fermier grogne encore plus profondément : « More bloody foreigners ». C’est dire si les racines du Brexit remontent à loin. Eh bien, maintenant, vous êtes à même de comprendre la bataille qui se joue actuellement en Ardenne.

Grand remplacement

Les notaires belges l’ont annoncé avec un grand sourire la semaine dernière : le marché de l’immobilier a chuté de 2,7 pour cent l’année passée, mais dans vingt communes ardennaises, grâce aux économies du citoyen flamand, il a connu une hausse de 5,3 pour cent. En tête de course, nous trouvons la commune de Rendeux, dont 44 pour cent des nouveaux propriétaires sont flamands. Les conséquences de ce grand remplacement sont désormais incontestables.

Au Delhaize de Rendeux, on trouve une belle offre de vins et de bières qu’on n’oserait pas chercher au Spar de Quaregnon, tellement nous aurions la certitude que la caissière nous rirait au nez. Le marchand de journaux dont la boutique borde la route de La Roche met bien en évidence le Dag Allemaal et Het Laatste Nieuws, surtout en été, tandis que les rares amateurs de Moustique ou de L’Avenir sont contraints d’aller fouiller, à leurs risques et périls, à l’arrière des présentoirs. Pendant la saison touristique, la gazette des petites annonces locales circule aussi en néerlandais. L’affichage communal interdisant les dépôts clandestins se fait en deux langues. Quant au Café des Sports, le centre d’asile pour les derniers Wallons de la région, il est fermé depuis des années. Par contre, LA brasserie de Beffe, où les Flamands sont chez eux, s’apprête à réaccueillir ses visiteurs les bras grand ouverts. Bienvenue au Beffelyhills ! Oui, au cas où vous vous le demanderiez : le nom a été trouvé par un Hollandais.

Ces Flamouches qui ne s’intègrent pas

Notons que le Taal Aktie Komitee wallon se fait discret. Il n’y a que sur les réseaux sociaux que ça gronde un peu. On s’y plaint que le Flamouche ne s’intègre pas et qu’il fait grimper les prix. Et qu’au café, les serveurs s’adressent à nous en flamouche, même si on connaît personnellement le patron ! Mais la majorité acquiesce, se tait et accueille. Comme me le disait un jour un vendeur du marché de Grimbergen : « Quand on fait du commerce, on parle la langue du porte-monnaie, il faut bien comprendre ça. Ici, le Flamand ne suffit pas pour gagner sa croûte. »

Et à Durbuy, la plus petite ville du monde, il y a de quoi faire en matière de commerce immobilier, cela va de soi. En termes de superficie, Durbuy est plus vaste que Gand, Charleroi ou Liège. Aussi, elle est au moins dix fois plus peuplée que la ville de Messines, en Flandre occidentale. Mais que cela reste entre nous, car il ne faut surtout pas que les touristes néerlandais l’apprennent. S’ils viennent siphonner des trappistes et engloutir des crèmes glacées à Durbuy, c’est parce que la plus petite ville du monde, c’est unique, voyez-vous ! Regardez la commune la plus moyenne de Flandre, Bornem. Vous en connaissez, vous, des gens qui ont envie de faire du tourisme à Bornem ?

« Walen buiten » ?

Le centre de Durbuy compte environ 400 habitants. Si elle veut conserver son titre de plus petite ville du monde, elle ne peut pas en accueillir beaucoup plus. Et pourtant, c’est ce qu’elle fait ! Surtout avec les retraités flamands et la classe moyenne flamande. Qui faudra-t-il chasser pour que ne soit pas défloré le mythe de la plus petite ville du monde ? Les moins nantis, bien entendu, ceux qui dépensent le moins. « Walen buiten ! » Si vous entendez bientôt ce slogan dans les rues de Durbuy, ne me tirez pas dessus.

Pour relire l’interview de Bert Kruismans accordée à DaarDaar fin 2017, c’est ici.

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