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27·04·18

Les jeunes de Peterbos sont aussi nos jeunes

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(c) Wokandapix

Auteur⸱e
Ludovic Pierard
Traducteur⸱trice Ludovic Pierard

Les parents des jeunes habitant le quartier du Peterbos ne sont pas les seuls responsables des problèmes rencontrés. Hans Van Crombrugge, pédagogue à la Haute école Odisee de Bruxelles, souligne que l’éducation est aussi une mission dévolue à la société. 

La secrétaire d’État bruxelloise à l’Égalité des Chances, Bianca Debaets (CD&V) a raison d’affirmer que les problèmes rencontrés dans le quartier du Peterbos sont aussi une question d’éducation (De Standaard du 25 avril). Je suis ravi d’apprendre qu’elle souhaite apporter un soutien aux parents qui doivent élever leurs enfants dans des conditions difficiles.

Bianca Debaets insiste sur la responsabilité des futurs parents et estime que l’existence de difficultés familiales ne les dispense pas de leur mission éducative. Comme beaucoup, elle semble partir du principe qu’ils sont les premiers et derniers responsables de l’éducation de « leur » progéniture. Il est temps de changer son fusil d’épaule.

Elle agrémente son argumentation de quelques déclarations qui tombent sous le sens, mais sont aussi problématiques.

1. Les parents sont et restent responsables de l’éducation des enfants

« Nos » enfants sont également ceux de la société. Nous confions certaines missions éducatives à des citoyens, pas uniquement parce que les géniteurs et leur progéniture jouiraient d’un droit inaliénable en la matière, mais aussi parce que c’est la meilleure option d’un point de vue « organisationnel ». Les enfants méritent une éducation et la société a le devoir de la leur offrir. Dans ce cadre, elle attribue à leur père et à leur mère un ensemble de droits et d’obligations. Voilà ce que nous devrions expliquer aux futurs parents.

2. Les pères doivent redevenir le visage de l’autorité

Il ne fait aucun doute qu’il est souhaitable et nécessaire que les pères soient plus impliqués dans l’éducation et les soins des enfants. Mais pourquoi Bianca Debaets associe-t-elle cette idée, séance tenante et sans réfléchir, à « l’autorité du père » ? On suggère ainsi que la répartition traditionnelle des rôles dans la famille apporterait la solution aux problèmes : les enfants ont davantage besoin d’un père autoritaire, avec à ses côtés une mère aux petits soins.

Une personnalité politique responsable de l’égalité des chances se gardera d’associer une plus grande implication des mères dans l’éducation des enfants à la prise en charge de (plus de) tâches d’assistance dans la famille. Ce que les parents doivent entendre, ce n’est pas que l’autorité doit émaner des pères, mais bien que l’éducation des enfants ne peut être répartie entre eux. Ils peuvent et doivent s’en charger à deux, parce que l’autorité n’appartient pas à celui qui ramène l’argent à la maison, tout comme s’occuper des enfants n’exclut en rien de travailler à l’extérieur. Les parents doivent surtout apprendre à s’organiser.

3. Il est essentiel d’éduquer les enfants et de leur apprendre le respect et la tolérance

Je suis ravi de lire qu’aujourd’hui, plus que jamais, éduquer consiste aussi à apprendre aux enfants le respect et la tolérance. Mais au fond, qu’est-ce que cela implique ? Expoo est le centre d’expertise de la Communauté flamande qui s’occupe du soutien éducatif et des Maisons de l’Enfant, dont Bianca Debaets attend beaucoup. Cette année, la Semaine de l’Éducation qu’il organise est axée sur l’éducation à la tolérance, à l’ouverture et au respect de l’autre. Il a publié à cette occasion un texte évocateur, qui révèle combien le malaise régnant au sein du monde éducatif est fort, aussi bien chez les parents que les politiciens et les professionnels. On y prétend qu’une éducation à ces principes consiste à « découvrir que renoncer à ses propres valeurs et normes est une première étape indispensable pour créer un lieu chaleureux où chacun est le bienvenu ».

Les événements survenus au Peterbos et la défense des principes de tolérance et de respect ne doivent pas déboucher sur une éducation où nous abandonnons valeurs et normes. Au contraire, ils montrent que tous les acteurs doivent définir clairement, pour eux-mêmes, les valeurs fondamentales qu’ils trouvent tellement essentielles pour la société qu’ils ne peuvent y renoncer. Ils doivent se demander comment les traduire dans des normes concrètes pour organiser la vie en commun et comment y rallier les enfants, les jeunes, les parents, les décideurs politiques, bref tous les citoyens.

On ne soutient pas les parents et les éducateurs en plaidant pour le respect et la tolérance, et encore moins en les invitant à renoncer à des valeurs et des normes, mais bien en considérant l’éducation comme la transmission de normes issues de valeurs humaines partagées. On ne parviendra à rien sans cette transmission. Et certainement pas en focalisant l’attention des parents sur leur responsabilité, des pères sur leur rôle d’autorité et des jeunes sur un comportement respectueux.

 

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