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Élections 2024, ou l’illusion d’une prochaine autonomie flamande
08·12·20

Élections 2024, ou l’illusion d’une prochaine autonomie flamande

La N-VA et le Vlaams Belang se plaisent à considérer que 2024 sera leur année. Mais selon Lorenzo Terrière (enseignant en Sciences Politiques à l’Université de Gand), les deux partis se bercent d’illusions.

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(cc) Pixabay

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Le Vlaams Belang et la N-VA ont 2024 en point de mire. Compte tenu de l’issue des élections fédérales de mai 2019, qui n’ont pas permis d’avancée réelle vers une autonomie flamande, il y a pourtant de quoi douter de cette stratégie. Une chose est sûre : les députés nationalistes ne pourront pas se la couler douce dans l’opposition fédérale pendant quatre ans.

Les années 1977, 1999 et 2007 s’annonçaient prometteuses pour l’autonomie de la Flandre. Des prédictions qui se sont soldées par autant de mirages : les perspectives de revirement politique se sont éloignées à chaque échéance. Le big bang institutionnel et la révolution copernicienne n’ont jamais vu le jour. Et 2024 risque, pour les flamingants, d’être un nouveau mirage en pleine traversée du désert politique.

Si les deux partis nationalistes reprochent au gouvernement fédéral de ne pas disposer d’une assise électorale suffisante, cela devrait justement les inciter à ne rien lâcher lors des débats et à continuer de défendre bec et ongles les intérêts flamands. Et en attendant, ils pourront se préparer sérieusement en vue du prochain scrutin, s’organiser et mobiliser des électeurs. S’il y a bien une chose que les élections américaines nous ont apprise, c’est que les votes ne sont jamais acquis et qu’il faut se battre jour après jour pour les mériter. Les politiques sont constamment en campagne électorale et doivent sans cesse rendre des comptes aux citoyens.

Il est temps de donner la réplique au fédéral 

Avec 88 sièges sur 150 à la Chambre, la coalition Vivaldi dispose d’une majorité confortable, surtout si on y ajoute les cinq sièges de l’obligeant parti francophone CDH. C’est pourquoi une faible défaite électorale pour chacun des sept « vivaldistes » en 2024 n’entraînerait pas la perte de leur majorité parlementaire. À maintes reprises, le récent accord du gouvernement fédéral présente 2030, année du bicentenaire de la Belgique, comme perspective. Aussi, la semaine dernière, des personnalités aussi importantes que le vice-Premier ministre Ecolo Georges Gilkinet et le président de l’Open VLD Egbert Lachaert ont affirmé que le projet ne doit pas se limiter à une seule législature. 

Les nationalistes flamands, qui constituent presque la seule force politique de l’opposition, devraient profiter de leur position pour donner le change chaque jour au fédéral. Mais l’horizon 2024 est si lointain qu’il semble leur brouiller la vue. Certes, il est difficile de s’opposer farouchement à un gouvernement fédéral qui se cantonne à gérer la situation sanitaire, mais où sont donc passés les dizaines de députés qui, d’ordinaire, se plaisent à remuer les dossiers délicats dans les autres domaines ? Ce sont souvent les mêmes élus qui montent au créneau. Ça fait peu.

Une certaine lassitude 

La N-VA se trouve dans une position inconfortable. Mais l’indécision au sommet du parti est encore plus préoccupante. En effet, il hésite entre deux voies stratégiques, ce qui frustre plus d’un cadre du parti. Il est aussi question de lassitude : récemment, face à l’absentéisme croissant des députés, Liesbeth Homans, la présidente du Parlement flamand, a dû demander en interne aux membres de son groupe parlementaire de participer à davantage de séances. La passivité est aussi une réalité au niveau fédéral. Peter De Roover, chef de groupe N-VA, a déclaré que certains membres de son parti sont parfois trop prudents : « Certains ont l’impression qu’il faut rédiger des thèses de doctorat et n’osent pas s’exprimer tant que leur dix-septième note de bas de page n’est pas parfaite. » (DS du 21 novembre)

Le Vlaams Belang, lui, a encore trois ans pour se préparer à devenir un parti de pouvoir. Quatre chantiers majeurs l’attendent. Tout d’abord, ce parti doit élargir ses effectifs. Son attitude ambiguë lors de l’affaire Neefs et sa tendance à fermer les yeux sur les propos douteux de ses membres indiquent qu’il n’a pas encore évolué sur ce plan. Ensuite, s’il veut séduire l’électorat, il devra lui présenter un programme clair, définitif et revu de fond en comble. Troisièmement, l’adoption d’un nom de parti plus consensuel lui permettrait de marquer la rupture avec son passé judiciaire. Enfin, pour augmenter ses chances de participer à une coalition, il doit sérieusement s’atteler à normaliser, en coulisses, ses relations politiques avec plusieurs partis flamands.

Les nationalistes vont devoir lutter

Au fédéral, les membres de l’opposition ne se montrent pas spécialement critiques envers l’exécutif alors que celui-ci tend à éclipser le gouvernement flamand. Visiblement, chaque jour, les ministres de la Vivaldi tentent de se dépêtrer dans cette galère politique en s’adaptant tant bien que mal à la situation. Même si leurs efforts ne semblent peut-être pas toujours élégants, le Flamand aime voir que des personnalités éminentes continuent de déployer des efforts sous les feux des projecteurs pour aller de l’avant. Peut-être cela leur vaudra-t-il des voix à terme, qui sait ?

Les partis de la Vivaldi ont uni leur destinée, tandis que les deux partis flamingants cherchent encore un peu leur place au sein de l’opposition. Sur leur route vers 2024, les nationalistes flamands devront se battre avec vigueur. Sont-ils seulement conscients de l’ampleur de la tâche électorale qui les attend ?

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