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22·06·15

Une visite d’État d’un genre nouveau

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Photo: commons.wikimedia.org

Le roi Philippe et la reine Mathilde sont en visite officielle en Chine jusqu’à samedi prochain. Leur périple d’une semaine a commencé à Wuhan et se terminera à Shenzen. Veerle de Vos les accompagne.

Ni les soldats en terre cuite de Xi’an, ni la Cité interdite de Pékin, ni les « pains de sucre » de Guilin ne figurent cette fois au programme de nos souverains. Cette première visite officielle en Chine a tout d’une mission économique. En sept jours, le couple royal posera ses valises dans 5 villes. À quelques exceptions près, leurs journées commenceront par un petit-déjeuner de travail et s’achèveront par une réception dite de « networking ». Nos souverains sont partis en Chine flanqués d’une vaste délégation d’hommes et de femmes d’affaires. Parmi eux, les gros bonnets de Barco, du Groupe Jan De Nul et de Bekaert, pour n’en citer que quelques-uns. Une visite d’État que Philippe a lui-même qualifiée dans l’avion « d’un genre nouveau ».

Une croissance économique soutenue

Il y a dix ans, ses parents étaient venus en visite officielle en République populaire de Chine. Ces derniers eurent alors tout le loisir d’aller admirer la beauté des soldats du mausolée de l’empereur Qin, des jardins impériaux et des reliefs karstiques de Guilin. Mais les temps ont changé. Ces visites coûtent énormément d’argent et de nos jours, on attend qu’elles soient rentables. Ici, les choses ont également évolué en une décennie : le pays est devenu la deuxième puissance économique mondiale, à laquelle seuls les États-Unis résistent encore. Les villes y sont reliées par des milliers de kilomètres de voies à grande vitesse. Il y a dix ans, il n’y avait encore rien. Le pays exporte d’ailleurs cette technologie ferroviaire, et tant d’autres produits. Même si la croissance économique n’est plus “à deux chiffres”, l’économie nationale poursuit son ascension.

La Chine a un nouveau président, lui aussi « élu », comme son prédécesseur Hu Jintao – personnage effacé à petites lunettes – parmi un petit groupe d’hommes politiques de haut rang triés sur le volet. C’est Xi Jinping en personne qui a invité notre roi, lors de son passage chez nous l’an dernier où il était accompagné de son épouse flamboyante, ancienne chanteuse lyrique. Après un an et demi, Xi Jinping est plus solidement ancré dans ses fonctions que n’importe lequel de ses prédécesseurs, à l’exception peut-être de Mao. Il a la mainmise absolue sur l’armée et sur le parti, ayant déjà fait tomber bon nombre de haut placés dans le cadre d’une campagne anticorruption menée tambour battant. Mais les politiciens corrompus ne sont pas les seuls en ligne de mire : quiconque a fait entendre une voix dissidente au cours de ces dernières années, journalistes, opposants, avocats, et même féministes, a été arrêté et incarcéré. La Grande muraille virtuelle de Chine est chaque jour plus haute, l’Internet chinois se rapproche sans cesse d’une forme d’Intranet isolé du reste du monde.

Les marges bénéficiaires se réduisent

Pour les entreprises occidentales, la Chine a perdu son statut de poule aux œufs d’or. De nouvelles règles y compliquent leurs affaires et les marges bénéficiaires s’étiolent. La Chine accorde la préséance à ses industries nationales, qui ont cessé de se contenter de copier la « technologie occidentale ». Alibaba, nouveau géant du commerce électronique, ou Huawei, étoile montante des technologies de télécommunication – qui compte bien faire tomber Apple de son piédestal – sont des symboles du succès industriel de la Chine sur la scène internationale. Notre roi a d’ailleurs un rendez-vous officiel avec les fondateurs des deux entreprises, Jack Ma de Alibaba et Ren Zhengfei de Huawei. Ce n’est pas le fruit du hasard. Car même si cette visite officielle est avant tout destinée à faire valoir les savoir-faire de notre pays, la Chine aime aussi faire l’étalage de ses plus belles perles.

Même si nos entreprises ont moins à y gagner, et même si ce pays reste un État autoritaire, nous ne pouvons plus nous permettre de snober cette nouvelle puissance. Philippe et Mathilde ont donc fait aujourd’hui (NDLR : dimanche) leur joyeuse entrée à Wuhan, capitale de la province de Yangtze, au centre du pays. Voici 20 ans – alors que je vivais encore ici -, cette cité est une bourgade provinciale, avec un hangar en guise d’aéroport et des routes en piteux état. Aujourd’hui, j’ y découvre une métropole, qui compte le plus grand aéroport de Chine centrale (avec trois terminaux et 38 millions de passagers annuels), le 7e fabricant automobile mondial (production annuelle de deux millions de véhicules) et le plus grand port fluvial du pays. « Bienvenue en Chine en 2015 ».

 

Par Veerle de Vos

Traduit du néerlandais par Guillaume Deneufbourg

L’article en V.O. sur Deredactie.be

 

 

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