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17·05·17

L’université, une institution de blancs où règne la ségrégation

Temps de lecture : 2 minutes

Les changements que nous envisageons d’ici 2030 (pension à 67 ans, réduction de 40 pour cent des émissions de CO2, 50 pour cent de voitures électriques) sont le fruit de notre volonté. Il nous faut en effet transformer notre société en termes d’énergie, de mobilité et d’adaptation au vieillissement de la population, sous peine de nous retrouver un jour dans une impasse. Mais en ce qui concerne le changement le plus profond dans notre société – l’évolution de la population – nous n’avons aucun projet social d’envergure. Trois élèves de maternelle sur quatre à Anvers sont pourtant issus de l’immigration. Vers 2030, ils auront l’âge d’entrer à l’université. Que comptons-nous faire ? Exploiter cet énorme potentiel ou bien poursuivre sur la voie de la ségrégation ?

L’accès à l’université est bien plus important qu’on le croit, car un diplôme permet également de définir la classe sociale à laquelle on appartient. Il définit aussi le niveau de vie et augmente de deux décennies le nombre d’années de vie en bonne santé. Pour la société, cela signifie enfin la coloration de bastions du monde intellectuel : la gestion d’entreprises, les arts, la recherche, l’enseignement, l’administration, la justice, la médecine, le journalisme, les ONG… En d’autres termes : cette classe sociale qui dirige la société et qui est restée presque exclusivement blanche.

Les universités échouent lorsqu’elles tentent d’attirer les étudiants issus de l’immigration. Comme le dit le nouveau recteur de la KUL, Luc Sels : « Il est consternant de remarquer que l’université n’est pas le reflet de la société. » Le manque de diversité à l’université a été un des thèmes de campagne lors des élections rectorales, mais même à Gand, les petites affaires internes ont suscité davantage d’intérêt. Il va sans dire que l’enjeu dépasse le pouvoir des universités même. Depuis trois décennies, leur moteur à démocratisation est en panne. Il n’en sort que très peu de jeunes issus de classes sociales moins favorisées. Pour peu qu’ils soient également issus de l’immigration, le handicap devient trop lourd. Comme le démontre une étude de l’Université d’Anvers, l’université est une citadelle occupée par l’intelligentsia de la classe moyenne blanche, à commencer par les étudiants, et cela se voit directement dans les résultats de l’étude. Au milieu de villes dont les blancs ne forment pas la majorité, cette ségrégation est tout simplement insupportable.

Pourtant, ce ne sont pas les idées qui manquent : mettre en avant des modèles de réussite issus de l’immigration, organiser des cours de langues supplémentaires, offrir un accompagnement personnalisé, servir des repas halal… Mais tout cela manque d’actions à plus grande échelle. Il nous manque cette volonté réelle d’ouvrir l’université à plus de diversité. C’est à nous, le monde intellectuel, de mettre sur pied un plan collectif de grande envergure. Pas par bienveillance paternaliste, non, mais comme nous l’avons fait pour le CO2 et les pensions, simplement par réalisme.

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