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Absurdités linguistiques : un guichet à part pour les Flamands de Bruxelles ?
17·09·20

Absurdités linguistiques : un guichet à part pour les Flamands de Bruxelles ?

Egbert Lachaert plaide pour une fusion des six zones de police à Bruxelles. Pour ce faire, il est disposé à faire une énorme concession en faveur des francophones, ce que Luckas Vander Taelen qualifie d’erreur stratégique.

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(cc) Pixabay

Les médias flamands ont à peine abordé le sujet, mais il s’avère que la “note préparatoire” d’Egbert Lachaert (Open VLD) comporte bel et bien des propositions concernant Bruxelles. Voici donc l’unique bonne nouvelle pour les Bruxellois flamands : les négociateurs manifestent un tant soit peu d’intérêt à l’égard de leur ville.

Cela étant dit, quiconque se penche sur les petites idées bruxelloises de Lachaert ne tardera pas à déchanter. Il est regrettable que celles-ci n’aient plus le moindre écho en Flandre, car ce que le préformateur met sur la table pourrait sans doute entrainer des effets considérables.

Seuls 10% des contrats remplissent l’obligation de bilinguisme

Lachaert évoque tout d’abord l’application de la législation linguistique au sein de notre capitale, qui laisse quelque peu à désirer. Chaque année, Jozef Ostyn, vice-gouverneur, rédige consciencieusement un rapport accablant sur le sujet. Il en ressort à chaque fois que les communes ne tiennent pas compte de la législation dans leurs nominations. La plupart des dossiers sont en réalité irrecevables, mais les administrations communales s’en soucient comme d’une guigne.

La Région ne suit jamais les recommandations du vice-gouverneur afin de suspendre les contrats illégaux. Elle échappe ainsi aux lois linguistiques : seulement 10% des contrats remplissent l’obligation de bilinguisme.

Le Flamand de service

Selon la plus pure tradition, les francophones appliquent uniquement les lois linguistiques lorsque cela les arrange. Quand la N-VA plaidait, précédemment lors des négociations, pour une modification des facilités linguistiques dans la périphérie flamande, les protestations virulentes ne se sont pas fait attendre. Selon le journal Le Soir, les droits fondamentaux des francophones étaient menacés.

Or si vous osez faire remarquer que quelque chose ne tourne pas rond dans l’application des règles linguistiques au sein de la région bilingue de Bruxelles-Capitale, les politiques francophones détournent le regard dans la direction opposée. Selon eux, les lois linguistiques sont seulement importantes dans les communes à facilités autour de Bruxelles et ne sont que broutille dans la capitale proprement dite.

On aurait pu s’attendre à ce qu’un préformateur flamand mette fin, une fois pour toutes, à cette situation illégale et fasse des propositions afin de donner force contraignante aux suspensions décidées par le vice-gouverneur. Hélas, Lachaert vise exactement le contraire. Il va même jusqu’à ressortir une vieille exigence francophone du placard, jugée de tout temps inacceptable par les Flamands bruxellois : des services bilingues, mais des fonctionnaires unilingues. En pratique, cela signifie un guichet à part pour les Flamands. Guichet derrière lequel se trouverait le Flamand de service, en guise d’arbre qui cache la forêt. Les services communaux se franciseraient alors encore davantage. Roger Nols, l’inénarrable bourgmestre de Schaerbeek, a déjà voulu mettre en place un tel guichet. S’en sont suivies de vives oppositions dans l’enceinte de la maison communale.

Manœuvres absurdes

En compensation de cette énorme concession en faveur des francophones, Lachaert veut obtenir la fusion des six zones de police, revendication flamande qui ne date pas d’hier. Il est du reste absurde qu’une organisation efficace des services de police d’une métropole soit vue comme une concession faite aux Flamands. Ce sont tous les habitants de Bruxelles qui en bénéficieraient. Mais surtout, une zone de police unique n’a que peu de sens si les dix-neuf communes et leurs bourgmestres restent en place. Ces derniers continueraient à chapeauter leur police.

Aussi longtemps qu’une meilleure organisation de la Région de Bruxelles-Capitale ne sera pas à l’ordre du jour, de telles manœuvres seront absurdes. Les négociateurs flamands devraient avoir le courage d’exiger un transfert du pouvoir des communes vers la Région. Il devrait même s’agir de l’enjeu des négociations. Une concession en matière d’utilisation des langues à Bruxelles en échange d’une fusion des zones de police serait, en définitive, une grande erreur stratégique.

Pourvu que les négociateurs flamands soient conscients de l’importance du respect des lois linguistiques et qu’ils ne les bafouent pas dans leur soif de compromis inespéré.

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