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COP26 : la Flandre ira-t-elle à Glasgow la queue entre les jambes ?
29·10·21

COP26 : la Flandre ira-t-elle à Glasgow la queue entre les jambes ?

La Flandre a pris du retard sur la réalisation de son objectif climatique 2030. Le gouvernement Jambon Ier osera-t-il vraiment s’attaquer de front au réchauffement climatique ? Nous le saurons bientôt.

Temps de lecture : 4 minutes Crédit photo :

Michael Schwarzenberger via Pixabay

À la veille des vacances d’été, la ministre flamande de l’Environnement Zuhal Demir (N-VA), chargée de la coordination de la politique climatique, a demandé à ses collègues d’établir, chacun dans son domaine de compétences, une liste de secteurs où il pourrait engranger des progrès environnementaux. La Flandre doit se lancer dans une course de rattrapage si elle veut atteindre son objectif climatique 2030.

Depuis peu, l’Europe demande à la Belgique de réduire de 47 % ses émissions d’ici 2030 (par comparaison à 2005). Cet objectif climatique s’inscrit dans le Green Deal, cet ambitieux plan visant à faire de l’Europe le premier continent climatiquement neutre au monde d’ici 2050. Les usines, les centrales électriques, les voitures, les maisons et les vaches, ensemble, ne pourront plus produire de volumes d’émissions supérieurs à ce que la nature est capable d’absorber.

L’actuel plan climatique flamand vise une réduction de 35 % de ses émissions nuisibles d’ici 2030. Concrètement, pourtant, la politique actuelle risque de ne valoir à la Flandre qu’une réduction de 32% ; la mouvance écologiste doute même de parvenir à ce résultat. La Flandre, la plus vaste et la plus prospère des régions du pays, doit donc réviser à la hausse ses ambitions climatiques.

Le gouvernement Jambon débat depuis un bon moment d’une extension du plan climatique flamand ; les principaux ministres régionaux devraient se réunir vendredi pour trancher la question. Deux jours plus tard, à Glasgow (Écosse), commencera la très attendue 26e conférence des Nations Unies sur le climat. La ministre Demir s’y rendra le 6 novembre pour représenter la Flandre.

La Flandre (…) doit donc réviser à la hausse ses ambitions climatiques.

On ignore encore ce qu’il y a exactement sur la table de négociation. « Les propositions ne sont pas encore finalisées, et personne ne laisse encore voir dans son jeu », selon une source gouvernementale flamande. Une chose est sûre : si la Flandre, par crainte d’un retour de manivelle social, s’abstient encore longtemps de prendre de mesures environnementales énergiques, elle ne pourra même pas rêver d’approcher son objectif climatique d’ici 2030. Le plan climat flamand mise entre autres sur le développement du chauffage urbain (les « réseaux de chaleur »), sur l’abandon progressif des (très polluantes) chaudières à mazout, sur l’isolation obligatoire des bâtiments industriels, et sur la conclusion d’un pacte climat avec l’industrie.

Climat : une urgence qu’il est temps d’apprécier à sa juste valeur

 

La vérité, c’est que depuis des années, la Flandre peine à réduire les émissions dans les domaines du transport (pollution des voitures et des camions), de l’immobilier (émissions dues au chauffage au mazout et au gaz) et de l’agriculture (notamment les émissions provenant du bétail et du chauffage des serres). Ces trois domaines représentent les trois quarts des émissions de la Flandre. Les secteurs de l’industrie et de l’énergie sont soumis à la réglementation européenne.

La taxe kilométrique intelligente

Que faire, alors ? Aujourd’hui, le gouvernement Jambon I est presque contraint d’envisager des mesures draconiennes, comme une obligation de rénovation des habitations, une taxe kilométrique intelligente, et l’élimination rapide de chaudières polluantes, au gaz ou au mazout. Il s’agit là de trois propositions soutenues tant par les employeurs que par les syndicats flamands dans leur recommandation à la ministre Demir. Mais les partis de centre-droit du gouvernement Jambon I franchiront-ils le Rubicon vendredi ? Bien malin qui oserait se risquer à le prédire. S’ils le font, ce ne sera pas sans moult hésitations.

Selon un scientifique réputé, conseiller de la Région flamande en matière de politique climatique : « Tous les partis savent qu’il faut agir. Mais le feront-ils ? C’est toute la question. La tension est palpable. » Chaque parti de la coalition a ses propres tabous. Ainsi, la N-VA refuse d’encore entendre parler de taxation kilométrique intelligente. Au cours de la législature précédente, le ministre de la Mobilité Ben Weyts (N-VA), avait été contraint d’annuler son projet sous la pression de l’extrême droite. Souvenez-vous de la campagne menée contre lui à grands renforts d’autocollants appelant à annuler cette mesure. Aujourd’hui, adhérer à l’idée d’une taxe kilométrique poserait à la N-VA un vrai problème. Le CD&V, quant à lui, s’inquiète de tout ce qui toucherait au monde agricole : l’influence du Boerenbond est toujours bien présente.

Hilde Crevits (ministre de l’Agriculture, CD&V) sait que ce gouvernement devra se pencher avant la fin de l’année sur le durcissement des normes relatives à l’azote, avec tout ce que cela signifie pour les agriculteurs. On a bien vu, aux Pays-Bas, tout l’enjeu de ce dossier : le parti chrétien-démocrate CDA, traditionnellement champion de la cause agricole, y a perdu la quasi-totalité de son électorat paysan.

L’Open Vld vit très mal l’idée d’imposer une obligation de rénovation des logements, mesure tout à fait contraire à l’esprit de liberté qui souffle chez les bleus. En 2018, l’ancien ministre de l’Énergie Bart Tommelein (Open Vld) avait préparé un projet imposant à tout acquéreur d’un logement trois mesures d’isolation, à choisir parmi une liste imposée de six. Lors de la formation du gouvernement Jambon I, ce projet n’a pas été retenu. Et puis, il y a l’aménagement du territoire, qui reste également un point sensible pour l’Open Vld. C’est pourtant ce que Zuhal Demir veut pousser avec son projet Blue Deal, censé mieux protéger la Flandre contre les inondations et les épisodes de sécheresse : c’est un domaine où cette étoile montante de la N-VA veut justement engager davantage de fonds.

Il est très possible qu’aucun partenaire de la coalition ne cède le moindre pouce de terrain, et que Jambon Ier se contente d’un statu quo climatique. Ce serait malheureux, car alors, en 2024, ce gouvernement se retirerait après avoir perdu, sans agir, un tiers du temps qui nous sépare de 2030. Autant dire que le pari serait d’autant plus difficile à réussir.

Dans sa déclaration du mois de septembre, le ministre-président Jan Jambon (N-VA) a fait une promesse : « La Flandre honorera ses obligations de réduction de ses émissions. Le mieux possible, en prenant des mesures réalistes, et mûrement réfléchies. » Nous saurons très vite s’il compte tenir sa promesse.

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