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Brussels Airlines est-elle digne de tant de largesses?
14·05·20

Brussels Airlines est-elle digne de tant de largesses?

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Photo by Ethan McArthur on Unsplash

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Chez Brussels Airlines, on n’aura pas attendu la réouverture des coiffeurs et des barbiers pour donner les premiers coups de rasoir. Au sein de cette compagnie aérienne allemande que d’aucuns appellent encore la nôtre, un millier d’emplois risque de passer à la trappe. Les partenaires sociaux espèrent limiter la casse à quatre cents licenciements secs. La formule fait froid dans le dos, mais s’ils arrivent à restreindre les dégâts à ce chiffre, la compagnie pourra s’estimer heureuse.

Cette compagnie aérienne allemande que d’aucuns appellent encore la nôtre

Le secteur tout entier bat de l’aile – plusieurs mois, voire plusieurs années avant de revenir à son niveau d’antan. Dans ce contexte, ces emplois perdus ne sont finalement pas si nombreux. D’autres secteurs se rétabliront plus vite que l’aviation, mais le nombre de licenciements y sera proportionnellement bien supérieur, car leur marge de manœuvre y est plus réduite. Et puis, l’État belge a toujours eu un faible pour nos ambassadrices volantes, la Sabena d’abord, Brussels Airlines ensuite. Toujours prêt à mettre la main au portefeuille, et même à racler les fonds de tiroir, pour sauver les joyaux de la couronne. Le gouvernement met donc 300 millions sur la table. Sous conditions, certes, mais 300 millions tout de même. Cela fait cher l’emploi.

L’effondrement de la moitié de l’aéroport.

Brussels Airlines est-elle digne de tant de largesses ? La compagnie offre-t-elle, en tant que marque belge et vitrine de notre pays dans le monde, une plus-value économique justifiant pareil effort ? Cette valeur ajoutée ne serait-elle pas surtout sentimentale ? Le cas est complexe. Laisser la compagnie mourir de sa belle mort provoquerait l’effondrement de la moitié de l’aéroport. En termes d’emplois, un bain de sang social – pas à cause de la faillite de la compagnie elle-même, mais de ses effets collatéraux sur les sous-traitants. Brussels Airlines, filiale déficitaire d’une maison-mère bien portante.

« Et à la fin, c’est toujours l’Allemagne qui gagne »

Mais Lufthansa connecte Bruxelles au reste du monde, de New York à Kinshasa. Elle permet à notre capitale d’être le carrefour de l’Europe, plaque tournante internationale rivalisant avec Washington, Pékin et Moscou. Il serait dangereux de voir cette situation comme un éternel acquis. En moins de temps qu’il n’en faut pour relier les deux villes en avion, le cœur battant de l’Europe peut se retrouver à Vienne, où il a géographiquement sa place.

Il serait donc déraisonnable d’abandonner la compagnie. Même si nous sommes aux crochets d’un patron allemand. Gardons en tête la célèbre phrase du footballeur anglais Gary Lineker, qui s’applique aussi à l’aviation : « Et à la fin, c’est toujours l’Allemagne qui gagne ».

Pour ceux qui y ont travaillé, la Sabena a toujours été plus qu’un simple uniforme. C’était une fierté. Un mode de vie. C’est un peu moins vrai pour Brussels Airlines, mais tout de même. Autour des compagnies aériennes belges, qu’elles volent sous pavillon suisse ou allemand, il flotte toujours un doux parfum de haute finance à la Davignon, homme d’État toujours prêt à servir son pays en bazardant ses trésors au plus offrant. Brussels Airlines recevra-t-elle demain une nouvelle aide des contribuables belges ? Sans doute. Le soutien nous semblera-t-il trop généreux ? Peut-être bien.  Et qui plus est, sans la moindre garantie à long terme. Car à ce jour, personne ne peut en offrir. Pas même les Allemands.

Pour chaque emploi perdu à l’aéroport, des centaines d’autres disparaissent ailleurs dans le pays

Les autres entreprises en difficulté dans ce pays doivent être amères en voyant les efforts déployés par le gouvernement belge pour sauver Brussels Airlines. Hébétées, elles observent la scène, un genou à terre. Pour chaque emploi perdu à l’aéroport, des centaines d’autres disparaissent ailleurs dans le pays. Au compte-goutte. Dans l’anonymat. Sans ministre pour venir témoigner de sa compassion. C’est dur. Nous espérons de tout cœur, pour toutes ces entreprises et tous ces gens, que la chute ne sera pas fatale. Que toutes et tous pourront redécoller très vite, avec une même détermination, une même volonté d’atteindre les étoiles. Parce que the sky is the limit.

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