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02·06·17

La Flandre secouée par des cas d’abus sexuel sur mineurs

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(c) Pixabay

Retour sur les raisons qui ont finalement conduit à la mise en disponibilité du coach de haut niveau controversé. Les anciennes judokates Niki Heylen et Ann Simons ont été les premières à sortir du bois. Un coming-out qui allait déclencher une cascade de témoignages.

La scène se déroule à Gand, dans la nuit de lundi à mardi. Le conseil d’administration de la fédération flamande de judo se réunit en urgence. Motif de ce branle-bas de combat : des accusations de harcèlement sexuel visant le coach de haut niveau D.B. Au moment où s’ouvre la réunion, les ex-judokates Ann Simons et Niki Heylen se sont déjà abondamment livrées dans la presse. Plusieurs membres du conseil d’administration estiment que la position de D.B. n’est plus tenable mais le vice-président Jacques Martens n’est pas de cet avis et persuade le jeune et inexpérimenté président Kristof Van de Putte de ne pas virer le coach malgré tout.

Selon certaines sources, la démarche de Martens a pour but de sauver sa propre peau car l’homme a occupé pendant plusieurs années le poste de président de la fédération flamande de judo, jusqu’en avril 2016. Et parmi les faits qui remontent aujourd’hui à la surface – pour autant qu’ils soient avérés –, beaucoup se sont déroulés sous sa présidence.

Martens est soutenu dans son argumentation par un avocat renommé qui traite depuis plusieurs années déjà les dossiers de mœurs pour la fédération de judo. Selon cet avocat, il sera difficile, d’un point de vue juridique, de licencier le coach. Résultat des courses : D.B. peut conserver son poste, malgré tout.

Entretemps, toutefois, les témoignages s’accumulent.

Mardi soir, une femme raconte dans le cadre de l’émission Terzake comment D.B. a essayé de l’embrasser alors qu’elle était âgée de treize ans. Mercredi, De Standaard publie le témoignage d’une pratiquante de sports de combat, Cindy Dandois (32). D’autres personnalités du monde du judo sont également éclaboussées par cette vague de témoignages. D.B., quant à lui, met de l’huile sur le feu : dans une lettre ouverte, il réfute toutes les accusations dont il est la cible. Des dénégations qui ont toutefois pour effet d’encore amplifier le flux de témoignages.

L’absence de sanction n’apparaît plus tenable car mercredi matin, la fédération de judo se fend d’un communiqué pour annoncer que le coach est suspendu de ses fonctions. « Il n’est plus autorisé à donner des entraînements et doit céder ses dossiers », explique Van de Putte. « Il s’agit d’une suspension pour une durée indéterminée, mais dont nous devons encore arrêter les détails. »

La pression médiatique était-elle devenue trop forte ? Van de Putte a-t-il reçu un coup de fil du ministre du Sport Philippe Muyters (N-VA) ? Ou avait-il peur que d’autres témoignages enveniment encore plus la situation ?

Rien de tout cela, affirme Van de Putte. « J’ai toujours dit que nous prendrions les mesures nécessaires, mais dans la sérénité. C’est la raison pour laquelle nous n’avons pas été en mesure de prendre sur-le-champ la décision que l’opinion publique attendait. » Ce n’est que depuis hier matin qu’il dispose des éléments nécessaires afin de mettre le coach en non-activité, dit-il.

Mais d’après nos sources, Van De Putte a reçu des ordres clairs d’en haut. Sport Vlaanderen lui a fixé un ultimatum : s’il n’envoyait pas un signal avant mercredi midi, l’administration fermerait le robinet des subsides.

Van de Putte peut donc conserver son poste, mais sous curatelle. Van de Putte lui-même prétend qu’il n’a pas été question d’ultimatum. « Nous avons pris notre décision en toute indépendance. Mais Sport Vlaanderen est notre pouvoir subsidiant. Nous sommes en concertation quotidienne avec lui. »

Analogie avec l’Église

La fédération de judo va créer une commission indépendante. Celle-ci se composera de trois ou quatre membres, parmi lesquels un magistrat avec de l’expérience dans les affaires de harcèlement sexuel. Dorénavant, les victimes de harcèlement pourront également témoigner de ce qu’elles ont vécu via une adresse électronique plutôt que par le biais d’une procédure formelle devant le conseil d’administration.

Il est intéressant de mentionner que cette commission analysera non seulement les nouvelles plaintes, mais également la manière dont les plaintes ont été traitées par le passé. Elle se penchera par ailleurs sur la question de savoir si le retour de D.B. dans les hautes sphères de la fédération il y a quelques années était justifié. À l’époque, déjà, la fédération avait connaissance de plaintes le concernant.

Dans le monde politique également, des voix s’élèvent afin de réclamer que l’on s’attaque à la problématique des abus sexuels dans le sport. Le CD&V, l’Open Vld et Groen veulent créer une commission parlementaire, par analogie avec la commission spéciale fédérale qui s’est penchée sur le dossier des abus au sein de l’Église. A contrario, la N-VA estime que c’est à présent surtout au tour de la Justice de faire son travail.

Et le coach qui a déclenché toute cette tourmente ? Il n’est pas licencié pour le moment car les témoignages qui l’incriminent doivent d’abord être vérifiés. Van de Putte promet de la transparence. « Nous ne protégeons personne », dit-il. « S’il s’avère que nous devons renvoyer des dossiers à la Justice, nous le ferons. »

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