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07·03·18

La Belgique post-catholique face aux traditions religieuses

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

(c) Envato Elements

Si les débats sans fin autour du voile s’expliquent par une foule de raisons, l’une des plus importantes est que la plupart des citoyens ne perçoivent pas la religiosité liée à cet accessoire. En effet, la religion est un concept qui nous est devenu étranger. Le processus de désertion progressive des églises et d’indifférence grandissante envers Dieu fut long. Reste que notre pays vient à peine d’entrer véritablement dans l’ère post-catholique. Une minorité d’enfants se fait encore baptiser. Le nombre de baptêmes a chuté d’un quart depuis 2009. Pour bon nombre de post-catholiques et de non-pratiquants, il s’agissait là du seul lien qu’ils entretenaient avec l’Église, une sorte d’assurance d’urgence spirituelle. Maintenant que papy et mamy n’ont plus leur mot à dire et que personne, au sein du carcan familial, n’en fait encore un scandale, l’adhésion à l’Église catholique n’est plus une nécessité.

Et tout à coup, nous oublions à quel point cette religion était contraignante. Jusqu’à nous étonner de voir des parents musulmans encore considérer la religion comme un pion essentiel et incontestable de l’éducation de leurs enfants. À nos yeux, cette obligation prendra vite des allures d’oppression. Quiconque défend le droit des parents à faire des choix religieux pour leur enfant s’attire le mépris. À cet égard, Bart De Wever s’inscrit également dans l’air du temps. Sur Twitter, il a annoncé s’être converti au pastafarisme, religion parodique, en ajoutant qu’il enverrait désormais ses enfants à l’école coiffés d’une passoire. Un voile, un baptême ou une passoire, c’est du pareil au même, même pour un homme politique fait de normes et de valeurs. Il est frappant de constater que, faute de catholiques, pratiquement personne ne s’offusque d’une telle caricature.

Si l’Église disparaît si vite et si discrètement de la société, la question de savoir comment redessiner la séparation entre l’Église et l’État s’avère d’autant plus criante. Et elle se pose dès à présent. La commission de la Chambre débat depuis deux ans à propos d’une réforme de la Constitution. Une résolution de Patrick Dewael vise à remanier six articles portant sur l’Église et l’État, notamment concernant le droit à l’intégrité physique, le caractère neutre des autorités ou la non-obligation de proposer de cours de religion ou de morale dans l’enseignement. Si les discussions sont déjà semées d’embûches à l’heure actuelle, le point le plus sensible de la Constitution restera hors d’atteinte. J’ai nommé l’article sur le financement des cultes.

Chaque année, l’État verse une enveloppe de 87 millions d’euros, quasi intégralement destinés aux prêtres catholiques et aux pensions, aux cultes. Aujourd’hui, le rapport entre les religions n’est plus tenable. Doit-on pour autant allouer des dizaines de millions d’euros, puisés chez les contribuables, aux imams et aux mosquées ? Ou, pourquoi pas, aux pastafaris et leurs passoires si leur nombre le justifie ? Inutile d’être un libéral convaincu pour se rendre compte qu’il est grand temps pour l’État de ne plus intervenir en la matière tout en laissant croire qui le veut encore.

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