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22·12·17

Voici comment taxer Facebook

Ce texte a été traduit par les étudiants de deuxième Master de la Faculté de traduction et d’interprétation (FTI-EII) de l’Université de Mons, sous la supervision de Guillaume Deneufbourg.

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

CC0 Pixabay

Le domaine des nouvelles technologies de l’information a vu naître toute une série d’entreprises qui sont devenues tellement rentables qu’elles ont aujourd’hui toutes une place dans le top 10 des entreprises les plus riches du monde. Je fais ici référence à la valeur monétaire de toutes leurs actions en circulation, c’est-à-dire à leur capitalisation, comme les économistes l’appellent.

Alphabet (plus connue sous le nom de Google), Amazon, Microsoft, Facebook, Alibaba, valent chacune au moins 400 milliards de dollars sur les marchés boursiers. Elles ne produisent rien de matériel ; elles « fabriquent » de l’information. Si ces sociétés rencontrent un succès sans précédent, elles font également émerger de nouveaux problèmes. Examinons-les de plus près.

Ce qui saute directement aux yeux, dans ce cas précis, c’est que le coût marginal de l’information produite est nul. Pour réaliser une vidéo YouTube, un investissement initial est bien sûr indispensable, comme une caméra, un ordinateur et une connexion Internet, mis une fois cette dépense consentie, la vidéo peut être diffusée indéfiniment sans coût supplémentaire. Qu’il y ait dix, cent ou cent mille vues, cela ne change rien au prix de revient de la vidéo. Le coût marginal (le coût d’une vue supplémentaire) est donc égal à zéro.

Ce n’est pas tout. Plus la vidéo est visionnée, plus elle prend de la valeur. Si elle comptabilise un million de vues, elle intéressera les annonceurs, qui seront prêts à payer le prix fort pour y placer leur publicité. Ainsi, si le coût marginal de la vidéo est nul, sa recette marginale augmente quant à elle bel et bien avec le nombre de vues. Plus votre vidéo a du succès, plus vous vous enrichissez, sans même avoir à lever le petit doigt.

Une poignée de privilégiés

Ce business model engendre une série de problèmes. Premièrement, les sociétés de l’information créent beaucoup de valeur économique sans devoir se soucier des facteurs de production. Il faut ainsi très peu de personnel pour générer beaucoup de revenus. Facebook, avec une capitalisation de 400 milliards de dollars, emploie 21 000 personnes. Walmart, dont la capitalisation s’élève à 220 milliards de dollars, compte 2,1 millions de collaborateurs. Facebook a donc une capitalisation près de deux fois supérieure, mais emploie cent fois moins de personnel ! Résultat : cette énorme valeur économique ne profite qu’à quelques privilégiés. Une inégalité à l’effet potentiellement explosif.

Deuxièmement, les personnes qui s’inscrivent sur ces plateformes (Facebook et autres) donnent gracieusement leurs informations personnelles, qui prennent ensuite de la valeur avec le nombre de nouveaux profils créés. La richesse des informations est telle qu’elle permet aux annonceurs de placer des publicités extrêmement ciblées. Le rêve.

Des entreprises telles que Facebook produisent ainsi de l’information qui génère beaucoup de revenus en utilisant des ressources qu’elles acquièrent gratuitement. Voilà la recette pour faire fortune en gardant pratiquement tout pour soi !

Cette situation est intenable. Beaucoup trop de richesses reviennent à une part toujours plus mince de privilégiés. Comment y remédier ? Voici ma suggestion. En 2016, Facebook a encaissé 26 milliards de dollars de revenus publicitaires. Elle le doit aux ressources gratuites que lui fournissent ses utilisateurs. L’État devrait appliquer une taxe de 50% sur ces revenus, en partant du principe qu’au moins la moitié  est générée grâce aux informations gratuites. Cela équivaudrait à 13 milliards de dollars. Facebook compte actuellement quelque 1,23 milliard d’utilisateurs, ce qui reviendrait à environ 10 dollars par utilisateur et par année. Cela me semble être une bonne estimation de la valeur de l’information que l’utilisateur met à la disposition de Facebook.

Ma proposition est donc la suivante : faire payer à Facebook une taxe de 10 dollars par utilisateur et par année. Les finances du richissime Mark Zuckerberg ne devraient pas trop s’en ressentir.

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