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Travailler avec des Wallons : ce que les Flamands doivent savoir
07·07·17

Travailler avec des Wallons : ce que les Flamands doivent savoir

Temps de lecture : 4 minutes Crédit photo :

Photo de krakenimages sur Unsplash

Traducteur⸱trice Thomas Miloradovic

Les uns sont perçus comme des fainéants, les autres comme des travailleurs zélés. Les uns seraient chaleureux, les autres d’éternels râleurs. Personne ne niera que Flamands et Wallons ont leurs particularités. Mais faut-il pour autant en conclure qu’un monde les sépare ? « N’exagérons rien », tempèrent Saskia, Christophe et Pascal. Ils savent de quoi ils parlent.

La bise. Sans aucun doute la différence la plus notable entre Flamands et Wallons sur le lieu de travail. Alors que les Flamands se saluent de loin en arrivant au bureau, les Wallons ont plutôt tendance à commencer la journée en faisant la bise aux collègues (même entre hommes) et à papoter à côté de la machine à café. Un geste qui peut sembler anodin mais qui résume parfaitement les différences entre les deux communautés du pays : les uns donnent la priorité à l’efficacité, les autres à la communication et au contact humain.

Droit au but (ou pas)

« Je le reconnais, j’en tiens compte lorsque que je suis en réunion avec des Wallons », explique Saskia Van Uffelen, CEO d’Ericsson Belux et mariée depuis plus de 25 ans à un Carolo. « Je suis bien consciente que les francophones ne sont pas particulièrement friands de notre style direct. Ils préfèrent qu’on y mette les formes, qu’on respecte une certaine bienséance. En réunion, je veille donc à ne pas être trop directe, tout en veillant à ce qu’ils ne perturbent pas le bon déroulement de la discussion. Car à la moindre occasion,  ils se mettent à bavarder! (rires) »

C’est un avis plus que partagé par Christophe Deborsu, journaliste de RTL namurois connu en Flandre pour son passage dans l’émission De Slimste Mens Ter Wereld. Entre 2012 et 2015, il a travaillé pour l’entreprise télévisuelle Woestijnvis, après avoir présenté une chronique hebdomadaire dans l’émission De Zevende Dag. Ces deux expériences ont changé son regard sur les Flamands. « Je dois reconnaître que pendant mes premiers mois en Flandre, j’ai connu quelques moments douloureux. Les remarques dures de mes collègues flamands m’ont plusieurs fois surpris, voire blessé. Je pensais qu’ils me visaient personnellement mais ce n’est que plus tard que j’ai compris que ce n’était pas du tout leur intention : ils n’ont tout simplement pas l’habitude d’y aller par quatre chemins. » Il estime également que ses années en terre flamande ne lui ont apporté que des choses positives. « Mettre la barre le plus haut possible est une habitude que j’ai acquise grâce à mes collègues flamands. Cette volonté d’exceller coûte que coûte fait désormais partie de moi. En revanche, le revers de la médaille est que je suis encore plus stressé que je ne l’étais déjà ! (rires) »

Pascal Dehenain, originaire du Brabant wallon, se retrouve parfaitement dans l’explication de Christophe. Le directeur commercial et marketing fraîchement élu de BDO, société d’audit, comptabilité et consultance, a grandi à Bruxelles et a travaillé pour plusieurs organisations nationales et internationales. « Il est vrai que, de manière générale, les Wallons sont plus familiers que les Flamands. Ils sont, par exemple, moins pointilleux sur les délais. »

Invitez un Indien et vous verrez…

Pascal Dehenain ne veut pas pour autant exacerber les différences entre le nord et le sud du pays. « Je pense qu’il existe au moins autant de différences à l’intérieur de ces régions qu’entre elles. En effet, un Flamand de la Flandre-Occidentale est différent d’un Flamand de la Flandre-Orientale, tout comme il existe des différences entre un Liégeois et un Carolo. Au quotidien, je dirais même que les Liégeois sont assez semblables aux Anversois. »

Saskia Van Uffelen est du même avis et elle en veut pour preuve une différence culturelle avec les Indiens. « Il vous suffit d’inviter un Indien à une réunion et les différences entre Wallons et Flamands fondront comme neige au soleil. Quand un Indien vous dit qu’il est d’accord, vous ne pouvez jamais savoir avec certitude s’il est sincère. Et ça, c’est une autre paire de manches. »

S’il y a bien une chose sur laquelle tout le monde s’accorde, c’est qu’il vaut mieux embrasser ces différences culturelles plutôt que d’essayer de les faire disparaître. Toutes les organisations ont plus que jamais besoin de cadres qui permettent aux employés de véritablement communiquer entre eux pour comprendre les prismes à travers lesquels leurs collègues voient le monde. « C’est précisément sur ce point que les managers de cette société plurielle doivent se concentrer », conclut Van Uffelen. « Car c’est grâce à un tel état d’esprit que se créent des collaborations fructueuses entre hommes et femmes, entre jeunes et moins jeunes, entre Belges et non-Belges, entre Flamands et Wallons. Les différences deviennent alors des forces. »

Travailler avec des Wallons : les 5 choses que les Flamands doivent savoir

1.En arrivant au bureau, ne vous contentez pas de saluer vos collègues wallons avec un simple « bonjour »; faites-leur la bise et demandez-leur comment s’est passé leur week-end ou leur soirée. À la différence des Flamands, les Wallons attachent énormément d’importance à la socialisation avant de commencer le travail. En principe, vous ne devriez le faire qu’avec vos collègues au même échelon hiérarchique que vous, même s’il peut arriver que votre supérieur vous salue de la sorte.

2. N’imaginez même pas une seconde rester assis à votre bureau pendant votre pause déjeuner pour manger vos tartines en surfant sur le net. Consacrez au moins 30 minutes à faire la causette ; vos collègues wallons y tiennent beaucoup.

3. Ne soyez ni trop bref ni trop direct lorsque vous commentez leur travail. Les Wallons le ressentiraient très vite comme une menace, comme une attaque personnelle. Faites plutôt ressortir le diplomate qui sommeille en vous.

4. Ne tutoyez pas avant d’en avoir reçu l’autorisation. En Flandre, nous avons tendance à jongler entre le tutoiement et le vouvoiement sans trop y prêter attention. En Wallonie, les habitudes sont plus formelles. Dans tous les cas, le vous sera votre meilleure option.

5. N’espérez pas que tout se règle rapidement si vous négociez avec des Wallons. Ils préfèrent que tout ce qui a été convenu soit clairement écrit noir sur blanc et ils veulent aussi connaître tous les conflits qui pourraient potentiellement émerger avant d’apposer leur signature. Pas étonnant que leurs contrats soient souvent plus volumineux que les nôtres.

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