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L’étonnante uniformisation des médias en Flandre
28·05·15

L’étonnante uniformisation des médias en Flandre

Temps de lecture : 3 minutes
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Traducteur⸱trice DaarDaar
Le groupe d’édition De Persgroep reprend les titres Humo, Story et TeVe Blad, réservant ainsi un avenir incertain à soixante-cinq travailleurs. Une fusion parmi tant d’autres dans le monde de la presse papier. Le blogueur Maarten Corten l’a clairement illustré dans une infographie schématisant l’uniformisation des médias imprimés flamands via divers regroupements successifs. Et celle-ci a un impact non négligeable d’un point de vue journalistique…
Avec l'aimable autorisation de Maarten Corten
Avec l’aimable autorisation de Maarten Corten.
Dagblad: quotidiens, 
Weekblad : hebdomadaires, Aantal uitgeverijen :  nombre d’éditeurs

Dans toute industrie qui ne se porte pas au mieux, la recherche d’économies d’échelle apparaît inévitable. Elles permettent en effet de réduire certains coûts, comme les espaces de travail, et de partager les services et les compétences, entraînant un accroissement de la productivité. Et sur ce plan, force est de constater que le média papier obéit aux mêmes lois que tous les autres secteurs.

C’est pourquoi la vente des titres de Sanoma à De Persgroep n’a pas vraiment créé la surprise : le groupe finlandais ne semblait plus vouloir maintenir d’activité en Belgique, et le groupe de Christian Van Thillo était quant à lui le seul repreneur potentiel manifestant suffisamment d’intérêt. Le train est déjà en marche : les rédactions déménagent toutes au siège social de Kobbegem (Brabant flamand), à l’exception du magazine Humo qui ne bouge pour l’instant pas encore.

« Vers un quasi monopole »

Si tout ceci semble plutôt logique d’un point de vue économique, ce n’est pas vraiment une nouvelle réjouissante pour le journalisme. Maarten Corten, collaborateur didactique à « l’Institute for Media Studies » de la KU Leuven, a ainsi publié sur son blog un article sur le sujet qui incite à la réflexion.  Il y a résumé les évolutions drastiques du monde de la presse papier durant ces vingt-cinq dernières années. Des six éditeurs de journaux du départ, il n’en reste aujourd’hui que deux, et parmi les treize éditeurs de magazines, seuls six sont encore actifs à l’heure actuelle.

« En 1990, le paysage médiatique était encore relativement varié, avec treize éditeurs différents, dont six qui se partageaient le marché du journal quotidien. Des fusions avaient déjà eu lieu à l’époque et certaines marques en avaient fait les frais, mais différents acteurs opéraient encore de manière relativement autonome »  remarque Corten. « Vingt-cinq ans plus tard, c’est une réalité très différente à laquelle nous faisons face, avec Mediahuis d’un côté et De Persgroep de l’autre, actifs dans tous les médias et détenant à eux deux ce que l’on pourrait être tenté de qualifier de quasi monopole. Si l’on analyse le marché des journaux quotidiens, le « quasi » n’est même plus de mise.

« Supprimer, intégrer, collaborer, … Le résultat est toujours le même : des rédactions qui se vident ou disparaissent »

« La fusion des médias s’est opérée via différentes stratégies, comme la suppression pure et simple de certains titres (ex. Het Volk), l’intégration de marques dans d’autres (ex. De Gentenaar intégré dans Het Nieuwsblad, De Nieuwe Gazet dans Het Laatste Nieuws), ou la collaboration d’éditeurs (Corelio et Concentra ont ainsi formé ensemble Mediahuis). Quelle que soit la stratégie choisie, le résultat est cependant toujours le même : une production équivalente ou supérieure, avec des rédactions qui se vident ou disparaissent. »

Cette tendance se vérifie facilement dans la pratique : des journaux comme Het Nieuwsblad, Gazet van Antwerpen, Het Belang van Limburg et De Standaard se partagent la couverture des sports et de l’actualité nationale, internationale et même régionale. Et c’est justement au niveau régional que c’est le plus évident : l’actualité de certaines communes n’est parfois plus couverte que par un, voire deux journaliste(s). Het Laatste Nieuws et De Morgen sont peut-être complémentaires, mais ils opèrent sur différents terrains. Ajoutons à cela les échanges de contenu avec les journaux néerlandais du groupe De Persgroep, grâce auxquels l’actualité internationale nous provient parfois directement de journaux du nord, tels que De Volkskrant.

Selon Corten, ce regroupement des médias peut avoir des conséquences non négligeables. « La diversité d’opinions peut-elle encore être garantie quand deux groupes seulement se partagent le monopole ? Et quels sont alors les rapports de force entre ceux qui produisent le contenu, ceux qui le distribuent et ceux qui le consomment ? Je n’ose même pas essayer de répondre à ces questions, mais il me semble évident que, lorsque l’on passe de trente éditeurs relativement autonomes à seulement six – dont trois acteurs majeurs qui, en plus d’être intimement liés, le sont également avec d’autres grands noms des médias sur différents canaux – il y a bien de quoi se poser des questions…

Et Corten de se demander également : « Comment un média peut-il à la fois plaider pour plus d’ouverture via une limitation des pouvoirs des médias publics, et en même temps faire disparaître toute concurrence potentielle en absorbant tout le monde ? ». Il fait ici référence aux auditions au Parlement flamand durant lesquelles les quelques grands médias qui subsistent encore aujourd’hui avaient tenté de limiter les pouvoirs de la VRT.

En V.O. sur le site de Newsmonkey.be http://newsmonkey.be/article/43775

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