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15·11·16

Michel se range du côté de la N-VA et isole un peu plus le CD&V

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(c) Facebook/Charles Michel

Ludovic Pierard
Traducteur⸱trice Ludovic Pierard

Alors qu’il joue habituellement le rôle de conciliateur au sein de son gouvernement, baptisé en Flandre le «kibbelkabinet» ou «cabinet de la zizanie», c’est Charles Michel en personne qui a fait bondir hier le CD&V. Dans l’émission politique De Zevende Dag, le Premier ministre a démenti toute intention de la part de son équipe de lier l’impôt des sociétés à l’introduction d’une taxe touchant les plus-values réalisées sur les actions. «Il n’existe aucune corrélation politique entre les deux», a-t-il affirmé. «C’est peut-être le cas aux yeux d’un parti, mais en ma qualité de Premier ministre, je parle au nom des quatre partenaires.»

Par cette déclaration, le chef du gouvernement a donné l’impression de se ranger du côté de la N-VA. Depuis que ces deux dossiers, ainsi qu’une « nouvelle loi Cooreman-De Clerq » (une proposition visant à injecter l’épargne dans l’économie, NDLR), ont été renvoyés aux calendes grecques faute de consensus, la discussion ne s’est jamais vraiment éteinte pour finalement resurgir. Les ténors du plus grand parti flamand de la coalition ont déclaré plusieurs fois ces dernières semaines qu’ils ne voient aucun intérêt dans la proposition du CD&V, et encore moins dans sa liaison à la baisse de l’impôt des sociétés.

Le président de la N-VA, Bart de Wever, a lancé un premier coup de semonce il y a deux semaines en affirmant que «cette proposition a été complètement descendue en flammes par tous les experts», tandis que le ministre des Finances, Johan Van Overtveldt, n’en pipait mot dans sa déclaration de politique et que le vice-premier ministre Jan Jambon enfonçait le clou dans De Tijd.

Ces coups de griffe ont eu le don d’énerver le CD&V, qui espérait que le « Premier ministre rappelle régulièrement à tout un chacun les accords conclus. »

« Il lui revient de maintenir le sang-froid et l’équilibre au sein de son équipe », entend-on dans les couloirs du parti orange. Le sentiment qu’il ne l’a pas fait ou ne le fait pas expressément suscite un certain dépit. Le vice-premier ministre CD&V, Kris Peeters, renvoie subtilement à la déclaration gouvernementale du 16 octobre, dans laquelle Charles Michel couplait bel et bien ces deux dossiers en affirmant que « nous étudierons des propositions visant à concilier efficacité économique et justice fiscale ». Kris Peeters : « Le Premier ministre a été absent un moment (il s’est entre autres rendu en Chine, NDLR). ­Nous en discuterons la semaine prochaine. »

« Pas de corrélation, pas de signature »

Eric Van Rompuy (CD&V), parlementaire et président de la commission des Finances, ne mâche pas ses mots. Il n’est un secret pour personne, dit-il, que le CD&V est isolé dans le dossier de la taxe­ sur les plus-values. Mais bien que des accords aient été conclus, « on » met vraiment tout en œuvre pour torpiller cette proposition.

Sur son blogue, il lançait déjà hier quelques piques bien senties à la N-VA en faisant feu de tout bois, dont la position du parti nationaliste en matière de fiscalité. « Le CD&V est partisan d’une baisse de l’impôt des sociétés à condition que son financement soit budgétairement neutre. Visiblement, la discipline budgétaire est le cadet des soucis de la N-VA dans ses manœuvres pour réaliser ses promesses fiscales. Pour les charges, on verra plus tard. C’est typique des populistes. »

« Les dossiers doivent être liés », ajoute-t-il dans un entretien avec De Standaard, « car toute baisse de l’impôt des sociétés entraîne une hausse des bénéfices des entreprises. Tant qu’elles les investissent dans la création d’activités et de jobs, leur taux d’imposition peut être faible. Mais à partir du moment où elles vendent leurs actions, elles doivent être taxées davantage. C’est ce qu’on appelle la justice fiscale, et c’est ce que nous visons. »

Le CD&V est tout à fait prêt à discuter des modalités concrètes, telles que le plafond appliqué, poursuit encore Eric Van Rompuy. « Mais nous exigeons que ce débat soit mené. Si le Premier ministre souhaite réformer l’impôt des sociétés sans taxe sur les plus-values ou tout autre mécanisme de justice similaire, le CD&V dira non. C’est inacceptable pour nous, et il le sait. Charles Michel essaie de ménager la chèvre et le chou, mais il doit à un certain moment prendre ses responsabilités. »

Le parlementaire CD&V ne croit pas que les brûlots fiscaux déboucheront sur un consensus cette année encore.

Son président, Wouter Beke, rappelle également la déclaration gouvernementale de la mi-octobre. Selon son porte-parole, Steffen Van Roosbroeck, il a été très clairement convenu que ces « deux questions seraient traitées ensemble. » Les chrétiens-démocrates veulent tordre le cou à l’idée qu’il s’agirait d’une « corrélation purement politique », car sur le plan du contenu, ce couplage est la « logique même », affirment-ils.

Le parti espère que c’est bel et bien là ce que Charles Michel entendait lorsqu’il a ajouté, tout en restant vague, qu’il est ­« crucial » que toute baisse de l’impôt des sociétés s’inscrive « dans une logique de plus de justice fiscale ».

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