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15·12·15

Climat: la Belgique pourrait rater le train

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(cc) Meriol Lehmann

Stijn Vercruysse
Auteur⸱e
Traducteur Andre Verkaeren

La COP21 a accouché d’un accord. Pour autant, le sommet de Paris a-t-il changé la face du monde ?

Stijn Vercruysse est journaliste pour les affaires étrangères chez VRT Nieuws et suit notamment la politique de l’environnement.

C’est fait. Dès le 22 avril de l’année prochaine, un document d’une trentaine de pages – l’Accord de Paris – sera ouvert à la signature au siège new-yorkais des Nations unies. Ce document est le plus important depuis des années. Le premier traité climatique digne de ce nom depuis Kyoto. Le premier vrai traité climatique de tous les temps auquel adhèrent la totalité des 195 pays et l’Union européenne.

Voilà qui est improbable. Tous les pays se sont rangés derrière l’accord. Les Etats insulaires de faible altitude comme les pays industrialisés, les pays touchés année après années par les sécheresses et les famines comme les pays producteurs de pétrole, les pays en croissance comme ceux dont la population est majoritairement climatosceptique… Pour que l’accord entre en vigueur, il faudra que 55 pays le signent et le ratifient.

L’Accord de Paris devra donc être transposé aussi dans la législation belge. A l’instar des autres pays, obligation nous est faite d’introduire, tous les 5 ans, un plan climat nouveau et plus ambitieux, mentionnant la quantité supplémentaire de CO2 que nous n’émettrons pas et les moyens utilisés pour y parvenir. Et force nous sera de réaliser ces objectifs. Sinon… C’est vrai ça d’ailleurs, sinon quoi ? J’y reviens.

La fin des combustibles fossiles

D’abord, ce Plan Climat. L’Europe l’a déposé pour nous. Il précise que l’UE émettra au moins 40 % de CO2 de moins qu’en 1990 d’ici 2030. Soit un doublement de l’effort à consentir pour 2020. Et le président français, François Hollande, a clairement laissé entendre que si ça ne tenait qu’à lui l’Europe pouvait placer la barre encore plus haut.

La Belgique, donc, n’aura guère d’autre choix que de doubler son effort comme tout le monde. Et comme nos 4 ministres du climat ont eu besoin de 6 ans pour dégager un accord jusqu’à 2020, autant dire que ça promet pour la période allant jusqu’à 2030. Certains se demandent d’ores et déjà s’il sera vraiment possible d’atteindre, ne fût-ce que dans les grandes lignes, l’objectif de 2020 relatif aux énergies renouvelables. Autrement dit, 2030 risque de ne pas être ce qu’on appelle une sinécure. D’autant plus que nos gouvernements ne sont pas spécialement clairs quant à leur ambition.

Lors du sommet climatique, les Français ont annoncé une diminution supplémentaire de leurs émissions, les pays africains ont conclu des « méga-deals » sur les énergies renouvelables, le Royaume-Uni a réfléchi au moment où il serait possible de parvenir à des émissions « zéro », l’Allemagne a jeté sur la table quelques milliards de plus pour l’aide climatique. Tous ont voulu signifier à la face du monde que, cette fois, c’est le début de la fin pour les combustibles fossiles. Et que les investisseurs seront mieux inspirés de placer leurs œufs dans les renouvelables.

Et la Belgique dans tout ça…

La Belgique ? Le premier jour du sommet, elle annonçait la prolongation de ses centrales nucléaires… Pas vraiment de quoi pousser les investisseurs vers les énergies renouvelables. La politique belge en matière de véhicules de société est en contradiction totale avec la nécessité de diminuer les émissions causées par les transports. Quant à faire des économies dans les transports publics, voilà qui n’est pas le meilleur moyen d’en stimuler l’utilisation.

Bref, la Belgique pourrait bien rater le train. Car il ne faut pas s’y tromper, un train vient vraiment de s’ébranler dans la capitale française. Les compagnies d’assurance et les grands investisseurs ont annoncé qu’ils retiraient leurs billes du secteur des combustibles fossiles, les actions des sociétés charbonnières ne cessent de perdre de leur valeur, les énergies renouvelables viennent de recevoir à Paris un formidable coup de fouet et nombreux sont les responsables politiques à être convaincus que c’est dans cette direction qu’il faut s’engager. Nous allons devoir procéder à la refonte totale de notre économie, et vite encore bien, si nous voulons rester sous les 2, voire les 1,5 degrés.

Des sanctions ?

Et quid en cas de non-respect des obligations inscrites dans l’Accord de Paris ? Rien qui ressemble à une véritable sanction. C’est le corollaire des accords internationaux contraignants. En revanche, l’étoile internationale des contrevenants pâlira à tous égards car il y a obligation de rendre ses résultats publics. L’occasion de se voir décerner des prix comme le « Fossile du Jour » ?

Stijn Vercruysse pour deredactie.be
Traduit du néerlandais par André Verkaeren

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