David a lu : Viens ici que je t’embrasse, de Griet Op de Beeck
Mona est spectatrice de sa propre existence. Elle est installée à côté de moi et me lit, à voix haute, l’histoire de sa vie, façonnée par une enfance tragique, rampe de lancement difficile pour une adulte fragilisée. Ses épaules portent toute la culpabilité du monde. Elle doit se battre pour défendre son individualité et oser faire des choix.
Viens ici que je t’embrasse est un roman profondément tendre et humain qui suit Mona sur trois décennies. L’écriture joue sur la perspective de la narration, ainsi Mona parle comme une enfant en première partie du livre, puis comme une adulte. Les fans d’introspection et de psychologie apprécieront.
Griet Op de Beeck, Viens ici que je t’embrasse, Editions Héloïse d’Ormesson, 2018 . Traduit du néerlandais par Isabelle Rosselin.
Titre original : Kom hier dat ik kus u (2014)
Ariane a lu : Le cœur converti, de Stefan Hertmans
Issue d’une famille noble normande, Vigdis a 17 ans lorsqu’elle croise le chemin de David, fils du grand rabbin de Narbonne. Au péril de sa vie, elle tombe amoureuse et se convertit, devient Hamoutal. Stefan Hertmans, l’auteur, lui, nous entraîne alors dans une double quête. Celle d’une jeune femme condamnée par son époque. Celle d’un auteur happé par le passé tumultueux des communautés juives de France.
Hertmans reconstitue au fil des pages une minutieuse enquête archéologique, où réalité et fiction s’entremêlent. Il rend ainsi hommage à une jeune femme qui n’aurait jamais même rêvé nous atteindre. Certainement pas par sa fronde et son acharnement à survivre. Dans sa traduction, l’écriture d’Hertmans réussit à nous faire toucher les aspérités des pierres de cette petite rue aux juifs, de la synagogue, de la yeshiva. A nous faire sentir le souffle de vie de Vigdis Hamoutal.
Stefan Hertmans, Le cœur converti, Gallimard, 2018. Traduit du néerlandais par Isabelle Rosselin
Titre original : De bekeerlinge (2016)
Aubry a lu : La merditude des choses, de Dimitri Verhulst
Ce livre pue l’alcool, le tabac froid, la marginalité… Cela paraît tellement authentique. La Merditude des choses conte l’histoire de la famille Strobbe. La grand-mère héberge ses fils et son petit-fils, Gunther, le narrateur. Ils vivent toujours chez leur mère parce qu’ils ne savent pas où aller ou parce que leur femme les a quittés. On voit les ravages de l’alcoolisme sur une famille qui vit dans la précarité. Mais le tragique se transforme souvent en comique. Le dialecte, les blagues crues et la désinvolture avec laquelle ce roman est raconté rendent le tout particulièrement savoureux.
Pour les plus fainéants, le réalisateur Felix Van Groeningen a aussi produit un très bon film éponyme. Ou vous pouvez d’abord lire le livre et puis le comparer avec le film!
Dimitri Verhulst, La Merditude des choses, Editions Denoël, 2008. Traduit du néerlandais par Danielle Losman.
Titre original : De helaasheid der dingen (2006)
Jonathan a lu : Zinc, de David Van Reybrouck
David Van Reybrouck, l’historien, le journaliste, l’homme de théâtre, l’archéologue, le militant de la participation citoyenne, l’écrivain et… soutien inconditionnel de DaarDaar, nous livre une histoire complètement méconnue : celle du Moresnet Neutre.
Après avoir été révélé au public international grâce au best-seller « Congo, une histoire » retraçant l’histoire de l’ex-colonie belge sur 90.000 ans de la préhistoire jusqu’à nos jours, l’auteur nous emmène à la rencontre d’un minuscule territoire, autrefois indépendant et aujourd’hui belge. Zinc aborde la grande histoire à travers la narration de la petite, celle à hauteur d’hommes et de femmes. À travers le récit de vie d’Emil Rixen. Cet homme ordinaire changera cinq fois de nationalité sans pour autant traverser la frontière. Cet ouvrage constitue une envoûtante réflexion sur l’identité à la fois motrice de l’existence, individuellement et collectivement, à la fois destructrice quand elle enferme les hommes et les femmes dans un carcan trop serré.
David Van Reybrouck, Zinc, Actes Sud, 2016. Traduit du néerlandais par Philippe Noble.
Titre original : Zinc (2016)
Adrienne a lu : Guerre et Térébenthine, de Stefan Hertmans
C’est un roman qu’on ne présente presque plus. Un livre très touchant sur la population gantoise paupérisée du début du XXe siècle, sur les atrocités de la guerre et sur la transmission de la mémoire familiale. Le sens de l’héritage est ici questionné et creusé et touche le lecteur en plein cœur. Grâce à un accueil critique exceptionnel, ce livre a déjà connu une quinzaine de traduction et a aussi été adapté récemment pour le théâtre.
Stefan Hertmans, Guerre et Térébenthine, Gallimard, 2015. Traduit du néerlandais par Isabelle Rosselin.
Titre original : Oorlog en Terpentijn (2013)
Charlotte et Joyce ont lu: Débâcle, de Lize Spit
Avec « Débâcle », Lize Spit s’est imposée comme l’une des jeunes révélations de la littérature flamande de ces dernières années. L’auteure aborde avec noirceur les thèmes de l’adolescence, de l’amitié et des tabous familiaux, et nous plonge dans l’ambiance particulière – peu connue des francophones – de la campagne flamande des années 90. L’intrigue, construite à travers deux narrations (passé-présent), engendre parfois un sourire tendre, souvent un malaise profond. Le récit dévoile au compte-goutte les éléments qui mèneront le lecteur à comprendre le titre original du livre: « Het Smelt », qui signifie « ça fond »..
Lize Spit, Débâcle, Actes Sud, 2018 . Traduit du néerlandais par Emmanuelle Tardif.
Titre original : Het smelt (2016)