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Ces responsables locaux qui continuent de se comporter comme si tout était permis
20·09·22

Ces responsables locaux qui continuent de se comporter comme si tout était permis

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Veerle Heeren, ex-bourgmestre de Saint-Trond. JORIS VLIEGEN (Belga)

Auteur⸱e
Guilhem Lejeune
Traducteur Guilhem Lejeune

Veerle Heeren n’est plus bourgmestre de Saint-Trond. Mais la seule question que l’on peut réellement se poser est de savoir comment il est possible qu’elle ait pu le rester si longtemps. En pleine pandémie, l’élue locale avait grillé la politesse à tout le monde en faisant administrer le vaccin tant convoité à elle-même et à ses proches, avant de se confondre en explications mensongères. Il aura pourtant fallu deux affaires extrêmement compromettantes de plus pour que Veerle Heeren et son parti — ne l’oublions pas — comprennent qu’une seule issue était envisageable : la démission.

Comment est-il possible que Heeren et le CD&V aient mis si longtemps à trouver la voie de la sortie ? Plusieurs éléments peuvent expliquer cette situation. En voici deux : la loyauté à Heeren, fidèle soldat de son parti, et la nécessité de faire figurer des noms connus sur les listes des démocrates-chrétiens en 2024, année ô combien importante sur le plan électoral — d’autant plus que le chef de file du mouvement dans le Limbourg, Wouter Beke, avait déjà dû abandonner ses fonctions ministérielles au mois de mai.

Voici une troisième explication : comble de l’ironie, Ludwig Vandenhove (Vooruit) a aidé à pousser Veerle Heeren vers la sortie. Celui qui occupait le siège de la bourgmestre avant l’arrivée de celle-ci à la maison communale de Saint-Trond, et qui reste un membre de premier plan de sa formation, entend bien tirer profit de sa démission.

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« Ceux qui vous condamnent le plus sévèrement sont les mêmes qui estiment que vous devez partager une bière avec eux. Mais avec quelqu’un d’autre, ce n’aurait pas été possible », déclarait Vandenhove dans ce même journal à l’été 2012. En deux phrases, il résumait ainsi les obstacles que rencontrent nombre de responsables politiques locaux au cours de leur carrière. Sa consommation abusive d’alcool avait déjà largement discrédité l’ancien bourgmestre, mais on lui mettait quand même un verre à la main quelle que soit l’occasion : noces d’or de ses administrés, dîners organisés au profit de telle organisation et autres fêtes de quartier. Il aurait pu refuser, mais une autre fois, pas à cet événement-là.

« Comment est-il possible que Veerle Heeren et le CD&V aient mis si longtemps à trouver la voie de la sortie ? »

Une belle métaphore de la façon dont le service politique est encore considéré à ce jour.

Il flotte dans l’air une odeur de salons enfumés et de copinage imbibé qui favorisent toujours les mêmes. Tout le monde crie au scandale jusqu’à ce qu’il s’avère que le terrain de bonne-maman rapporterait bien plus s’il était vendu en lotissement. Le ou la bourgmestre pourraient-ils jeter un œil au dossier ?

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Tout cela pour dire que, malgré tous les appels au renouveau, la politique locale constitue l’échelon d’administration où, encore plus qu’ailleurs, les responsables évoluent dans un écosystème où la zone grise n’est jamais bien loin. Mais franchir cette frontière est et reste un choix. Face à des propositions indécentes, le refus demeure une option — c’est même une excellente réponse, la seule qui convienne. C’est aux mandataires publics qu’il appartient de respecter un code de déontologie fondé sur « le service à la population, l’utilité, l’indépendance, l’ouverture, la confidentialité et la diligence », pour citer l’Union des villes et communes de Flandre.

Et lorsqu’un mandataire ne prend pas ses responsabilités, il revient, au minimum, à son parti de le faire. Il est incompréhensible et, pour le CD&V, désastreux que cette démission ne soit pas intervenue plus tôt. À moins que l’objectif du parti n’ait été de rappeler à chacune et à chacun cette loi immuable de la politique : une fois les ailes brûlées, inutile de guérir les plaies dans le bain voluptueux du pouvoir. Elles n’en ressortiront que plus purulentes.

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