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05·02·19

Numéros INAMI : la Wallonie rallume le feu de la discorde

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

Photo by Martin Brosy on Unsplash

Bart Brinckman
Auteur⸱e
Maxime Kinique
Traducteur Maxime Kinique

La vieille guerre communautaire liée à l’octroi de numéros INAMI connaît une nouvelle poussée de fièvre. Maggie De Block, ministre de la Santé publique (Open VLD), menace de ne pas délivrer d’attestation de contingemment aux médecins wallons en formation. Conséquence : leur patientèle n’aurait alors pas droit au remboursement des prestations reçues. En Wallonie, la colère gronde. D’aucuns dénoncent une attitude frileuse de la ministre face à la N-VA.

Trois arguments sont avancés pour justifier une limitation du nombre de médecins. Primo, accepter trop de médecins, cela revient à mettre la pression sur la sécurité sociale : la formation est non seulement coûteuse, mais un excédent de praticiens risque aussi d’encourager les thérapeutes désireux d’augmenter leurs revenus à privilégier une médecine à la prestation. Secundo, pour pouvoir se forger une expérience de qualité, il est essentiel que nos médecins puissent accueillir suffisamment de patients dans leur cabinet. Tertio, il est nécessaire que les places de stage soient disponibles en suffisance afin que celles et ceux qui nous soigneront demain puissent se former correctement aujourd’hui.

Défendre les intérêts de la corporation

Un examen d’entrée permet de sélectionner les meilleurs candidats et d’augmenter ainsi le taux de réussite en première année. Un numerus clausus n’en demeure pas moins une mesure essentiellement corporatiste. L’accès protégé à la profession garantit un certain niveau de salaire. Le contingentement a pour finalité de défendre les intérêts de la corporation.

On assiste par essence à un affrontement idéologique. La Wallonie considère le numerus clausus et l’examen d’entrée comme des mesures non démocratiques. Ce n’est qu’au prix d’années de négociations que les protagonistes de ce débat ont pu s’entendre sur une répartition acceptable pour la Flandre. Mais aujourd’hui, au sud de la frontière linguistique, les élus s’agitent à nouveau : à leurs yeux, la pénurie de généralistes est trop grande et trop de médecins étrangers prennent la place des médecins wallons. Bref, davantage de visas doivent être accordés.

La pénurie de médecins généralistes que connaît la Wallonie reflète en réalité un excédent de spécialistes.

Ces arguments ne convainquent pas. Car s’il est vrai que des médecins non originaires d’un État membre de l’UE peuvent contourner le système belge (pour autant, du moins, qu’ils parlent l’une des trois langues nationales), le fait est qu’un grand nombre de praticiens formés en Belgique s’en vont exercer dans un autre État membre de l’UE. La pénurie de médecins généralistes que connaît la Wallonie reflète en réalité un excédent de spécialistes. Au sud du pays, l’organisation médicale est tout simplement davantage orientée vers la médecine spécialisée, plus chère.

Chantage

Fondamentalement, le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles doit comprendre que les conventions doivent être respectées. Pacta sunt servanda, pour reprendre la locution latine. Sa préférence va à une assurance maladie fédérale, qui englobe des accords à propos de la répartition du nombre de médecins. Chaque communauté peut déterminer elle-même comment remplir le quota qui lui a été attribué. Permettre, en signe de protestation, à des candidats médecins d’aller jusqu’au bout de leurs études en sachant bien qu’il en résultera un dépassement du quota, cela conduit à du chantage. Une situation qui demeure impardonnable.

Les francophones ont le droit d’être en désaccord avec le principe du contingentement, mais ils doivent alors rouvrir les négociations, de manière structurelle. En attendant, qu’ils s’en tiennent aux accords. Histoire de rester bons amis.

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