Les réductions de charges salariales destinées à accélérer l’emploi des chômeurs défavorisés sont-elles efficaces ? En tout cas, pas pour les jeunes peu qualifiés.
Chaque année, le gouvernement flamand consacre près de 600 millions d’euros à sa politique dite des « groupes-cibles ». Tout employeur qui embauche un chômeur appartenant à un groupe-cible peut prétendre à une réduction de ses charges salariales. Le gouvernement flamand espère ainsi faciliter l’accès à l’emploi d’un nombre croissant de personnes défavorisées : jeunes peu qualifiés, chômeurs âgés de 55 ans et plus, chômeurs de longue durée ou personnes atteintes d’un handicap professionnel.
Cette politique est-elle efficace ? Sam Desiere et Sofie Cabus, tous deux chercheurs à l’institut HIVA — Onderzoeksinstituut voor Arbeid en Samenleving (Institut de recherche sur le travail et la société, affilié à la KU Leuven) et Bart Cockx (Université de Gand) sont des spécialistes du marché du travail et à ce titre, ils ont été chargés d’analyser l’efficacité de ces mesures. Ils ont étudié, sur la période 2012-2018, si le subventionnement des charges salariales se traduisait bien par une accélération dans les indicateurs de sortie du chômage. Les réformes politiques mises en place par le gouvernement Jambon en 2019 étaient exclues de l’étude.
Aucun effet positif significatif
Les conclusions du rapport sont claires : l’efficacité de ces mesures est discutable. Ainsi, en 2018, la réduction des charges salariales au titre de l’embauche de jeunes peu et moyennement qualifiés s’élevait à 141 millions, sans aboutir à aucun écart visible sur le délai d’obtention d’un emploi. Les auteurs déclarent en effet n’avoir détecté « aucun effet positif statistiquement significatif ». Au contraire, la majorité des jeunes moyennement qualifiés (disposant d’un diplôme de l’enseignement secondaire général) « aurait trouvé un emploi même sans réduction des charges sociales ».
Faute de données suffisantes, les trois chercheurs ont décidé de ne pas commenter l’efficacité de ces réductions de charges pour les chômeurs de 55 ans et plus. Ils s’étonnent cependant de constater que l’essentiel du budget (340 millions d’euros par an) aboutit auprès d’employeurs qui ont demandé une prime salariale pour du personnel âgé de 55 ans ou plus existant. Il s’agit là d’une population de 114 000 personnes, à comparer avec les nouvelles embauches de salariés de 55 ans et plus réalisées moyennant la réduction des charges : à peine 6 000.
Bonne nouvelle pour les personnes handicapées
Enfin, le rapport mentionne une bonne nouvelle pour le groupe-cible des personnes handicapées (qu’elles présentent des troubles mentaux ou des limitations physiques). En 2018, le budget qui leur était consacré atteignait 91 millions d’euros, répartis sur plus de 12 000 demandeurs d’emploi. Cette prime à l’embauche a bien eu de l’effet, améliorant, surtout pour des jeunes en décrochage de l’enseignement spécial, les chances de trouver un emploi.