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24·01·18

Le terme « activiste citoyen » n’est pas une injure (demandez donc aux Catalans)

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

(cc) Zoltán Jánosi de Aguirre

Bart Eeckhout
Auteure

Les citoyens qui se sont rassemblés en réseau afin de procurer un toit provisoire aux migrants échoués expriment-ils la volonté de la majorité des Belges ? Rien n’est moins sûr. Ces mêmes citoyens, qui ont manifesté leur solidarité à travers une chaîne humaine à la Gare du Nord, parviendront-ils à faire chanceler la politique menée par le gouvernement ? Rien n’est moins sûr. Il n’empêche que cette initiative informelle, qui a pris de l’ampleur de manière relativement spontanée, donne du baume au cœur.

Les manifestants se revendiquent haut et fort en tant qu’activistes auprès du secrétaire d’État à l’Asile et à l’Immigration. Et alors ? Dans une démocratie, l’activisme citoyen ne relève pas de l’injure. Peut-être y-a-t-il encore un Catalan dans la salle qui puisse nous rafraichir la mémoire à ce sujet. Ces « activistes » autoproclamés ne font pas grand-chose de plus que d’exercer leurs droits constitutionnels que sont la libre association et la liberté d’expression. Quelles mesures le gouvernement entend-il prendre à leur égard ? Dépêcher la Guardia Civil en Belgique après une mission d’identification du régime soudanais ?

À travers leur chaine humaine et leur action d’accueil, les citoyens concernés nous rappellent qu’un « réseau social » ne se résume pas à une pluie de clics sur le bouton « j’aime ». Une résistance modeste et pacifique peut constituer un contrepoids efficace face à un État qui déploie ses forces de façon trop musclée.

En matière de politique d’asile, un tel contrepoids est le bienvenu. En réduisant constamment l’immigration à l’irrégularité, à l’illégalité, aux nuisances, à la criminalité voire à la menace terroriste, les membres du gouvernement actuel tentent de dépouiller les migrants de leur humanité. Il apparait qu’un bon migrant est un migrant expulsé.

Les stratégies politiques ne jurent plus que par l’efficacité : combien de personnes ont-elles été arrêtées ? Combien ont-elles été renvoyées ? Dans ce contexte, des voix dissidentes arrivent à point nommé.

D’aucuns ne tarderont pas à reprocher aux manifestants de la Gare du Nord de prôner l’ouverture des frontières. Mais, bon sang, le niveau du débat intellectuel ne peut-il pas s’élever à nouveau, ne fût-ce que d’un soupçon ?

Il existe de bonnes raisons de maintenir des limites strictes dans la politique d’accueil des migrants. La pérennité de notre système fermé de sécurité sociale constitue le principal argument. Or, jusqu’à présent, l’impact de l’immigration dérégulée sur ledit système est infime.

Bien entendu, nous devons rester vigilants face au risque d’appel d’air. Personne ne veut d’un Calais bis. Mais, vous en conviendrez, la force d’attraction exercée par une chaine humaine est minime.

Le plus grand appel d’air réside dans l’hypocrisie qui règne en Terre promise. Aussi longtemps que les Britanniques continueront d’attirer des immigrés sans nom vers les fourneaux crasseux de leur économie, des candidats au bonheur tenteront de traverser la Manche au péril de leur vie. Ni les rafles policières ni les chaînes humaines n’y changeront quoi que ce soit.

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