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Un salaire de 940.000 euros pour supprimer 1.900 postes : le comble du cynisme
10·09·19

Un salaire de 940.000 euros pour supprimer 1.900 postes : le comble du cynisme

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

(cc) AKupstova via Pixabay

Auteur⸱e
Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

Amis comme ennemis, tout le monde s’accorde à le dire : Dominique Leroy, la future ex-CEO de Proximus, a réalisé un excellent parcours. Ce ne fut pourtant pas une sinécure, tant la division régnait au sein de la société de télécommunications sous la direction de Didier Bellens. De plus, Dominique Leroy a dû relever l’énorme défi de la numérisation, le tout avec un État belge particulièrement zélé dans son rôle de belle-mère.

Le départ de Leroy chez KPN, l’équivalent néerlandais de Proximus, laisse un grand vide au sommet de l’entreprise. Pour combler ce vide, le plafond salarial doit voler en éclats, nous expliquent de nombreux acteurs du monde politique, de l’entreprise et des médias. Sans rémunération conforme au marché en rapport avec la création de valeur, il faudrait apparemment être fou pour accepter ce poste.

Le salaire du ou de la CEO de Proximus a été plafonné à 650 000 euros, mais grâce à divers bonus, il peut atteindre les 940 000 euros par an, c’est-à-dire la valeur d’une maison de maître au centre de Gand. Cette somme représente actuellement un « handicap » dans la recherche d’un nouveau patron, du moins d’après le président du conseil d’administration Stefaan De Clerck.

Simultanément, Leroy doit rendre des comptes devant le gendarme de la bourse, la FSMA. Celle-ci mène une enquête pour savoir si Leroy a commis un délit d’initiée en vendant un paquet d’actions il y a un mois pour la coquette somme de 285 000 euros. Il s’agit de déterminer si, à l’époque, Leroy avait déjà décidé de partir chez KPN, car dans l’affirmative, elle n’avait pas le droit de vendre ses actions aussi facilement. D’après les spécialistes, il est probable que cette affaire se terminera en queue de poisson. N’oublions pas que 285 000 euros, ce n’est pas une somme si élevée pour une top manager.

Et si le principal obstacle dans la quête d’un nouveau ou d’une nouvelle top manager n’était pas le salaire ? Et si c’était plutôt le fait que tout le monde trouve normal que des dirigeants d’entreprise manipulent de telles sommes, comme si elles ne constituaient, après tout, qu’un petit supplément de fin de mois ? Le cynisme est à son paroxysme.

Cependant, il y a encore plus cynique : la situation sur le terrain chez Proximus. La société doit en effet procéder à une restructuration à grande échelle, ce qui coûtera en définitive 1 900 emplois. Mais évidemment, la grande difficulté, c’est de trouver quelqu’un qui serait disposé à diriger l’entreprise pour un malheureux petit million par an.

Dans l’émission de débat dominicale De zevende dag, Stefaan De Clerck a plaidé pour une augmentation des primes sur le long terme, des bonus que les CEO touchent lorsqu’ils atteignent les objectifs précédemment définis. En d’autres termes, lorsque la société engrange de bons résultats, ses dirigeants doivent pouvoir en être récompensés. Est-ce une folie de penser que dans une entreprise qui se porte bien, les fourmis ouvrières doivent être récompensées pour leur bon travail ?

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