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Gestion de crise : il y a l’Allemagne ou la Nouvelle Zélande… et puis il y a la Belgique
24·09·20

Gestion de crise : il y a l’Allemagne ou la Nouvelle Zélande… et puis il y a la Belgique

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(c) Aubry Touriel

Anne Balbo
Traductrice Anne Balbo

Toutes les sonnettes d’alarme devraient sonner. Et étonnamment, les deux principaux thèmes qui rythment l’actualité de notre pays – le coronavirus et la politique – suscitent une indifférence pour le moins alarmante. Nous sommes fatigués de ces bulles qui changent constamment, fatigués d’entendre un flot de communications déroutantes ou encore d’assister à un défilé permanent d’experts dans les médias. Pour ce qui est de notre avenir politique, il n’est même plus question de fatigue, mais de découragement. Si les politiques sont conscients de l’urgence de la situation, ils ne peuvent néanmoins s’empêcher de mettre de l’huile sur le feu. Nous l’avons encore vu avec le coup de théâtre de cette semaine. Redéfinir les bulles ou annoncer des codes couleurs ne sont pas les défis majeurs de la Première ministre Sophie Wilmès pour le prochain Conseil national de sécurité. La question essentielle est : a-t-elle encore la confiance des citoyens ? 

Divers facteurs peuvent expliquer les raisons pour lesquelles des pays comme l’Allemagne, la Nouvelle-Zélande ou même la Suède – qui n’ont déploré aucun décès hier – gèrent mieux que nous la propagation du virus. Leurs approches sont pourtant radicalement différentes : tandis que la Nouvelle-Zélande mise sur des confinements stricts, une grande liberté est accordée à la population suédoise. Peut-être que l’efficacité de la stratégie de lutte contre le coronavirus ne repose pas sur une bulle de cinq, dix ou quinze ou sur le choix des lieux où il faut imposer le port du masque. Une seule chose en effet est importante : réduire nos contacts sociaux. Qu’importe la méthode, tant que les citoyens sont convaincus que les experts et les politiques prennent les mesures qui s’imposent. Angela Merkel y arrive en Allemagne : même ses plus farouches opposants doivent reconnaître que le pays l’écoute lorsqu’elle s’exprime à propos du coronavirus. Son crédo ? Une communication mêlant expérience politique et expertise scientifique. En Nouvelle-Zélande, la toute jeune Jacinda Ardern réalise le même tour de force. Et même si son approche est tout autre, Anders Tegnell – le Marc Van Ranst suédois – a la confiance d’un grand nombre de ses compatriotes si bien que ceux-ci ont diminué les contacts sociaux sans y avoir été contraints par des mesures strictes. 

Et puis il y a la Belgique. Où la confiance dans le monde politique se réduit comme peau de chagrin. Le résultat ? Une tendance à chercher systématiquement les exceptions et moyens de contourner chaque nouvelle mesure. 

Et puis il y a la Belgique. Où la confiance entre les politiques est si ténue que des membres du gouvernement se contredisent après chaque conseil national de sécurité. Les différentes interprétations que la Première ministre et la ministre fédérale de la Santé ont données de la bulle de cinq et de la bulle de dix en sont un parfait exemple. 

Et puis il y a la Belgique. Où les politiques se sont tellement abstenus de communiquer sur les mesures sanitaires qu’ils ont laissé le champ libre à une véritable armada de virologues, microbiologistes et statisticiens. La résultante ? Au lieu d’avoir un discours scientifique dominant comme chez la plupart de nos voisins, le citoyen a le sentiment d’assister à une véritable « cacophonie ». 

Il serait injuste d’attribuer à la seule Première ministre la responsabilité de ce manque de confiance. Chaque personnalité politique – même dans l’opposition – doit être consciente des enjeux. Certes, la lutte pour le pouvoir et l’influence fait partie du « jeu » politique. Mais notre démocratie en pâtit lorsqu’il prend une tournure aussi désastreuse, à tel point que même les observateurs de la rue de la Loi se disent « exaspérés » ou « écœurés » par une telle mascarade politique. Les mots sont durs, mais ils traduisent avant tout une perte de confiance. Si demain, la Première ministre et les autres membres du conseil de sécurité parviennent à communiquer clairement et à s’exprimer d’une seule voix, ils pourront regagner en partie la confiance du citoyen. Le défi n’a jamais été aussi grand.

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