Jusqu’à présent, l’accord de l’été dernier ne s’était pas traduit par une déclaration politique digne de ce nom sur le plan du contenu. Et au vu des divergences d’opinion au sein-même de la coalition quant à la mise en œuvre dudit accord, le Premier ministre n’a pas été en mesure, mardi à la Chambre, de travailler à l’esprit d’équipe de son gouvernement. Ce n’est que lorsque Michel a incendié le syndicat socialiste qu’il s’est attiré les faveurs de sa majorité dans son ensemble.
Mardi dernier, la majorité a applaudi pas moins de onze fois durant le discours de politique générale de Charles Michel. À deux reprises, il s’agissait même de franches acclamations, tandis que les autres battements de mains étaient à mettre sur le compte d’un seul parti du gouvernement qui, chaque fois, n’a pas été suivi par l’une ou l’autre formation.
Alors que l’Open Vld tapait du poing sur la table au sujet des flexi-jobs, la fraction CD&V est restée de marbre. La N-VA, quant à elle, a choisi d’aborder la question catalane et une politique d’asile ferme lors de ses interventions. Et, quand Charles Michel a omis le terme « fiscale » – qui figurait pourtant sur la version transcrite du discours – pour ne parler que d’équité, les démocrates chrétiens flamands du CD&V étaient soudainement trop absorbés par leur smartphone pour applaudir.
Au vu de l’accord estival de juillet, dans le cadre duquel les plans du gouvernement avaient déjà été énoncés, plus personne ne s’attendait à du neuf. « Néanmoins, nous n’avons pas obtenu de plus amples précisions, tout au long de la discussion, à propos de la taxe sur les comptes-titres », regrette Meryame Kitir, chef de groupe sp.a. « Aujourd’hui, le CD&V n’a toujours pas de garantie que les grandes fortunes seront davantage mises à contribution. Pas étonnant, dès lors, que l’on ait à peine applaudi dans les rangs du parti. »
Pour Servais Verherstraeten, chef de groupe CD&V, il s’agit d’une « tempête dans un verre d’eau ». « Nous avons applaudi à plusieurs reprises, avec plus ou moins de ferveur selon le sujet abordé. Mais l’ovation la plus importante n’est-elle pas celle qui a suivi la clôture du discours, lorsque Charles Michel a invité à la confiance ? Nous la lui avons accordée, et nous la voterons à nouveau ce jeudi. »
Un salut venu d’ailleurs
Il arrive toujours un moment, au cours de ce genre de discours, où un Premier ministre aspire à faire l’unanimité auprès de la foule qu’il harangue. La solution pour atteindre cet objectif est en l’occurrence venue d’ailleurs, à savoir du syndicat socialiste du secteur public. Celui-ci ayant mis le pays sens dessus-dessous sans le soutien de ses homologues chrétiens et libéraux, le Premier n’a pas hésité une minute à accabler le mouvement de grève.
“Je souhaite remercier toutes les personnes qui sont allées travailler aujourd’hui”, a-t-il déclaré. « Nous ne tolèrerons plus que des étudiants et des travailleurs soient pris en otage en cas de grèves ». Des propos qui, ajoutés à sa promesse d’assurer un service minimum sur les chemins de fer, lui ont valu les vivats de la majorité. Le chef du gouvernement a ensuite continué sur sa lancée : « Pourquoi font-ils grève ? Simplement pour attaquer le gouvernement ? Nous continuerons à miser sur la concertation sociale et à défendre le droit d’aller travailler. »
Gouverner, gouverner, gouverner
Contrairement au vocabulaire utilisé au lendemain de l’accord estival, le Premier Michel a cette fois pris le soin d’éviter d’employer des mots à connotation historique à l’égard de son gouvernement. Il a néanmoins à nouveau mis en avant le fameux “jobs, jobs, jobs”, l’augmentation des salaires nets et les chiffres du chômage en baisse. Il a également qualifié la quatrième année au pouvoir de “moment clé”. Non pas pour entrer de plain-pied en campagne. Bien au contraire. « Des élections se tiendront l’année prochaine, mais les gens s’attendent à ce que l’on ne s’attèle qu’à une chose : gouverner, gouverner, et encore gouverner. »