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Bien-être animal : Guantanamo en Flandre occidentale
15·09·17

Bien-être animal : Guantanamo en Flandre occidentale

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(c) BlackRiv

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Allez, Ben Weyts. Administrez-leur une bonne décharge. Pas aux animaux, mais directement aux abattoirs.

On ne mesure pas le degré de civilisation d’une société à son produit intérieur brut. Ni à son fonctionnement démocratique. Ni à son niveau d’instruction. Mais à la manière dont elle traite les plus faibles et les plus vulnérables. Ses enfants. Ses vieux. Ses malades. Et — oui — ses animaux. Autrefois, il n’y a pas si longtemps, la situation était différente. Les animaux étaient considérés comme des êtres subalternes et inférieurs dépourvus de sentiments. Cette époque est révolue. Car notre sensibilité aux souffrances animales s’est exacerbée ces dernières années. Et à raison. Une évolution qui n’a malheureusement pas encore percolé dans tous les abattoirs flamands. Le secteur de la viande fait comme si de rien n’était, mais il se trompe de siècle. Allez, Ben Weyts. Administrez-leur une bonne décharge. Pas aux animaux, mais aux responsables du secteur.

Bestialité. Quel autre mot employer pour décrire les actes de cruauté envers les porcs, les poussins et les bœufs auxquels on a assisté à Tielt et à Izegem ? Pour décrire la torture infligée aux animaux, avec leur mort à la clé ? Toute réflexion faite, il en faudrait un autre. Car il n’y a qu’un seul animal capable de commettre les actes que nous taxons de bestialité : l’être humain. Les images d’Animal Rights ne peuvent pas être minimisées. Elles ne peuvent pas être excusées par les tortionnaires de faction ce jour-là, relativisées par la direction de l’abattoir, dédramatisées par les responsables politiques, balayées par les consommateurs. Elles sont trop violentes pour cela. Nul besoin d’être un militant des droits des animaux pour s’en scandaliser. Nul besoin d’être ou de devenir végétarien pour en avoir la nausée. Animal Rights affirme que les hommes qui tuent des animaux pour leur consommation sont des meurtriers. Même si l’on ne partage pas cette idée et si l’on peut apprécier un bon morceau de viande de temps à autre sans se sentir coupable, ces pratiques honteuses et indignes sont inacceptables — comme si la Flandre occidentale abritait son propre Guantanamo.

La manière dont la direction de l’abattoir semble tomber des nues à chaque affaire a de quoi exaspérer. À chaque nouveau scandale, elle fait mine d’être choquée — sincèrement. Les directeurs mettent-ils parfois les pieds dans le poste d’abattage ? Ne voient-ils pas que tous leurs collaborateurs ne sont pas aussi soucieux du bien-être des animaux, jusqu’à leur mort ? S’il serait tendancieux de soupçonner les directions de faire délibérément de la maltraitance des animaux un élément de leur culture d’entreprise, elles n’en demeurent pas moins responsables des actes de leurs employés. Qui sont parfois flamands. Parfois pas. Ils viennent parfois de pays où les droits des animaux ne sont qu’un vœu pieux — qu’on se souvienne de ces ouvriers polonais de l’abattoir de Lokeren qui, en plus de martyriser les animaux, se sont entretués sous l’influence de l’alcool et de stupéfiants. Dans le secteur, les marges ne sont pas élevées. Par conséquent, moins le travail coûte cher, mieux c’est. Plus la vache ou le cochon meurt vite, mieux c’est. Ce qui donne lieu à des atrocités, comme on peut encore une fois le constater.

Les événements d’Izegem et de Tielt mettent chacun face à ses responsabilités. D’abord, le monde politique, flamand ou fédéral, qui doit considérablement renforcer les contrôles et durcir les sanctions. Ensuite, la filière, qui doit être plus critique envers elle-même et son personnel — si ce n’est par souci réel du bien-être animal, qu’elle le fasse dans son propre intérêt, car son image est sérieusement écornée. Les consommateurs, enfin, qui doivent se rendre compte que de la même façon que les vêtements très bon marché sont souvent le fruit du travail des enfants, la viande à bas prix peut provenir d’animaux maltraités. Morrissey n’avait pas tout à fait tort : parfois, meat is murder, la viande est un meurtre. Y compris en Flandre.

 

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