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28·06·16

Cameron entre dans l’histoire, le pantalon baissé

Temps de lecture : 3 minutes

La place qu’occupera David Cameron dans l’histoire est désormais connue : c’est le Premier ministre qui a provoqué la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, et ce, par calcul politique. Cameron restera le loser du 10 Downing Street.

Fabian Lefevere est responsable de rédaction à deredactie.be et a été pendant plusieurs années journaliste politique et correspondant à l’étranger.

On aurait presque pitié de David Cameron et de la manière dont il a – accompagné de sa femme – dû affronter la presse internationale, le pantalon baissé, dans la foulée de sa défaite cuisante au référendum sur le Brexit.

Pas étonnant qu’il n’ait répondu à aucune question : que pouvait-il ajouter de sensé après l’annonce de sa démission ?

En même temps, il n’y a guère de raisons de faire preuve d’une empathie exacerbée envers le futur ex-Premier ministre de la Grande-Bretagne. C’est lui qui, en 2013, a ouvert la boîte de Pandore en promettant le référendum.

Promenade de santé

Ce n’est pas Boris Johnson, bien que ses motifs de soutenir la campagne du Brexit fussent douteux, car dictés par des ambitions personnelles. Ce n’est pas non plus Michael Gove, le ministre de la Justice qui a conservé une rancœur amère contre Bruxelles suite à la faillite de l’entreprise de pêche de son père adoptif. Et certainement pas Nigel Farage, le chef de file de l’UKIP, qui a simplement saisi la balle au bond.

Cameron pensait que ce serait une promenade de santé, une bataille qu’il ne pouvait pas perdre. Avec un référendum, il cherchait à faire taire l’aile eurosceptique de son propre parti et à endiguer la montée de l’UK Independence Party europhobe, ce qui lui permettrait d’asseoir son programme socioéconomique.

Héritage ?

Les choses se sont passées différemment. Le calcul politique pur et simple de Cameron lui a explosé au visage et a fait de lui le minus des Premiers ministres britanniques. En effet, évoquons rapidement ce que Cameron laissera derrière lui.

Tout d’abord, il lègue un pays polarisé. Le débat houleux des dernières semaines a infligé des blessures à la population. On a assisté à un spectacle affligeant, à coups de chiffres erronés, de caricatures et – appelons un chat un chat – de mensonges éhontés. À l’instar de la population britannique, le Parti conservateur de Cameron est marqué par un profond clivage.

Uni ?

Cela ne s’arrête pas là. Le pays lui-même – si on peut considérer la Grande-Bretagne comme un seul pays – est soumis à une forte pression. Il ne serait pas surprenant que les Écossais lancent un nouveau référendum pour l’indépendance.

En Irlande du Nord, le Sinn Fein catholique appelle même à un référendum sur le rattachement à la République d’Irlande. Quelle situation précaire : en Irlande du Nord, on a coutume de prendre les armes pour régler les différends politiques.

Économie ?

Simultanément, Cameron a joué avec le bien-être de sa population : il est presque inévitable que les Britanniques essuient un revers économique. (Même si les choses vont sans doute se tasser, et les marchés boursiers et financiers se redresser quelque peu).

Quant à nous, les rescapés sur le continent, nous pouvons également nous attendre à des dommages économiques. Cependant, ici aussi, il convient d’apporter une nuance. Un accord économique avec les Britanniques va indubitablement tomber, ce qui signifie que tous les chiffres – les 12 000 emplois perdus chez nous  par exemple – seront bâtis sur des sables mouvants.

Union européenne ?

Une conséquence supplémentaire : toute la construction européenne pourrait être menacée si une vague de référendums était organisée dans d’autres États membres.

Or, il importe d’être nuancé une fois encore : il n’est pas sûr que ce scénario se réalise et que cela soit nécessairement une mauvaise chose. Le Brexit peut aussi être l’occasion de construire un projet européen plus moderne, qui est plus proche du sentiment sous-jacent et qui tient davantage compte de l’aversion d’importantes tranches de la population européenne pour l’Union actuelle.

Mais la décision historique des Britanniques n’apportera pas beaucoup d’autres aspects positifs. Bien joué Dave.

Lire aussi : « Brexit, une campagne d’hypocrite », l’édito de Jan Segers (Het Laatste Nieuws), en français sur DaarDaar ! 

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