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Il ne fait pas bon être femme quand on travaille au barreau
10·03·20

Il ne fait pas bon être femme quand on travaille au barreau

L’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes a reçu une dizaine de plaintes depuis les déclarations controversées de l’avocat de renommée, Sven Mary. Dans une interview accordée au quotidien Het Laatste Nieuws au sujet du mouvement #MeToo, ce dernier a indiqué que son bureau n’engageait plus de femmes depuis « une mauvaise expérience » avec une stagiaire. Ses propos ont suscité une vague de critiques. « Qu’on me traîne en justice », a-t-il notamment réagi.

 

 

Temps de lecture : 3 minutes
Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

Mieke Van den Broeck, avocate, ne digère pas les propos sexistes de son confrère Sven Mary et s’adresse aux bâtonniers de notre pays : « Nul ne sait si notre confrère Mary a peloté sa stagiaire. Ce que nous savons, en revanche, c’est que le machisme semble être inscrit dans l’ADN de notre métier, même si la plupart des avocats sont désormais des avocates. Intimidation sexuelle, blagues sexistes lourdes et plafond de verre constituent le lot quotidien du barreau. »

Lettre ouverte à M. le Bâtonnier

Monsieur le Bâtonnier,

Cher confrère,

Une fois n’est pas coutume, je m’adresse à vous en cette journée des droits des femmes.

Jeudi soir, Fem&Law a présenté devant une salle comble de plus de 500 spectatrices et spectateurs le premier Code des Droits des femmes. C’est à peu près au même moment que notre confrère Sven Mary s’est exprimé de manière particulièrement sexiste dans les médias.

Ainsi, Maître Mary n’engagera plus de stagiaires de sexe féminin. Depuis que, à la suite du mouvement #MeToo, les femmes ne laissent plus passer les comportements sexuellement déplacés, le risque est devenu trop grand selon lui.

Maître Mary n’engagera plus de stagiaires de sexe féminin

La journée des femmes célèbre, cette année, son 112e anniversaire. En effet, c’est le 8 mars 1908 que le premier appel à la grève des femmes s’est fait entendre à New York. Les ouvrières de l’industrie textile ont alors mené une action pour dénoncer leurs misérables conditions de travail. Trois ans plus tard, la socialiste allemande Clara Zetkin a appelé à une journée internationale des femmes, c’est-à-dire une journée de lutte mondiale pour les droits des femmes.

Notre confrère Mary a-t-il peloté sa stagiaire ? Nul ne le sait. Par contre, ce que nous savons, c’est que le machisme semble inscrit dans l’ADN de notre métier, même si la plupart des avocats sont désormais des avocates. Intimidation sexuelle, blagues sexistes lourdes et plafond de verre constituent le lot quotidien du barreau.

Le machisme semble inscrit dans l’ADN de notre métier

Un barreau que quittent la plupart des femmes après cinq ans à peine, tant le métier d’avocate s’avère inconciliable avec la vie de famille. Une étude menée par le barreau francophone de Bruxelles a démontré que les avocates gagnent en moyenne cinquante pour cent de moins que leurs collègues masculins. Cet écart s’explique avant tout par le départ massif de nombreuses femmes qui n’arrivent pas à combiner barreau et famille, et par les nombreux obstacles qu’elles ont à franchir tout au long de leur carrière. Autant dire qu’il ne fait pas bon être une femme quand on travaille au barreau.

Refuser d’engager des femmes comme avocates en raison du mouvement #MeToo, c’est non seulement scandaleux parce que cela revient à culpabiliser les victimes, mais en plus, c’est discriminatoire et donc passible d’une peine de justice.

Il est inacceptable que de jeunes avocates ne se sentent pas en sécurité sur leur lieu de travail, tout comme il est bas de traiter automatiquement de bêcheuses toutes celles qui dénoncent cette insécurité.

112 ans de lutte pour les droits des femmes

Après 112 ans de lutte pour les droits des femmes, il est temps que le Barreau s’implique réellement en faveur des droits des avocates. En condamnant publiquement les propos de Sven Mary, mais aussi en s’attaquant à la culture machiste qui prédomine au barreau, en réfléchissant à un meilleur équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée pour toutes les avocates et tous les avocats, en tenant à l’œil le sexisme des magistrats, et par bien d’autres moyens encore.

Aujourd’hui, c’est la journée des femmes. Cette année, les avocates veulent plus qu’une rose sur leur bureau.

Salutations confraternelles,

Mieke Van den Broeck, avocate au Barreau de Bruxelles

P.S. : les avocates femmes danseront demain à 11h00 sur « Un violador en tu camino » devant le Palais de justice. Viendrez-vous les voir ?

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