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12·11·19

Coupes drastiques dans la culture flamande: « On nous brise les quelques os qu’il nous restait »

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(cc) Pixabay

Joyce Azar
Auteure

La nouvelle a eu l’effet d’une bombe dans le secteur culturel du nord du pays: le gouvernement de Jan Jambon (N-VA) compte baisser, dès janvier 2020, le financement accordé à la culture. Les subsides fonctionnels des institutions reconnues tels que l’Ancienne Belgique ou le Vooruit de Gand seront rabotés de 6%. Ceux octroyés aux projets culturels chuteront, eux, de 60% pour passer à un total de 3,39 millions d’euros. Une baisse drastique qui provoque les réactions indignées de nombreux représentants du secteur. 

« Nous étions déjà ratissés jusqu’aux os. Ce qui nous reste désormais sont des os brisés », a commenté le directeur artistique du KVS, Michael De Cock, au micro du média flamand bruxellois Bruzz, lui-même concerné par une baisse de subsides. 

« Ce qui me gêne le plus est qu’il n’y eu aucune concertation avec le secteur. Il n’y a pas non plus de perspective, ni de vision de ce qui est précisément voulu », ajoute-t-il. « L’accord gouvernemental parle de l’identité, de la formation de la société, et de l’importance des arts, mais il faut alors investir », estime Michael De Cock. 

« Nous n’avons jamais baigné dans l’argent »

« Cela ne témoigne pas vraiment d’une vision, et j’ai l’impression qu’on veut faire les choses trop vite », a pour sa part souligné le directeur général de la bibliothèque flamande de Bruxelles Muntpunt. « De nombreuses organisations n’ont pas eu de discussion avec leur ministre ou les responsables politiques en charge. Ces discussions doivent avoir lieu pour voir d’où on pourrait tirer l’argent », a ajouté Roel Leemans au micro de Bruzz. 

« En Flandre, le secteur culturel n’a jamais baigné dans l’argent », souligne de son côté Dirk De Clippeleir, directeur général de l’Ancienne Belgique (AB). « Nous avons dû économiser durant les deux dernières législatures. Ce n’est donc pas agréable de voir immédiatement surgir de nouvelles économies ». 

Quel impact pour le public?

Selon le patron de l’AB, le public ne remarquera pas tout de suite la différence dans l’offre artistique. « Il faudra toutefois voir si on devra épargner sur de plus petites mais très belles initiatives », précise-t-il. « A travers le projet ‘AB Salon’, nous offrons des spectacles gratuits, qui attirent un tout autre public. C’est quelque chose que nous devons faire, et ce serait dommage de devoir supprimer cela ». 

« Je crois que nous serons assez créatifs pour faire en sorte que le public ne ressentira pas grand chose. Mais à plus long terme, si la situation perdure, on devra couper dans notre offre, et les gens vont alors clairement le constater », commente de son côté Roel Leemans. 

La nécessité d’un signal

« Un signal doit à présent être lancé par le secteur culturel », ajoute encore Michael De Cock. « Si on veut que l’art excelle, il faut faire en sorte d’investir et de soutenir la qualité. Nous l’offrons déjà, mais pour pouvoir travailler, nous avons besoin de moyens. J’espère qu’une vision arrivera rapidement, tout comme une perspective d’avenir ». 

Le ministre flamand du Budget « choqué »

Invité lundi matin à s’exprimer sur les ondes de Radio 1 (VRT), le ministre flamand du Budget a défendu les mesures d’économies adoptées par le ministre-président et ministre flamand de la Culture, Jan Jambon (N-VA). 

« Je suis convaincu que les Flamands comprennent que nous ne pouvons plus dépenser plus d’argent que l’on en perçoit », a commenté Matthias Diependaele. « Nous avons cherché de l’argent dans tous les domaines de gestion, afin de faire des choix très clairs. Je trouve choquant d’entendre de la part du secteur culturel qu’on ne peut pas le faire chez eux », a-t-il encore déclaré.

Ce mardi, les différents acteurs culturels se rassemblent au Beursschouwburg de Bruxelles dans le cadre d’une réunion d’action. Ensemble, ils auront pour objectif de réfléchir aux démarches à suivre pour remédier à la situation. 

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