« L’objectif n’est pas de s’épuiser, mais rester actif constitue la meilleure préparation possible à une opération. »
La nouvelle est tombée comme une bombe ce week-end : Arno, le rock and roll personnifié, est atteint d’un cancer du pancréas. Le plus remarquable, dans son témoignage, c’est qu’il a continué à se produire en concert malgré sa chimiothérapie. « Jusqu’à la veille du premier concert, je me suis promené avec un tuyau du cou à la taille. Et tout s’est bien passé », raconte le chanteur.
« Je n’en reviens pas. Chapeau, Arno ! », réagit Dirk Ysebaert, chirurgien pancréatologue à l’UZ d’Anvers. « La chimiothérapie consécutive au diagnostic d’un cancer du pancréas est tellement lourde qu’elle essouffle littéralement 90 pour cent des patients. Arno a simplement de la chance. Ceux qui n’arrivent pas à rester actifs après un tel traitement ne sont en rien des mauviettes. »
Marathon
Dr Ysebaert souligne que c’est une bonne idée de continuer à travailler, du moins si c’est possible. « Travailler, certes, mais dans la mesure de vos possibilités, avec un temps de repos suffisant. Le but n’est pas de s’épuiser avant une opération, même si rester actif demeure la meilleure des préparations. Je dis souvent à mes patients que dans le cas d’un cancer, le rétablissement postopératoire revient, en termes d’efforts, à parcourir un marathon.
Par conséquent, il n’est pas mauvais de s’entraîner, dans la mesure du possible, avant une opération. Et continuer de travailler peut faire partie de l’entraînement. Mieux on se prépare au début du traitement, plus rapide sera la revalidation. Bien entendu, tout le monde n’en a pas les capacités physiques, bien au contraire. Quand j’analyse tous les cas de cancer, j’évalue à seulement deux sur dix la proportion de patients qui parviennent à continuer de travailler pendant la première année, qui est la plus pénible. »
L’importance du mental
Rester actif quand on souffre du cancer entraîne également des répercussions sur le mental, explique Elke Van Hoof, psychologue clinique en charge, entre autres, de l’accompagnement de personnes atteintes du cancer. « Il est toujours bon de pouvoir poursuivre ses activités habituelles. La routine rassure l’être humain. En effet, d’un point de vue émotionnel, on se sent mieux dans sa peau quand on fait ce qu’on a l’habitude de faire. »
« Bien sûr, tout cela dépend de la forme physique de chacun, précise Dr Van Hoof. L’équilibre est difficile à trouver entre ce qu’on est capable de faire quand on est atteint d’une maladie et ce qui permet de progresser psychologiquement. Ce qui est certain, c’est que l’entourage, la famille et les amis ont un grand rôle à jouer dans la création du sentiment de chaleur nécessaire au patient pour poursuivre, tant que faire se peut, ses activités normales. »
Le degré d’acceptation du diagnostic joue aussi un rôle important. « J’ai presque directement accepté la maladie », confie Arno. Ceci dit, cette aptitude varie aussi d’une personne à l’autre. « Ceux qui acceptent facilement la maladie seront davantage enclins à poursuivre leurs activités habituelles que ceux qui adoptent une attitude de déni par rapport à leur maladie, poursuit Mme Van Hoof. Le corps humain dispose de toute une série de mécanismes pour lutter face aux contretemps. Il est important de rester à leur écoute. »