West Vlaanderen, la Flandre-Occidentale. Une province de paysans avec des champs à perte de vue. À l’horizon, la mer. C’est dans cette province rurale que le Vlaams Belang a enregistré sa plus grande percée lors des élections fédérales de mai 2019. De 4,7 % en 2014, le parti de Tom Van Grieken est passé à 20,4% en 2019.
C’est donc l’endroit idéal pour partir à la rencontre des électeurs du Vlaams Belang pour comprendre pourquoi ils votent pour ce parti d’extrême droite.
« Je ne sais pas pourquoi je vote Vlaams Belang »
Assis à sa place habituelle, Gilbert, 78 ans, boit une bière sans alcool dans le café Boskant, à Houthulst. C’est la commune qui détient le record de cette province rurale avec plus de 30 % d’électeurs Vlaams Belang.
Gilbert est l’un d’entre eux. Pourquoi vote-t-il pour ce parti ? « Je ne sais pas. À force, tu ne sais plus pour qui tu votes. » Il aimerait que tout redevienne comme avant : « Avant, tout le monde se connaissait. Maintenant, on connaît juste les gens de vue. »
Jan Antonissen, auteur du livre De Ontfatsoenlijken, pointe deux éléments qui expliquent pourquoi certains votent pour le Vlaams Belang : l’inégalité et l’identité. « La différence entre les gens devient de plus en plus grande. De plus en plus de personnes se sentent exclus de la société. Ils ne se sentent plus chez eux et trahis par les partis traditionnels. »
Pour Greta, éleveuse de cochons près d’Ypres, les dirigeants politiques sont des « zakenvullers » : ils se remplissent les poches. Elle préfère labourer son champ plutôt que d’aller voter : « La politique ne m’intéresse pas, les dirigeants ne sont pas à la hauteur. »
Bataille perdue
Depuis des générations, les responsables politiques flamands tentent de résoudre le problème de l’extrême droite, raconte Liesbeth Van Impe, rédactrice en chef du Nieuwsblad : « Bart a De Wever a toujours dit que son ambition était d’annihiler le Vlaams Belang. Il avait presque réussi. Et puis il les a ressuscités avec le pacte de Marrakech. »
Pendant l’été 2009, la N-VA a négocié deux mois durant avec le Vlaams Belang à l’issue des élections régionales. Certains membres influents comme Jan Jambon ou Theo Francken se sont prononcés en faveur d’une alliance avec le parti de Tom Van Grieken, ce qui aurait signifié la rupture du cordon sanitaire si cela arrivait.
Pour Klaas, pizzaiolo ambulant, il faut que tous les partis, Vlaams Belang inclus, trouvent un compromis : « Ils doivent travailler ensemble et ne pas se mettre des bâtons dans les roues. Ils ne doivent pas penser qu’à eux. De toute façon, ils ne pourront pas mettre en œuvre tout ce qu’ils promettent. Ils pourront améliorer un peu les choses, mais ils ne pourront jamais faire ce qu’ils veulent. »
« Fuck Vlaams Belang »
À côté du marché de Langemark-Poelkapelle, Lars fait une pause avant de faire du porte-à-porte pour convaincre les citoyens de donner à une organisation de charité. Même s’il n’a que 16 ans, il a déjà un avis bien tranché sur la politique : « J’ai un principe et c’est : « Fuck Vlaams Belang », je trouve que les gens déconnent avant votant pour ce parti. »
Avant de nuancer : « Tous les électeurs du Vlaams Belang ne sont pas obligatoirement racistes, mais les opinions pour lesquelles ils votent sont souvent racistes. »
Selon lui, tout le monde doit recevoir les mêmes chances : « Tout est le monde est sur un pied d’égalité. Noir, blanc, jaune, brun, bleu… Peu importe ta couleur de peau. Ce qui m’importe, c’est ce que tu es au fond de toi et comment tu contribues à la société. »
Ces histoires vous intriguent ? Retrouvez-en plein d’autres dans le premier épisode de Dring Dring, le podcast de DaarDaar qui vous fait découvrir la Flandre à vélo. Vous découvrirez notamment l’histoire incroyable du château de Beauvoorde et comprendrez pourquoi les bières de West-Vleteren et de Sint-Bernardus se ressemblent.
Bonus
Retrouvez les magnifiques photos de Jef Van den Bossche et notre parcours grâce à cette carte interactive :
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