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20·12·16

Brussels Airlines: chronique d’une disparition annoncée

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(c) Wikimedia

Thomas Lecloux
Traducteur⸱trice Thomas Lecloux

Brussels Airlines passe définitivement entre les mains de la compagnie allemande Lufthansa. La fin d’une époque et le début d’un nouvel épisode dans l’histoire du transport aérien belge.

Carsten Spohr, le président de la compagnie aérienne allemande Lufthansa, a mené la procédure de rachat de Brussels Airlines avec professionnalisme, intégrité et efficacité. « Si Brussels Airlines poursuit sa croissance, la compagnie engagera naturellement du personnel et garantira à l’aéroport de Bruxelles un avenir florissant », a-t-il notamment affirmé. Une déclaration aux allures d’engagement, mais qui n’offre pas de véritables garanties.

Pas d’alternative

Il faut avouer qu’il n’y avait pas d’alternative pour Brussels Airlines. Depuis l’entrée de Lufthansa dans le capital des actionnaires de SN Airholding il y a six ans, il était écrit que la compagnie allemande procéderait un jour à l’acquisition de la compagnie belge.

Cette éventualité avait d’ailleurs été prévue à l’époque. Grâce à une restructuration préalable et à des décisions stratégiques audacieuses, la direction de Brussels Airlines a retrouvé la voie de la rentabilité en 2015, donnant ainsi à Lufthansa le signal pour acter la reprise complète.

Pendant les deux premières années, les passagers et le personnel de Brussels Airlines ne percevront vraisemblablement que peu de changement.

Les grandes ambitions de la direction

Pour la direction belge, en revanche, une période intense s’annonce, puisqu’il va lui falloir défendre le caractère belge de la compagnie.

Le nouveau propriétaire allemand veut intégrer sa filiale belge dans le groupe low-cost Eurowings à partir de 2018.

L’ambition de Brussels Airlines est simple : faire la différence au sein du groupe Eurowings et briller de telle manière que le nom, le personnel et la spécificité de Brussels Airlines ne soient pas menacés au terme de la période de transition de deux ans.

Une situation win-win

Bien sûr, une entreprise n’en acquiert jamais une autre pour ne rien en faire. Le but est toujours de créer une plus-value, et de compresser les coûts en collaborant plus efficacement.

C’est aussi ce que Lufthansa prévoit pour Brussels Airlines : investir pour croître, mais couper où c’est nécessaire. Les syndicats belges craignent donc de voir disparaître à terme certains emplois dans les divisions IT, commerciale et au niveau du personnel au sol. La vigilance est de mise.

Les leçons du passé

Lufthansa est peut-être convaincue aujourd’hui par le savoir-faire belge en Afrique et la force sur le marché belge, mais le vent peut vite tourner dans le monde du transport aérien.

Sur papier, le mariage entre Lufthansa et Brussels Airlines semble gagnant, mais après la débâcle de la Sabena, plus personne ne peut dire avec certitude de quoi le futur sera fait.

Il y a quinze ans, la société nationale faisait faillite après avoir reçu elle aussi la promesse d’une existence sereine avec Swissair, son partenaire helvète de l’époque. Les temps ont changé et Lufthansa ne se présente pas avec autant d’arrogance et de mégalomanie que Swissair alors, mais il n’en reste pas moins que les décisions seront désormais prises en Allemagne et non plus en Belgique.

Stevie

Lors de la présentation de la reprise allemande, un Belge était aux anges : le vicomte Étienne Davignon. En tant que président de SN Airholding, il est en effet parvenu à intégrer Brussels Airlines dans l’un des groupes de transport aérien les plus solides au monde.

Pourtant, cela grogne quelque peu du côté des petits actionnaires belges, car le vicomte n’a pu leur offrir que peu de liquidités supplémentaires lors de la vente aux Allemands. Tout bien considéré, Lufthansa a obtenu Brussels Airlines à bon prix.

Mais quinze ans après avoir dû sauver l’héritage aérien belge pratiquement à lui tout seul, c’est peut-être la première fois que Davignon peut respirer : ce sont désormais les voisins de l’est qui ont la responsabilité ultime.

A 84 ans, Davignon – Stevie pour les intimes – va présider le conseil d’administration de Brussels Airlines pendant encore deux ans. Un nouveau co-président, Carsten Spohr, va prendre place à côté de lui. Et il semblerait que les deux s’entendent déjà comme larrons en foire : Carsten appelle déjà le vicomte Stevie.

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