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18·04·16

Syndicalisme en Flandre: une étude aux résultats suprenants

Temps de lecture : 4 minutes Crédit photo :

(c) ACV

La nouvelle a de quoi surprendre : les Flamands ont une image assez positive des syndicats, même si ces derniers la doivent surtout aux services qu’ils fournissent aux travailleurs, comme le paiement des allocations de chômage. La grève est également tolérée, à condition qu’elle reste dans des limites raisonnables. Telles sont les principales conclusions d’une étude présentée lors de l’émission économique « De Vrije Markt », diffusée sur la chaîne publique flamande Één.

C’est un peu l’histoire du « je t’aime moi non plus ». Les Flamands sont loin d’être animés par une passion dévorante pour les syndicats, mais ils les considèrent néanmoins comme d’importants défenseurs de leurs intérêts. Cette étude de grande envergure menée sur le rôle et la position des syndicats par la KU Leuven, l’Université catholique néerlandophone de Louvain, nous donne ainsi une image contrastée de l’opinion générale de la Flandre. Si les Flamands sont plus sceptiques que leurs homologues francophones quant à l’utilité des syndicats, ils restent majoritairement en faveur du droit de grève.

Ce type d’étude sur le rôle et l’image des syndicats au sein de la population présente un intérêt tout particulier dans notre pays, où le « taux de syndicalisation » (le pourcentage de la population syndiquée) reste très élevé comparativement à d’autres pays. En effet, des quelque 1100 personnes interrogées par l’équipe du Professeur Marc Swyngedouw, 39 % adhèrent à un syndicat. Et chez les francophones, ce taux s’élève même à 42 %. Dans nos pays voisins, cette proportion est bien inférieure. Aux Pays-Bas, à peine 20 % de la population active est syndiquée, et malgré les actions syndicales souvent musclées et militantes que nous donnent à voir les médias de l’Hexagone, à peine 8 pour cent des travailleurs sont syndiqués en France.

Prestation de services

Ce taux de syndicalisation est en grande partie dû aux services fournis par les organisations syndicales en Belgique, dont le versement des allocations de chômage. 42 % des Flamands estiment aussi que l’action syndicale leur est bénéfique. Au total, 73 % des personnes interrogées (au cours de la période postérieure aux élections législatives de 2014) affirment que ces prestations de services constituent leur principal motif d’adhésion. Notons que ce chiffre est exactement identique en Belgique francophone. C’est d’ailleurs le seul aspect où les deux communautés de notre pays sont tout à fait sur la même longueur d’onde.

Une image étonnamment positive

Sur toute la ligne, les Wallons ont une image plus positive des syndicats. Par exemple, alors qu’un quart des Flamands reconnaissent l’importance du rôle des syndicats dans la défense des droits sociaux, ce chiffre atteint 81 pour cent en Belgique francophone ! À l’inverse, 43 % des électeurs flamands trouvent que les syndicats ont trop de pouvoir, contre 37 % en Wallonie.

De façon générale, le Prof. Swyngedouw qualifie les résultats de cette grande enquête de « étonnamment positifs » pour les syndicats. Il s’attendait en effet à des résultats beaucoup moins réjouissants. Il est important de noter que le sondage a été organisé juste avant l’annonce par le gouvernement de nouvelles mesures d’économies, et donc avant les actions syndicales et les grèves qui en ont découlé, avec tous leurs désagréments pour la population. Rudy De Leeuw, président du syndicat socialiste flamand ABVV, balaye cet argument d’un revers de la main. Selon lui, l’étude a été menée sur une « période suffisamment longue ». Lors de l’émission « De Vrije Markt », il a surtout insisté sur le fait que les syndicats sont perçus par les Flamands comme une nécessité.

Droit de grève

Le droit de grève doit également être préservé, estime la majorité des personnes interrogées. En Flandre, ils sont 64 % à le penser. En Wallonie, plus militante, ils sont 75 %. 57 % des Flamands sont en outre d’avis qu’un juge n’a pas le droit d’interdire une grève. Un chiffre qui apportera, à n’en pas douter, un certain soulagement du côté des syndicats.

L’étude de Marc Swyngedouw indique aussi que seuls 22 % des Flamands font confiance aux syndicats et qu’une personne sur quatre se méfie fortement des organisations syndicales. 39 % se disent partagés.

Dans l’ensemble, il ressort de l’étude que la majorité des Flamands interrogés (55%) sont « plutôt favorables » à l’action syndicale. Lors de l’émission de la VRT, Egbert Lachaert (Open VLD) a également reconnu appartenir à cette catégorie. Le parlementaire flamand en appelle surtout à davantage d’ouverture de la part des syndicats. L’étude confirme elle aussi que ce groupe « plutôt favorable» reste très dubitatif quant aux modes opératoires des syndicats.

Des avantages

Le groupe majoritaire perçoit donc les syndicats comme un mal nécessaire ou, pour le dire de façon plus neutre, comme une sorte de police d’assurance de luxe contre le licenciement et les problèmes survenant sur le lieu de travail. Les sondés mentionnent aussi d’autres avantages, comme les offres de vacances ou les réductions sur les abonnements.

Il convient quand même de noter que seulement 14 % des personnes interrogées se disent «  très favorables » à l’action syndicale et que près d’une personne sur trois fait partie de la catégorie « défavorable ».

Précisions encore que l’étude a été en partie financée par les syndicats socialiste et libéral. Les organisations syndicales sont en effet très demandeuses de ce type d’enquêtes sur la perception de leur action par la population. Ils étaient d’ailleurs les premiers à craindre le pire ; ce qui explique en partie le caractère étonnant des résultats.

L’action syndicale est nécessaire, mais ne doit pas dépasser les limites ; tel est peut-être le principal enseignement à tirer de cette étude. Seuls 27 % des Flamands interrogés souhaitent en effet un nouveau durcissement de la politique des syndicats : ces derniers doivent certes veiller aux intérêts des travailleurs flamands, mais aussi faire en sorte que le pays ne soit pas paralysé par leur action.

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