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La Flandre a « l’un des systèmes d’enseignement les moins inclusifs d’Europe »
13·07·22

La Flandre a « l’un des systèmes d’enseignement les moins inclusifs d’Europe »

Temps de lecture : 2 minutes

Nombreux sont les ministres qui, en Flandre, ont tenté de rendre l’enseignement plus inclusif. Il y a 20 ans, déjà, Frank Vandenbroucke (Vooruit) s’y était essayé. Pascal Smet (Vooruit) a fait adopter le très décrié M-decreet (NdT visant une plus grande inclusivité à l’école), Hilde Crevits (CD&V) l’a fait appliquer et Ben Weyts (N-VA) lui donne désormais un successeur : le leersteundecreet (ndt : Décret sur l’accompagnement à l’apprentissage).

On aurait bien du mal à expliquer pourquoi, sur le plan international, la Flandre compte parmi les mauvais élèves sur le plan de l’inclusivité dans l’enseignement. Les raisons sont historiques, entend-on souvent dire. Il fut un temps où la modernité consistait à créer des écoles spéciales adaptées aux enfants ayant des besoins spécifiques. Mais ce n’est plus le cas.

Les chiffres sont éloquents : en Flandre, 1 élève sur 25 est inscrit dans l’enseignement spécialisé. Mais quand on regarde le détail, on perd la foi dans l’enseignement tel qu’il se pratique en Flandre. En cinquième et sixième année de l’enseignement primaire, ce chiffre explose, passant même à 1 élève sur 10 chez les garçons. « Rien de nouveau sous le soleil. C’est comme ça depuis des années », entend-on dans les couloirs du Grip, un organisme spécialisé dans la défense des droits de la personne handicapée.

Pénurie d’enseignants: pauvre petite Flandre riche

Pendant ce temps, la demande d’accompagnement dans l’enseignement normal ne fait qu’augmenter, triplant en cinq ans. Et c’est compréhensible, puisque les moyens alloués à l’école dépendent d’un diagnostic. Pas de diagnostic ? Alors pas d’argent. On consacre donc un temps fou aux « trajets diagnostiques » (trajecten), et c’est ainsi que s’évaporent les moyens disponibles, en dépit du bon sens. Les écoles et les CLB (NdT : Centres d’accompagnement des élèves, successeurs des centres PMS en Flandre) seraient mieux inspirés d’investir leur temps dans le suivi des élèves que dans la gestion administrative. C’est là une demande légitime, qui mérite une réponse positive rapide. Qui donc pourrait rejeter une telle idée ?

« Le M-decreet a causé une onde de choc dans le monde de l’enseignement. »

Malheureusement, dans ce pays, rectifier des situations qui se sont développées de travers reste un exercice extrêmement difficile. Pour diverses raisons, nous sommes des êtres pétris d’habitudes, qui n’acceptent le changement qu’à petites doses. Quand une situation a duré longtemps, on suppose généralement qu’elle devait être bonne. Ou suffisamment bonne.

Qu’est-ce qui ne tourne pas rond au gouvernement flamand ?

Le M-decreet a causé une onde de choc dans le monde [néerlandophone] de l’enseignement. Pourtant, on ne constate pratiquement aucun changement : le grand chambardement attendu ne s’est pas produit. Au début, quand tout le monde croyait que les choses allaient vraiment changer et se comportait en conséquence, on a constaté une chute du nombre d’élèves dans l’enseignement spécialisé.

Manifestement, la perception est plus efficace que la législation. Certaines écoles se sont vidées de leurs élèves. Mais aujourd’hui, elles sont de nouveau pleines à craquer, et le nouveau décret n’y changera rien, au contraire. L’un des systèmes d’enseignement les moins inclusifs d’Europe va perdurer. Il n’y a pas de quoi se vanter.

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