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18·01·19

La refédéralisation serait-elle à la mode pour les étudiants gantois ?

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

CC2.0 Stephane Mignon via Flickr

Auteur⸱e
Traducteur⸱trice Bernard Demonty

Durant les vacances de Noël, alors que mes étudiants bûchaient mon cours de politique étrangère belge (du moins, je l’espère), j’ai évalué leurs travaux écrits – chacun remplissant ainsi sa part du contrat. Les oraux battent à présent leur plein à l’Université de Gand. La première question porte sur leurs travaux écrits, dont ils pouvaient choisir le thème en toute liberté. Je trouvais en effet intéressant d’en savoir plus sur les sujets qui suscitent leur intérêt, notamment dans la perspective des élections de mai.

Les thèmes attendus ont évidemment la cote, climat et migration en tête, mais ils mettent aussi sur la table des sujets moins prévisibles, dont la réforme de l’État. Mais détrompez-vous : tous ne souhaitent pas transférer davantage de compétences aux entités fédérées. Bien au contraire ! Littéralement tous ceux qui ont abordé ce thème – et ils sont nombreux, pour une fois – proposent de recentraliser les compétences extérieures vers le fédéral, qu’il s’agisse de la politique européenne, des affaires étrangères, de la coopération au développement, des exportations et des investissements, et – évidemment – des exportations d’armes.

Les étudiants semblent porter un regard pragmatique sur cette question, au-delà de toute idéologie. Ils en sont arrivés au constat que le système actuel est beaucoup trop complexe pour pouvoir fonctionner de manière optimale et que le rapport coût-bénéfices est déséquilibré. Ils en tirent donc la conclusion logique qu’il faut recentraliser pour gagner en efficience et en efficacité et pour permettre à la Belgique de jouer pleinement son rôle international.

Investissements dans la défense

Dans le discours sur la réforme de l’Etat, on part toujours du principe que les compétences doivent être exercées au niveau de pouvoir le plus approprié. Mais concrètement, ce niveau est presque toujours celui des entités fédérées. Pour des raisons pratiques, une compétence n’a jamais été rendue à l’autorité fédérale. Aujourd’hui encore, quelques responsables politiques plaident en ce sens à titre individuel, mais aucun parti n’ose endosser clairement ce positionnement. Le sujet est tabou.

Les partis seraient-ils en retard sur l’opinion publique ? Ces étudiants de dernière année ont voté l’an dernier pour la première fois aux élections communales ; ils voteront cette année pour la première fois aux législatives. Ils n’ont pas vécu les réformes successives de l’État. Ils regardent la manière dont la Belgique est organisée, constatent qu’elle ne fonctionne pas, et cherchent la meilleure solution. Peut-être font-ils partie d’un groupe électoral important qui veut précisément voir l’autorité fédérale renforcée dans certains domaines. À quel parti peuvent-ils adresser cette vision ?

Dans un certain sens, il en va de même pour la défense. Nombreux sont ceux qui considèrent, y compris au sein de la Défense elle-même, que la plupart des gens ont une vision plutôt négative de l’armée, et que les investissements qui y sont faits sont par définition impopulaires. Mais ici aussi, la réalité paraît différente. Outre quelques diplomates, j’invite toujours à mon cours l’un de nos généraux. Et à chaque fois, lorsque la défense prend la peine de présenter les choses avec méthode, la plupart des étudiants, indépendamment de leurs convictions idéologiques, peuvent facilement se convaincre de la nécessité d’y investir raisonnablement. On pourrait en conclure que se positionner contre la défense est nettement moins porteur électoralement que ce que beaucoup pensent.

Il ne s’agit évidemment pas d’un échantillon scientifique. Les étudiants en sciences politiques de l’université de Gand ne sont pas l’opinion publique. Il est en outre possible qu’ils s’imaginent me brosser dans le sens du poil. Mais on fait facilement la différence entre les étudiants qui récitent le cours et ceux qui s’expriment par véritable conviction.

S’il ne s’agit donc que d’une impression, elle incite néanmoins à la réflexion. Si mes étudiants lisent cet article, qu’ils soient rassurés : je les écoute bel et bien pendant leurs examens oraux, même si j’avoue qu’il m’arrive parfois de prendre connaissance d’un email en même temps.

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