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25·02·16

« Je ne portais pas le voile à Damas, pourquoi devrais-je le porter ici ? »

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

(cc) Retis

BOURG-LÉOPOLD « Je ne portais pas le voile à Damas, pourquoi devrais-je le porter ici ? », déclare Boussaina (22), la jeune Syrienne dont le refus de porter le voile a déclenché une bagarre au centre d’accueil de Bourg-Léopold. « Je me suis toujours habillée à la mode, je change régulièrement de coiffure et je continuerai ainsi. Nous venons justement de nous enfuir de l’EI, où les hommes nous disaient ce que nous devions faire. » 

Le lendemain de la bagarre, Boussaina a quitté le centre d’accueil de Bourg-Léopold où elle ne se sentait plus en sécurité. Elle est à présent hébergée dans un autre centre d’accueil où elle se remet de toute cette histoire, en compagnie de son frère et de sa sœur. Elle avait d’abord demandé à pouvoir être accueillie dans un centre où il n’y aurait pas d’Afghans, mais cela s’est avéré impossible, car il y en a toujours bien quelques-uns. « Dans mon nouveau centre, il y a en tout cas beaucoup moins d’Afghans », explique Boussaina. Elle n’aurait jamais imaginé qu’une centaine de personnes en seraient venues aux mains pour une discussion qu’elle avait déclenchée. Sait-elle d’ailleurs qu’elle a dominé l’actualité durant tout un week-end ? « Je n’ai pas tout suivi », avoue-t-elle. « Toute cette affaire est vraiment surréaliste. » Même si elle avait senti que les problèmes étaient latents. « Ce n’était pas la première fois que ce gars me suivait. Et cela faisait un bout de temps qu’il me cherchait misère. Pourquoi ? Je ne sais pas. Il était collant. Il voulait peut-être justement déclencher une réaction ? En tout cas, je n’ai jamais réagi. Mais vendredi, la coupe était pleine. Il a déboulé avec une poignée d’Afghans dans notre conteneur et m’a ordonné de porter un foulard. » D’après d’autres demandeurs d’asile, l’homme s’est exprimé dans un anglais rudimentaire, à défaut d’une langue commune pour communiquer. Boussaina ne parle que l’arabe et le fauteur de troubles, seulement l’une des langues parlées en Afghanistan.

Musulmane

« Je suis allée chercher mon frère », explique Boussaina. « Il a simplement voulu faire comprendre à cet Afghan qu’il n’avait pas à m’imposer quelque chose. Je suis musulmane, mais je veux faire mes propres choix. Même en Syrie, personne ne m’a jamais rien imposé, j’étais libre de mes faits et gestes. Mon père, mon frère, personne dans ma famille ne m’a jamais demandé de porter un foulard. Nous venons justement de fuir les extrémistes comme ceux de l’EI, qui estiment que l’on peut tout interdire aux femmes. »

Boussaina est ici avec son frère et sa sœur, mais elle a encore deux autres sœurs en Belgique. « L’une d’elles a déjà fui en 2013, l’autre en 2014. »

À la mode

Pendant la bagarre, Boussaina portait un jeans moulant. « J’étais habillée comme je l’étais à Damas (capitale de la Syrie, ndlr). J’aime la mode et je change régulièrement de coiffure. J’aime vivre avec mon temps. C’était déjà comme ça en Syrie », explique-t-elle. Avant, elle avait les cheveux longs, mais elle les porte à nouveau courts aujourd’hui. « C’est ma sœur qui m’a coupé les cheveux. » Entre-temps, elle pense à l’avenir. « Je veux tout simplement avancer dans la vie. En Syrie, j’étais encore étudiante, dans l’enseignement secondaire. Je voudrais continuer mes études ici. Mais pour ça bien sûr, il faut d’abord que j’apprenne le néerlandais. »

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