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Attentat contre Salman Rushdie : il est temps que l’Occident se réveille
18·08·22

Attentat contre Salman Rushdie : il est temps que l’Occident se réveille

Theo Francken, ancien secrétaire d’État à l’Asile et la migration, est député fédéral à la Chambre pour la N-VA.

Darya Safai est également député N-VA à la Chambre.

Temps de lecture : 4 minutes Crédit photo :

Image par jorono de Pixabay

Après avoir passé 33 ans à craindre pour sa vie, Salman Rushdie, l’écrivain de renommée mondiale, aura finalement été victime d’une tentative d’assassinat dont l’auteur, Hadi Matar, 24 ans, entretient selon diverses sources médiatiques des relations avec les mouvances extrémistes chiites.

Dans son roman le plus célèbre, Les Versets sataniques, Salman Rushdie se montre extrêmement critique envers l’islam. En représailles, une fatwa a été lancée contre l’écrivain par l’ayatollah Khomeini, à la tête de la République islamique d’Iran lors de la publication de l’ouvrage.

« J’appelle tous les musulmans zélés à les exécuter rapidement, où qu’ils les trouvent, afin que personne n’insulte les saintetés islamiques »

Voici l’appel lancé par le guide suprême à l’époque : « Je veux informer tous les musulmans que l’auteur du livre intitulé Les Versets sataniques, qui a été écrit, imprimé et publié en opposition à l’islam, au prophète et au Coran, aussi bien que tous ceux qui, impliqués dans sa publication, ont connaissance de son contenu, sont condamnés à mort. J’appelle tous les musulmans zélés à les exécuter rapidement, où qu’ils les trouvent, afin que personne n’insulte les saintetés islamiques. Quiconque mourra pour cette cause sera considéré comme un martyr. C’est la volonté de Dieu. »

Une existence clandestine

Condamné à vivre dans la clandestinité et dans la terreur, Salman Rushdie a été privé d’un quotidien normal tout au long des 33 dernières années. Si on a pu espérer que la fatwa serait levée après la mort de l’ayatollah Khomeini, elle a toutefois été réaffirmée par l’actuel dirigeant de la République islamique d’Iran, l’ayatollah Khamenei.

En 2019, celui-ci s’est en effet exprimé dans un tweet parfaitement clair : « Le verdict prononcé par l’imam Khomeini au sujet de Salman Rushdie se fonde sur des versets divins et est, à leur image, solide et irrévocable. »

Darya Safai, l’ancienne réfugiée iranienne devenue candidate N-VA

Des actes terroristes en représailles

Cette fatwa entraîna des conséquences extrêmes. Ainsi, le 28 février 1989, deux semaines après que Khomeini eut lancé sa fatwa appelant au meurtre de Salman Rushdie, une librairie universitaire proposant Les Versets sataniques fut bombardée par des terroristes à Berkeley. La même année, un dignitaire religieux saoudien et un autre, tunisien, furent assassinés à Bruxelles pour s’être opposés à la fatwa de Khomeini. En 1991, le traducteur japonais des Versets sataniques fut poignardé à mort ; en 1993, l’éditeur norvégien de l’ouvrage survécut à une blessure par balle.

« Moustapha Mazeh, appartenant au mouvement terroriste libanais Hezbollah, fabriqua une bombe artisanale afin d’ôter la vie à Rushdie ; l’engin s’étant déclenché trop tôt, c’est lui qui y laissa la sienne. »

Quant à Salman Rushdie, ce n’est pas la première fois qu’il est la cible d’un attentat. Le premier remonte à mars 1989, soit à peine un mois après la fatwa prononcée par Khomeini. Moustapha Mazeh, qui appartenait au mouvement terroriste libanais Hezbollah, fabriqua une bombe artisanale afin d’ôter la vie à Rushdie ; l’engin s’étant déclenché trop tôt, c’est lui qui y laissa la sienne. Il fut inhumé en martyr dans le cimetière public de Téhéran.

Les valeurs occidentales

Les valeurs qui sont au fondement de notre modèle occidental se trouvent éminemment menacées par cet événement tragique. Plus que jamais, les dirigeants occidentaux doivent montrer leur détermination à garantir notre liberté d’expression et à la défendre contre l’islamisme, contre le terrorisme. Malheureusement, force est de constater que l’on préfère parfois se cantonner à l’autocensure et que l’on continue de flirter avec ce type de régimes — y compris avec la République islamique d’Iran, le plus grand État à parrainer le terrorisme. En conséquence, les attaques contre le monde libre et les citoyens occidentaux ne font que se multiplier.

Exécution du professeur Djalali : le chantage iranien

Les événements récents ne manquent pas pour en attester. Citons, par exemple, l’attentat à la bombe — heureusement déjoué — que projetait Assadollah Assadi lors d’un rassemblement d’opposants iraniens à Paris. Ou l’attentat déjoué, à New York, contre la journaliste et écrivaine iranienne Masih Alinejad. Ou encore les rumeurs faisant état d’un projet d’assassinat par les Iraniens de l’ancien conseiller à la sécurité nationale américain John Bolton. Enfin, plus proche de chez nous : la séquestration du professeur Ahmadreza Djalali, d’Olivier Vandecasteele et, très récemment, d’un ressortissant suédois. Ces derniers exemples sont imputables à la complaisance de certains dirigeants occidentaux envers la diplomatique du chantage pratiquée par l’Iran.

Traité avec l’Iran

À notre grand regret, cette situation a débouché sur la conclusion d’un traité, entre le gouvernement belge et les ayatollahs iraniens, qui n’offre pourtant aucune garantie quant à la libération des otages belges, mais prévoit bien, en revanche, le transfert d’Assadollah Assadi, le terroriste évoqué ci-dessus — il pourra retourner en Iran, où on lui déroulera le tapis rouge. Jusqu’à présent, aucun autre pays occidental n’avait osé passer ce genre d’accord, par ailleurs sévèrement critiqué jusque dans les sphères internationales.

« C’est précisément avec le régime qui a prononcé une fatwa contre Salman Rushdie, et promis 3 millions de dollars pour sa tête, que le gouvernement De Croo a conclu ce pacte diabolique. »

Le bâtonnier de l’ordre français des avocats du barreau de Bruxelles a d’ailleurs qualifié cette loi de « gifle infligée à la justice belge ». Shirin Ebadi, lauréate du prix Nobel de la paix, y voit pour sa part « une participation directe au terrorisme ». Alors que de nombreux partis de la majorité ont donné leur feu vert à cet accord, la consternation n’en a été que plus grande. Et l’attentat contre Salman Rushdie rend la pilule encore plus amère. Car c’est précisément avec le régime qui a prononcé une fatwa contre l’écrivain, et promis 3 millions de dollars pour sa tête, que le gouvernement De Croo a conclu ce pacte diabolique.

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« Dès le début, les hommes se sont servis de Dieu pour justifier l’injustifiable. » Par ces mots, Salman Rushdie, qui se trouve actuellement entre la vie et la mort, avait — hélas — prédit son propre sort. Mais les marques de soutien ne suffisent pas. L’Occident devrait, encore une fois, tirer les enseignements de cet attentat : la sauvegarde de la liberté d’expression revêt une importance vitale. Tout signe de faiblesse, face à de tels régimes, va à l’encontre de ce droit fondamental.

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