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La séduction féminine, une tentative de maintien dans un monde d’hommes
19·02·21

La séduction féminine, une tentative de maintien dans un monde d’hommes

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

(cc) fotshot via Pixabay

Julie Cafmeyer
Auteur⸱e
Geneviève Bernard
Traductrice Geneviève Bernard

Je suis touchée par la manière dont le secteur culturel prend la défense des neuf femmes qui accusent le producteur de télévision Bart De Pauw de harcèlement. Dans sa lettre ouverte et par l’entremise du hashtag #streepinhetzand (une ligne dans le sable, ndlr), la culture demande que toute personne posant des limites, traçant une « ligne à ne pas franchir », soit prise au sérieux. Une idée toute simple, mais qui constitue pourtant une première. Un secteur qui s’exprime d’une seule voix pour dénoncer des abus.

Recul et solidarité

La lettre ne pointe pas de coupables. Elle prône la solidarité. C’est ce qui fait son intelligence : elle prend du recul, remet en question un système.

Dans son exposé « Body politics » in the Feminist Revolt, Silvia Federici nous invite à reconnaître que la violence sexuelle est un problème structurel, et pas nécessairement un abus de pouvoir commis par des hommes pervers. Les abus sont souvent liés aux conditions économiques. La situation serait complètement différente si les salaires des femmes étaient plus élevés et si les réalisateurs et les producteurs ne pouvaient décider de l’avenir des jeunes femmes.

Les nominations de la dernière cérémonie des Ensor du cinéma, organisée par le festival du film d’Ostende, reflètent un net déséquilibre hiérarchique entre les hommes et les femmes du secteur de la création. Dans la catégorie « Meilleure réalisation de série télévisée », six hommes ont été nominés contre une femme. Les nominés des scénarios télévisés comptaient quatorze hommes et une femme. Les producteurs sont par ailleurs majoritairement de sexe masculin, et les candidats, blancs et hétérosexuels.

Relations confuses avec les hommes de pouvoir

Ce n’est pas la faute des Ensor : la responsabilité incombe à ceux qui continuent à créer des perspectives qui s’adressent principalement aux créateurs masculins.

Dans cette structure, il est logique que les femmes entretiennent des relations confuses avec les hommes de pouvoir. Elles cherchent des moyens de progresser alors que le système ne le permet pas. C’est très toxique.

On attribue la faute aux femmes : « Vous auriez tout de même pu dire dire non. Vous voulez attirer l’attention ? Votre talent ne suffit-il pas pour réussir ? »

Les femmes sont présentées comme des fauteuses de troubles, des séductrices peu fiables, alors qu’elles tentent de se maintenir dans un monde dominé par les hommes. Une femme flirterait-elle encore avec un réalisateur masculin s’il n’avait pas son mot à dire sur son avenir ? Peut-être, mais elle le ferait pour d’autres raisons. Il est bon de se livrer au jeu de la séduction, mais pas si votre carrière en dépend.

Front commun pour le changement

La bonne nouvelle, c’est que #streepinhetzand constitue un front commun d’hommes et de femmes qui veulent que les choses changent. Quelle est la prochaine étape ?

Les quotas peuvent renforcer la diversité. Le principe est très simple. Il suffit de fixer un pourcentage minimal de femmes, de personnes de couleur et d’homo- et transsexuels parmi les créateurs, qui seront représentés dans le paysage médiatique flamand. Cessons de nous plaindre et fixons des quotas. À ceux qui sont en mesure d’agir : pouvez-vous aborder ce sujet lors de votre prochaine réunion ? Il est plus que temps. Merci !

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