La semaine dernière, De Lijn a organisé une journée consacrée à l’emploi. La société flamande des transports en commun entend ainsi pallier le manque criant de chauffeurs de bus. Métier qui, vous en conviendrez, n’est pas des plus populaires. Et pour cause : horaires variables, contraintes de temps, resquilleurs et agressions sont autant d’éléments avec lesquels le conducteur doit composer. Sans compter les injures qui fusent au moindre retard. Or le chauffeur est rarement à l’origine du désagrément, qu’il convient plutôt d’incomber aux infrastructures. Et ce n’est pas un site propre ci-et-là qui résoudra le problème. Les routes sont saturées de voitures de gens qui jugent les transports publics peu fiables. Ce surplus de voitures ne fait qu’allonger les files déjà présentes. Dans ce contexte, il est surprenant de constater que les pouvoirs locaux ne déroulent pas le tapis rouge au bus.
De Lijn ne doit pas seulement chercher de nouveaux chauffeurs. Les postes de direction sont désertés les uns après les autres, et nul ne s’en étonne. Cela fait dix ans que la société doit faire des économies. Le sous-financement ne date pas d’hier. Avec sa politique de gratuité, le défunt ministre Steve Stevaert a freiné les revenus de la compagnie de transport. Si la mobilité en tant que droit fondamental était un objectif louable qu’ont d’ailleurs suivi d’autres pays, il n’en était pas moins irréalisable et impayable dans une région où l’aménagement du territoire n’était pas une priorité. Une entreprise privée ne s’embarquera jamais dans une telle aventure et, pourtant, l’accord gouvernemental flamand fait état d’un projet pilote avec une entreprise privée. Cette perspective ne fera que renforcer l’incertitude ambiante et l’exode en cours dans les rangs de la compagnie.
Étonnamment, le gouvernement flamand ne déroule pas non plus le tapis rouge au bus. Et tant que les transports publics battront de l’aile, tout le monde aura une parfaite excuse de se retrouver coincé dans les embouteillages. La mobilité coûte un paquet d’argent, mais le manque de courage et de vision afin de la rationaliser coûte encore davantage. Il en découle une facture sans cesse plus élevée et des problèmes de santé publique, tandis que les objectifs climatiques s’avèrent encore plus impossibles à atteindre.
Ces arguments devraient pousser De Lijn à enclencher la vitesse supérieure. Aussi tard soit-il. Les transports publics sont devenus ce qu’ils sont : un moyen de locomotion pour celles et ceux qui n’ont pas le choix. Des ringards sans voiture qui ne préoccupent pas plus que ça les politiques.