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16·08·17

L’humour, nouvelle arme de la Flandre contre le terrorisme

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(c) YouTube

Le gouvernement flamand vient de débloquer un demi-million d’euros pour soutenir les projets qui « utiliseront l’humour et l’émotion » pour contrer la propagande du groupe terroriste État islamique.

Vous avez jusqu’à fin septembre pour solliciter une subvention auprès du gouvernement flamand. La Flandre souhaite ainsi apporter son aide financière aux projets de lutte contre la radicalisation qui iront à l’encontre de la propagande de Daesh et qui réfuteront et décrédibiliseront les discours extrémistes. Le gouvernement précise dans son appel que plusieurs angles d’approche sont possibles : l’émotion, l’humour, la théologie ou la dénonciation satirique de l’hypocrisie et des contrevérités.

L’initiative s’inscrit dans le Plan d’action du gouvernement flamand contre la radicalisation violente et la polarisation. « Notre objectif est d’essayer d’atteindre les jeunes et les adolescents », explique Toon De Bock, porte-parole de Liesbeth Homans, ministre flamande des Affaires intérieures (N-VA).

Le gouvernement tend avant tout la main aux acteurs de la société civile, aux autorités locales et aux établissements scolaires. « Nous voulons soutenir des initiatives de petite envergure qui entendent diffuser leurs messages au niveau local ou sur les réseaux sociaux, poursuit le porte-parole. Ce rôle de diffuseur n’est-il pas celui du gouvernement ? « Nous souhaitons justement que ces initiatives viennent de la population et pas des autorités. Nous partons du principe que les projets auront plus d’impact si les messages sont diffusés par des acteurs de terrain, qui sont plus proches du groupe visé », explique-t-il.

Real Housewives of ISIS

L’idée de recourir à l’humour pour lutter contre la radicalisation n’a rien de foncièrement neuf. Sur YouTube, on retrouve de nombreuses parodies des vidéos de propagande des « héros » du Djihad. En début d’année, la BBC avait également diffusé « The Real Housewives of ISIS », une émission qui avait suscité la controverse,  où des femmes de djihadistes discutaient avec légèreté des dernières tendances de la mode en matière de ceintures d’explosifs ou du nombre de maris perdus dans des attentats.

La Flandre mise quant à elle davantage sur des pièces de théâtre ou des capsules satiriques. Le gouvernement dit ainsi répondre aux recommandations de la Commission européenne au regard de la prévention de la radicalisation. La Flandre a débloqué d’emblée un demi-million d’euros pour ce projet, et chaque initiative individuelle pourra recevoir jusqu’à 50 000 euros de subvention sur une période maximale de deux ans.

Reste à savoir si l’approche portera ses fruits. L’Institut flamand pour la paix (Vlaams Vredesinstituut), un organisme rattaché au Parlement flamand, a publié le mois dernier une étude sur la contre-propagande. Il avait émis des réserves sur la capacité de ce type de projets à changer l’attitude ou le comportement des jeunes radicalisés. « De nombreux programmes peinent à démontrer qu’ils atteignent le public visé », pouvait-on notamment y lire.

Contraintes

En tout état de cause, l’Institut flamand pour la paix adhère à la volonté du gouvernement de soutenir les organisations de la société civile, car « les jeunes radicalisés sont méfiants vis-à-vis des autorités ». D’aucuns estiment que de façon générale, le gouvernement devrait mieux communiquer sur l’implication de notre pays dans les zones de conflits, notamment en Syrie et en Irak. « La colère que suscitent les événements sur place et l’empathie avec les victimes peuvent jouer un rôle dans le processus de radicalisation », dit le rapport. « Il serait donc utile de faire preuve d’une plus grande clarté sur les actions menées par notre pays dans le domaine de l’aide humanitaire et de l’assistance à la population. »

Pour l’une des ASBL candidates à la subvention, l’appel à projets pose question. « Il est stipulé noir sur blanc que la contre-propagande ne peut s’inscrire dans un discours plus large sur l’égalité des droits et l’émancipation », déplore ainsi Nina Henkens, sociologue employée au sein de l’ASBL Uit De Marge, qui soutient l’accès à l’emploi des jeunes socialement vulnérables. « Il est curieux qu’un gouvernement propose des moyens financiers aux représentants de la société civile pour se faire entendre, mais qu’il leur indique simultanément comment ils doivent s’y prendre. Je conseille donc aux organisations de bien réfléchir avant de se lancer. »

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